L’éphémère ondule sous les vapeurs des brumes
La lumière change
Insaisissable
Ennemie
La chaleur crée une houle au chemin empierré
Un halo diffus brouille tout à la vue
Campé devant sa toile
Il attend le parfait
A son œil
L’instant fragile où la vision le viendra
Combler
Que l’image réelle
A son tréfonds vienne s’imprimer
Qu’il en soit tréssaillé
Après il faudra
Réinventer le mirage
L’impalpable de l’aube
A jamais embrassée
Le soleil de midi
Et son ombre
Verticale tremblée
Le ponant incendié
De rayon vert, écarlate assemblés
Qui allume aux chaumes
Ces taches mêlées, indigo, violet
Que l’arc en ciel vienne tout iriser
Qu’il poursuive de mémoire
La danse émouvante
D’aurores boréales
Impossibles à créer
Il traque la variation aux lumens éludés
A son regard s’évade
La façade plein soleil
De lisse au bleu-gris glissé
Se sertit de relief enfin dévoilé
Il traque l’invisible
S’attaque au nébuleux
Le monde est empreint de mystère
Opaque à percer
Une vie n’y suffira
Il a choisi le subtil à donner
Saisi l’imperceptible
Son art évanescent fait vibrer
Pour l’argent d’une feuille de tremble
Il se fut damné.
Ce poème évoque magnifiquement pour moi le temps en suspension,
l’attente pour saisir le moment parfait,
celui où le rayon sublime va se poser là,
juste là.
Vibrant. Merci pour cette vibration.
Je sais, je répète des mots du poème (rayon, vibrant,…), mais j’avais commencé à écrire mon commentaire avant d’avoir lu tout le texte (pour ne pas perdre mes impressions premières à la lecture) et j’y retrouve ensuite mes mots… Ceci dit, j’ai du mal associer évanescent et vibrant, mais je comprends bien cette possible cohabitation. Par contre, la “vapeur des brumes” du premier vers ne laisse pas de m’étonner ! Une sorte de crème de la crème ?
P.S. Ce pourrait être Sisley à Louveciennes (pour l’argent d’une feuille de tremble), ou Pissarro, ou un autre encore, ils sont tous passés par là !
Merci Hermano d’avoir su vibrer avec moi.
Oui, ce moment imperceptible, instable où la brume s’installe au gré de la chaleur d’un matin de juin, où créée d’une vapeur évanescente qui monte de la terre tiède, enfiévrée et fébrile, le moment où un rayon de soleil la viendra gentiment frapper, ce moment ou la lumière entrera en vibration.
Où
La lumière change
Insaisissable
Ennemie
La chaleur crée une houle au chemin empierré
Un halo diffus brouille tout à la vue
Il s’agit ici de Monet, qui outre ses paysages magnifiques a su traquer, impressions, soleil levant, les variations, le frisson aux couleurs tremblées de la cathédrale de Chartres.
Merci pour l’explication des vapeurs des brumes 😊.
Oui… Monet…
Et moi qui avais toujours cru qu’il s’agissait de la cathédrale de Rouen !
Oui, tu as raison bien sûr, Rouen.