Au cassé de la rue
Doigts à l’aveugle
Posés
J’ai saisi votre bras
Au poignet
Pour franchir
Le pas
Pour aller au-delà
Dos à dos
Nos deux mains
Jouaient des ballets
Incongrus
Danse d’évidence
De provoque pavane
Caresse satin
Saignée de fraîcheur
Du pouls
Montée au cœur
Vous m’avez prise
Par la main
Paume happée
En menotte feinte
Nous marchions
Inconnus
Côte à côte
Émoi à pleine peau
Pour aller au-delà
D’aventures
Sans lendemain
L’âme poignée
De frissons
Pour franchir le pas
Pour aller…
Vers demain
Doigts ouverts
J’ai lâché…
Votre main
Un poème délicat et émouvant pour moi
ou
comment raconter avec grâce et talent une histoire banale…
(c’est toujours les autres qui paraissent banals, jamais nous-mêmes !)
Être lâché ou lâcher prise, deux événements tout aussi douloureux qui se déroulent généralement en même temps.
Cependant, le premier, se taille la part du lion en attirant la sympathie et la compréhension des autres.
Ici, le narrateur n’est pas celui qui est lâché, mais celui qui desserre la main pour lâcher prise.
Sa douleur est magistralement exprimée dans chaque vers. Cela, tout en pleurant une rivière en silence.
Merci Tanagra pour ce poème que je vais garder dans ma boîte à trésor.
Quel joli poème qui trace en traits courts et élégants le contour d’une aventure restée en devenir…
Cela m’évoque la magnifique chanson de Brassens sur les vers délicats d’Antoine Pol.
Voici en particulier la fin du poème, suivie d’un lien vers l’émouvante interprétation par Brassens (guitare et violon)
Chères images aperçues
Espérances d’un jour déçues
Vous serez dans l’oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu’on se souvienne
Des épisodes du chemin
Mais si l’on a manqué sa vie
On songe avec un peu d’envie
A tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu’on n’osa pas prendre
Aux coeurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu’on n’a jamais revus
Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l’on n’a pas su retenir
J’écoute très souvent cette chanson nostalgique que j’aime vraiment beaucoup… Comme un baume. Les passantes sont si nombreuses… de plus en plus nombreuses.
Mais, dans ce poème, j’ai pensé que l’histoire était allée plus loin qu’un regard croisé dans le compartiment d’un train.
Pour moi, seule la délicatesse du texte aura pu suggérer cela.
Allez, encore un petite louche des “Passantes” ! Tellement bon et tellement vrai !
Je suppose qu’on pourrait aussi chanter “Les passants“, non ?
Oui, faisons chanter un passant… avec un joli bonbon musical au parfum de fancy-fair à la fraise
Je chante un baiser
Je chante un baiser osé
Sur mes lèvres déposé
Par une inconnue que j’ai croisée