C’est une bâtarde
Comme lui
Dédaignée
Pas vraiment belle
Un bouton de rose
A peine éclos
Innocente enfant
Infante fière
Cependant
Dont la face
Rappelle trop celle du père
Il l’a placé de profil
A giorno
Car lui seul
A su voir
A travers
Son caractère
Inflexible
Il lui saisit le menton
Elle résiste
Le défie du regard
Insipide de loin
Orchidée fragile
A qui sait s’approcher…
Las, de ses doigts
Dessinée, une tache marbrée
Vient fleurir cet albâtre
Cette soie taffetée
Où se vient jouer
La lumière capturée
Il s’amuse de son front buté
Bombé parfois de trop sombres pensées
Elle est douce et cassante
Comme verre fileté
Il caresse du doigt
Et la joue et la peau
Duvetée
A laquelle il a choisi
De fixer
Ce teint de poudre
Eau de rose
Oh vite la croquer
Il broie les pigments, les tanins
S’impatiente à trouver
Le fusain, abandonne, opte pour l’ocre
Et sanguine mélangée
Il s’agace à sa bouche pincée
Sur sarcasme déguisée de sainte ni touche
De la découvrir… séductrice
En dedans bien cachée
Il l’eut juré
A son nez, fin, trompété
De son œil sagace, il l’épie
Et à sa peau diaphane poursuit
La moindre émotion révélée
Il trace, estompe le cerne violine
Qui ombre de tourments
Sa beauté tourmaline
Voile de rose à la craie
Le secret
De porcelaine séraphine
Et il s’émeut d’une veine coralline
Du plus bleu qui la marque
Et pourtant à son œil
Le blesse
Lui révèle
Ce secret, ce tourment
L’eau claire de verte iris
En biseau s’est levé,
La fixé durement
Détourné à présent, vivement
S’est posé, juste voilé un instant
Et le fuit désormais,
Glauque diamant, pour jamais, pour longtemps
Oui, une enfant de treize ans,
Son ventre alourdi de son fruit
Gêne le moindre mouvement.
Bonjour Tanagra !
Encore une fois, tu m’as fait visiter le pinacothèques pour savoir quel(s) tableau(x) associer à tes mots.
Tes mots que je trouve toujours recherchés, légers, subtils et savants pour exprimer les nuances, les expressions, les couleurs que l’on trouve dans ces œuvres pour lesquelles tu transcris tes perceptions, tes émotions.
Merci pour cela et merci aussi pour m’obliger à voyager dans ces mondes de la peinture que j’aime beaucoup.
Alors, cette fois-ci, et au regard du titre, je fais l’hypothèse qu’il s’agit de Piero della Francesca qui nous a laissé des fresques aussi délicates que magnifiques.
Mais peut-être que je me trompe. J’y vois Federico da Montefeltro et Battista Sforza (à cause du bâtard au nez extraordinaire) :
ou aussi La madonna del Parto (à cause de l’enceinte) :
Je remarque d’ailleurs que le peintre a probablement utilisé le même modèle pour les deux tableaux.
Il me semble qu’il reste une ou deux coquilles dans le texte, mais je ne suis pas trop sûr …
L’eau claire de verte iris
En biseau s’est levé,
La fixé durement
Ouh ! Ouh ! Il y a quelqu’un ?