Vive le péché !
Jamais cherchée, pourtant trouvée
La Pomme
Brillante et séduisante
Pas faim, toutefois goûtée
La Pomme
Aux senteurs des jardins d’Éden
Chacun le sait
Le monde le sait
Que toi et moi
Sommes entrés
L’avons vue
L’avons mangée
Le péché ! Le péché !
S’écrie le berger
L’écho de “La Voix”
Déformé
Par les sombres bâtiments
Lieux de prière
Quartiers pollués
Résonne dans les couloirs
La chasteté s’impose !
Les moutons s’agenouillent
Devant “Sa Sainteté”
Et font vœu de chasteté
Pas vue La Pomme
Pas touchée La Pomme
Et “Les Innocents”
Ivres de soif
Boivent le sang des autres
Comme du nectar
Ils regardent
Avec des yeux ébahis
Les canards amoureux
Dans le lointain
Ils écoutent
Dans la solitude de leur cœur
Le tam-tam joyeux des tambours
Qui vient de l’au-delà
Et “Les Innocents”
Dans les ténèbres de leur croyance
Regrettent un instant
De n’avoir jamais vu
Ni senti
Ni goûté
Et “Les Innocents”
Nous baptisent
Adam et Ève
“Les Deux Immoraux”
Enchantés par la lune
Les deux crient
En abandonnant le troupeau
Venez dans le jardin !
Le Pays des Saints !
Le Pays des Adams et des Èves !
Purana
dédié à : Atelier – Les 7 péchés capitaux
Merci Purana pour ce poème. J’en goûte la forme et le fond, la délectation est la même qu’avec la pomme croquée ! Régler, et de façon si poétique, leur compte aux “innocents” dont la mission, croient-ils, est de définir le péché !
Un bel hymne à la vie, avec cette puissance qui habite tous tes poèmes.
Du coup je me décide à publier une petite nouvelle, écrite il y a peu où il est aussi question d’Eden
Que voilà un poème impertinent, rafraîchissant avec d’amusants accents promotionnels ! Les deux premières strophes me font irrésistiblement penser à “Toujours imitée, jamais égalée” !Tu manies avec habileté la métaphore avec cette pomme savoureuse qui évoque le plaisir et que les “Innocents” et ses bergers voudraient bien interdire aux moutons et autres brebis du Seigneur.
Avec tes vers et tes mots courts, tes points d’exclamation, tu imprimes un rythme alerte fort plaisant !
Merci !
Bonsoir Purana,
Ce poème me fait sourire ou rire même.
Pour moi il célèbre la vie, la liberté, tous les plaisirs des sens.
Il veut écarter le mensonge, l’hypocrisie.
Une manière de voir cette histoire antédiluvienne au travers d’un autre prisme
avec simplicité et poésie.
Merci Purana !
Je te remercie, Purana, par ce poème quasi philosophique, de m’avoir entraîné à toutes sortes de réflexions. Je vais te livrer ci-dessous l’une d’entre elles, peut-être en dissonance avec celle de mes camarades. Plutôt celle-ci qui est modestement philosophique que d’autres, plus cuisinières ou jardinières :
Je pense que c’est Dieu lui-même qui est l’instigateur de tout cela.
Un jour, il a voulu donner la “final touch” à ces deux animaux qu’il avait créés “à son image”. Il a voulu, par l’allégorie de la pomme, leur donner la conscience, la conscience du bien et du mal, et leur donner la liberté, la liberté de leurs actes et de leurs opinions en les chassant de cette prison dorée qu’était le Paradis terrestre où ils ne faisaient que consommer sans cette conscience.
Et c’est alors que les ennuis ont commencé, il y a très très longtemps. Et ce ne sont pas les créationnistes de tout poil qui me démentiront !
Le poème, en forme de plaidoirie revendicative de cette liberté (des mœurs), me semble lui-même un appel à la sécession, en partitionnant l’espèce, en communautarisant et en opposant d’un côté les soumis qui restent des moutons sans libre-arbitre et de l’autre une sorte d’élite capable de penser par elle-même et qui fait fi de la chasteté, chasteté que même un libre-penseur peut considérer comme une vertu.
N’est-ce pas là jeter le bébé avec l’eau du bain ?
Et tu te souviendras bien sûr, Purana, que je suis un spécialiste des affaires de Dieu (rires) !
https://www.oasisdepoesie.org/textes-dauteurs/nouvelles/hermano/chronique-parallele-une-erreur-de-conception/
Je ne peux qu’ajouter mes félicitations aux commentaires précédents !
Certes le thème est éculé, mais tu as su le présenter sous une forme qui touche même le cœur et l’esprit de l’impie que je suis.
Tu ne seras pas étonné si je ne crois pas du tout à ce mythe d’Adam et Ève. Même les hommes d’Église honnêtes sont gênés aux entournures par ce mythe qu’ils présentent maintenant comme une parabole reconnaissant la véracité de la genèse de la vie sur terre établie par la science. Dieu n’est en aucun cas exclu de ce processus. Seuls les conspirationnistes s’accrochent à ce mythe et à bien d’autres…
Ce qui m’étonne à une époque où enfin on assiste à l’émancipation de la femme que ce mythe ne soit pas réfuté plus fermement par les féministes.
Je ne me résous pas à croire que la femme soit issue d’une côte de l’homme et que tous les malheurs du monde soient la faute d’Ève si gourmande. La femme est l’égale de l’homme. Elle lui est même supérieure biologiquement, car c’est elle qui porte pendant neuf mois la descendance. La nature ne s’y est pas trompée qui donne une vie plus courte aux hommes, comme dans tout le règne animal, le mâle doit disparaitre quand il a participé aux actes de reproduction.
Mais tout ceci nous éloigne du sujet, l’histoire d’Adam et Ève est une belle histoire à laquelle mon imagination veut croire, comme à celle du père Noël, du vilain petit canard, etc.
Donc Purana, merci d’avoir permis à mon esprit de vagabonder.
Merci à tous pour vos gentils et élogieux commentaires qui me font rougir.
@ Chamans
Que pourrais-je souhaiter de plus ? Tu as écrit un commentaire réconfortant non seulement sur ce poème, mais en même temps sur mes autres écrits.
Je t’en remercie beaucoup.
Je suis vraiment très heureuse de te revoir. J’avais commencé à m’inquiéter pour toi.
Merci également pour ton texte “Tentation” publié récemment. J’y reviendrai bientôt.
@ Line
Tu as écrit : “… cette pomme savoureuse qui évoque le plaisir et que les “Innocents” et ses bergers voudraient bien interdire aux moutons et autres brebis du Seigneur.”
Voici une anecdote que mon désobéissant et très laïc Baba aimait nous raconter :
Un jour, cet homme très religieux est allé voir son médecin.
– Docteur, je prie Dieu cinq fois par jour pour devenir un centenaire en pleine santé. Je me demande si vous pouvez m’aider à réaliser mon voeu.
– Fumez-vous ?
– Non, jamais
– Buvez-vous de l’alcool ?
– Dieu nous en préserve, non.
– Faites-vous la cour aux dames de plaisir ?
– Dieu nous en garde, non.
– Humm …alors pourquoi voulez-vous devenir centenaire ?
Ainsi… chère Line, vive le péché !
Merci pour tes aimables mots.
@ Nima
Heureuse de t’avoir fait sourire ou rire même.
La vérité est que j’avais l’intention d’écrire un poème hilarant sur le sanctimoinisme.
Je voudrais profiter de cette occasion pour te remercier de ta présence enthousiaste sur le site.
J’adore lire tes textes et tes commentaires.
@ Hermano
Quant à “la liberté de leurs actes”, j’ai toujours eu des doutes.
En fait, Matelote et moi avons eu une longue discussion à ce sujet ici.
Merci pour tes réflexions sur ce poème, mais Adam et Eve n’ont pas quitté le paradis à cause de leur “libre arbitre”, du moins pas dans ce poème. Ils étaient simplement “Enchantés par la lune” créés par Dieu. Sourire.
Et ainsi ils sont partis. Alors, soyons compatissants et pardonnons-leur leurs péchés.
Quant à “l’élite capable de penser par elle-même et qui fait fi de la chasteté“, elle a eu le don de pouvoir devenir “élite” et être admirée par les pauvres pécheurs.
Elle devrait en être reconnaissante plutôt qu’en être orgueilleuse.
Merci pour ton commentaire.
@ Loki
Tu as écrit :
– La femme est l’égale de l’homme.
Oui ! Pourtant, différente !
– Elle lui est même supérieure biologiquement, …
Yes Mister ! Et pas seulement biologiquement. Sourire.
– … comme dans tout le règne animal, le mâle doit disparaitre quand il a participé aux actes de reproduction.
Est-ce peut-être parce qu’ils ne méritent pas mieux ? (voir tes propres arguments ci-dessus). Rire.
Et Dieu créa Adam parce qu’il ne pouvait plus supporter de voir sa créature préférée, sa Eve, souffrir de la solitude.
Merci pour ton beau commentaire.