Escarpins blancs d’été
Robe fluide immaculée
Collier de perles à double rangée
Vison crème, car il fait frais
Capeline ajourée
Réticule nacré
Suis-je assez distinguée ?
Feuille numérotée
Chaises pliées
Et table carrée
Sur un chariot posées.
Blanches roses en bouquet,
Chandelier argenté,
Suis-je assez organisée ?
Panier rustique
Mais tellement chic
Dans mon pique-nique
Du foie gras, du caviar,
Du champagne Ruinart
Suis-je assez raffinée ?
Je rectifie une mèche
Je lisse un faux pli
Je vérifie mon sourire.
Derrière moi le Louvre…
Huit siècles me contemplent
Cette photo est historique.
Suis-je assez décontractée ?
Note explicative: ce texte a été inspiré par la tradition du dîner blanc à Paris, qui consiste à organiser dans le plus grand secret un pique-nique dans de beaux endroits de Paris et ce, sans autorisation officielle. Je suis tombée dessus il y a quelques jours, par le plus grand des hasards.
C’est le fait d’un petit Cercle sélect. Pour eux “Le Dîner en Blanc® est avant tout une célébration de l’amitié, de la beauté et du bon goût inspiré de la galanterie et des valeurs nobles qui composaient autrefois la haute société française”. Pour en savoir plus je vous invite à consulter https://paris.dinerenblanc.com/about
Nelson merci pource beau poème ! Bien qu’habitant à Paris depuis un nombre indécent d’années je n’avais jamais entendu parler des dîners blancs. Merci aussi pour ces informations.
En ce moment à Paris nous baignons plutôt dans le “jaune”, tous les samedis les casseurs des gilets détériorent le mobilier urbain ce qui me fait rire “jaune” en pensant à mes futurs impôts locaux et grand nombre d’arrondissements sont envahis par des hordes de Chinois.
Dans le passé nous ne pensions pas que le péril jaune se manifesterait sous ces deux formes 🙂
Un poème d’une belle fraîcheur qui nous dévoile les pratiques secrètes de certains “happy few” très chics et très parisiens.
“Very posh” comme dirait notre amie Purana qui, j’en suis sûr, adorerait participer à un tel pique-nique !
Allez, Loki ! Je te sens nostalgique du temps des crinolines. Chante-nous les “Roses blanches” ! 🙂
Je sais que je ne suis pas de première jeunesse, mais je serais incapable de chanter “Les roses blanches” cette chanson date de 1925…
Quand au temps des crinolines il est plus ancien encore !
De toute façon que celui qui n’éprouve pas de la nostalgie me jette la première pierre. Reste à définir la nostalgie de quoi…
Ma nostalgie à moi ne contient ni crinolines, ni roses blanches 🙂
“Champagne socialist” est un terme originaire du Royaume-Uni.
Le terme a été traduit dans de nombreuses langues (en français : Gauche Caviar). Il est utilisé pour décrire les “socialistes” au style de vie luxueux de la classe supérieure.
Cette épithète populaire indique un certain degré d’hypocrisie.
Moi, je dirais plutôt : “Il n’est pas difficile d’être pauvre et socialiste ; béni soit le riche au cœur socialiste”.
Le jour où les révolutionnaires commencèrent à décapiter leurs rois, la lueur de la vie commença à diminuer.
Avec le temps, cette lueur dans le cœur du peuple leur manqua.
Ils voulurent retrouver ces belles personnes qui les avaient fait rêver.
Ainsi, les gens commencèrent à lire des histoires de beaux chevaliers et de ravissantes princesses.
Ils osèrent (continuer à) organiser des rassemblements religieux secrets pour adorer leur Marie aux grands yeux innocents.
Ils pleuraient aux pieds de leurs saints, de temps en temps, en en créant de nouveaux.
Là où les rois n’oseraient jamais revenir, des journalistes intelligents commencèrent à publier des magazines à potins sur les familles royales d’ailleurs.
Je crains que notre Hermano ait raison : je n’hésiterais pas à accepter une invitation à un tel pique-nique !
J’aime bien les choses qui amplifient la lueur de la vie. Mais ce n’est pas la raison pour laquelle j’apprécie ce texte.
Ton poème a une sonorité finement mélangée qui lui donne l’aspect d’un flux homogène de phrases. Bravo !
Le choix des mots est excellent.
J’adore comment les doutes, les incertitudes et la nervosité de l’observatrice / participante sont esquissés dans quelques brèves questions.
Je ne sais pas si c’était l’intention de l’auteur, mais pour moi, il s’agit d’un merveilleux instantané d’une timide Cinderella entrant dans une fête des huppés.
Merci Nelson