Transi derrière son étal
Le marchand de bonbons
Attendait les clients
En regardant tomber la pluie
Comme des chewing-gums
S’étiraient les secondes,
Comme colliers de bonbons
S’égrenaient les gouttes d’eau
Puis l’haleine des passants
Se déploya en filaments
De blanche barbe à papa
Même la pluie devint sucre glace
Des crocodiles gélifiés
Poursuivaient des fraises Tagada,
Des Schtroumpfs bleuis de froid
Faisaient la course en Carensac
Des serpentins de réglisse
Étranglaient des sucres d’orge,
Des malabars féroces fondaient
Sur de paisibles roudoudous
À la fin du marché on trouva
Le pauvre marchand évanoui
Serrant très fort contre lui
Un tendre ourson de guimauve
Oh ! Que c’est délicieux !
J’ai adoré les secondes qui s’étirent comme des chewing-gums et l’étreinte de l’ourson en guimauve !
Un vrai régal dans tous les sens du terme !
Ce n’est pas si souvent qu’un poème ne sombre pas dans la mélancolie, la tristesse, la peine de cœur ou même la mort, mais tout simplement dans le sucre, et ça fait vraiment du bien !
Voilà une charmante poésie (?) pleine de fraicheur et de friandises (!). Un conte comme je les aime où les jeux de mots se glissent harmonieusement dans la litanie des sucreries qui enchantent nos enfants. Comme quoi on peut faire des choses plaisantes avec des mots de tous les jours…D’aucuns pourraient en prendre de la graine…
Merci Line pour ces mots sucrés colorés qui résonnent en moi comme des madeleines de Proust.
Pour moi, c’est un épisode poétique et inattendu de la vie de Gaston le Petit marchand de bonbons.
Le poème coule de manière fluide et naturelle tel une rivière de sucre de fruits confits…
Et l’on aimerait que le poème ne s’arrête jamais pour nous emmener au détour de berlingots et autres bêtises de Cambrai qui font tant de bien à notre petit enfant intérieur.