Robotica est au clavier
Aux commandes de sa fusée.
Elle analyse des données
A l’approche de Cassiopée.
Sur l’écran luit le clair de terre,
Nimbé de bleu et de mystère.
Cette vision jadis ordinaire,
La chamboule toute entière
Se peut-il qu’une opération,
Soit de nature à transformer
Ses cartésiennes perceptions
En rêves fous déconnectés?
Ce brin de gènome greffé
Court-circuite tous ses capteurs
Et libère l’étrange idée
Qu’elle peut vivre autrement ailleurs.
Elle se surprend à désirer
Un compagnon pour converser,
Une âme soeur pour lien pérenne,
Une relation qui vaille la peine.
Robotica est sur Meetic
Et veut trouver d’un simple clic,
L’humanoïde compatible
Avec lequel tout est possible.
Crédit photo: série Real Humans – Arte 2012
Que ce soit Robotica, PZ100TX, le robot « blindé » de « Noli me tangere » autant de machines sur lesquelles nous projetons nos fantasmes humains.
Nous redoutons, sans vraiment en être sûrs, qu’un jour elles nous dépassent et nous asservissent.
Cet asservissement n’a-t-il pas déjà commencé en observant tous ces « zombies » qui n’arrêtent pas de fixer l’écran de leurs téléphones portables ? Et ces mêmes « Zombies » fascinés par les réseaux qui leur ôtent discrètement, mais inéluctablement leur liberté de penser. Leurs « maitres » ne sont-ils pas ces centaines de milliers d’ordinateurs qui mobilisent une énergie considérable pour fonctionner et se refroidir ?
Qui peut affirmer qu’ils sont encore contrôlés par les hommes qui les ont conçus et les programmeurs qui ont rédigé leurs algorithmes ?
Est-ce que la ligne rouge a été franchie ou est en passe d’être franchie ?
Cette réflexion me reporte à un de mes livres de chevet : Le Hasard et la Nécessité, essai sur la philosophie naturelle de la biologie moderne de Jacques Monod.
Au cœur de l’ouvrage la question fondamentale : qu’est-ce que la vie ?
L’auteur suppose qu’à un moment un humain débarque sur une planète. Par quels critères pourrait-il trancher sur l’existence d’une vie sur cette planète ?
De la même façon à partir de quel stade un robot peut-il être considéré comme humain ?
Il est indubitable que nous avons dans notre environnement des robots qui dépassent et de loin les capacités physiques et de traitement des données qu’un homme. Sont-ils devenus humains pour autant ?
J’aime à croire que PZ100TX est devenue plus humaine en introduisant de la poésie dans ses algorithmes. Encore, malheureusement, un fantasme…
Je le lis comme un fantasme science-fictionnesque où tout se doit d’être parfait, même ce qui n’est pas mesurable, et où il me plaît de sentir que la robote (eh oui ! il faut bien féminiser aussi ce mot !) a un petit cœur tout mou.
Et pour l’âme impalpable, j’attendrai encore un peu.
Merci, Line, pour le voyage.