Réalisé lors d’un atelier à Villenave d’Ornon
J’t’ai apporté des chocolats
Et pis des fleurs d’toutes les couleurs,
Et des images bien sages aussi.
Les cygnes blancs sont bien peignés,
Ici tout n’est qu’ordre et beauté,
Les bateaux suisses sont cadencés,
Mais si le vent vient à souffler,
Bien remonté comme un coucou,
La bise noire soufflera
Et gronderont les blancs moutons,
Qui ne seront pas doux, crois-moi.
Le bateau blanc qui vogue ici,
Pourrait bien divaguer au fond,
Au fond si sombre et si profond.
Bonjour Line,
Au début, j’imagine des trésors, des images, un rythme équilibré légendaires de la Suisse.
Puis est évoquée la peur d’événements violents qui contraste nettement avec la légèreté du début. Cela ressemble à mes peurs lorsque je m’informe de l’état du monde.
( peur des guerres, des accidents naturels…)
En résumé, je comprends : Ne vous fiez pas aux apparences!
J’aime bien ton style simple et imagé.
Merci, Line.
Je me suis senti comme dans un haïku de calme avant la tempête…
Le monde est au bord du Léman.
Je trouve le poème vraiment “impacté” par cette image du cygne qui glisse, tranquille, sur cette eau sombre, et cela donne le ton pour ma lecture.
Pour moi, ce poème, comme le dit Nima, évoque la fragilité de certains équilibres parfaits. Et je reste étonné de découvrir le cousinage – mieux vaut tard que jamais ! – entre l’adjectif “sombre” (surtout quand il qualifie l’eau) et le verbe “sombrer”…
Pour les bateaux “cadencés”, j’ai d’abord pensé à Lamartine et à son autre lac, mais non, car je me demande enfin si c’est “Ici” ou “Là” que tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté ? 🙂 ( Charles Baudelaire : Invitation au voyage )
Je ne suis jamais allé sur le lac Léman ni sur ses rives. il reste donc dans mon imaginaire avec les luxueuses résidences d’où l’on admire ses eaux calmes. Symbole d’opulence et de tranquillité. Le début de ton poème me berçait donc dans cette illusion, j’ai beaucoup aimé “Les bateaux suisses sont cadencés”, ces quelques mots me font entendre le battement des roues à aube sur le “flot harmonieux”. Mais méfions nous de l’eau qui dort, le temps pourrait bien suspendre son vol pour autre chose qu’une accalmie…
Merci Line pour cette délicate rêverie.
Merci à vous tous pour ces commentaires qui montrent qu’un beau lac est un miroir magique où peuvent se refléter beaucoup d’émotions. Et qu’on ne sait jamais quoi trouver de l’autre côté du miroir. Je suis heureuse que ce petit texte ait pu vous faire voyager un peu, même si ce n’est pas une grande traversée, s’embarquer c’est toujours se transporter vers un ailleurs.
Quant à l’illustre Lamartine, bien que son célèbre poème ait été inspiré par le lac du Bourget, sachez que quelques années auparavant, il a trouvé refuge au bord du Léman pendant les Cent Jours pour éviter l’enrôlement napoléonien. La commune de Nernier était alors hors de France, en Savoie-Sardaigne. La petite histoire dit qu’il y noua une idylle avec la fille d’un batelier. Les premières méditations autour du lac, ont pu naître à cette occasion, qui sait ?