Une fourmi marche sur ma nuit blanche

Elle va et vient

Dans les replis compliqués de mon âme

Qui finit par lâcher prise, à demi trempée de sommeil

Ma fourmi,

Car c’est bien la mienne, toujours la même

Cherche, se trompe

Revient, infatigable, aux mêmes chemins tortueux

Se cogne aux frontières de mon crâne

Dont elle est maîtresse pour des heures

Elle s’affole, repart sur ses pas

Gratte un peu

La croûte de ce surmoi fangeux

Égare ses pas

Dans un labyrinthe de matière grise

Explore les arcanes de cette éponge

Qui me sert à penser

Ainsi,

Dès que la nuit vient, elle est chez elle

À bien triturer mes angoisses

Une par une

Trouvant les boîtes à secret

Ouvrant toutes les portes

Et, étrange insecte

Installant ce courant d’air poisseux

Comme une honte entre mes neurones

C’est la nuit, elle en profite

Je la sens naviguer comme cela

Dans les avenues

Ou les chemins creux et désertés de mon cerveau

Je la laisse faire

Je ne sais pas la chasser

Elle va et vient dans mes bibliothèques

Fouille au fond des trous

La vérité que la nuit me refuse

Puis repart sur d’autres chemins d’hypothèses

La fourmi de mes nuits blanches

Infatigable

Comme une torture asiatique

M’envahit jusqu’au matin

Elle découvre des inconnus traînant

Des masques douloureux

Des maîtresses oubliées

Aux pâles voiles de sourires

Et mes vieux amis, perdus

Au fond des tiroirs du temps

Mes hantises de toi

Auxquelles elle n’ose pas toucher

Mes sursauts compliqués

De celui qui veut sans vouloir

Qui sait sans savoir

Et qui doute du doute jusqu’au

Fond du sac où il n’y a même plus

L’Espérance

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