Voilà, c’est le sang de l’arbre magma
Qui palpite treize fois dans la nuit
Jusqu’à l’aube tendre
Pour ces tambours sous ma peau
Je veux, je veux, je veux
Une femme poivre, une femme fruit
Si tes lèvres tremblent
Sous mes mains pistils
Laisse nos pulpes faire carnage
Mordre dans les averses
De ta chair forteresse
Dans les liserons de tes tresses confiture
Parfois aussi, se blottir au creux des dunes
Attendre le bunker des rêves
Qui vient couvrir cette petite mort
Quand enfin l’écharpe du vent
Glisse sur nos peaux tambours éteints
Les squelettes glacés font montagne de silence
Alors la poussière de folie
Recouvre mes phalanges ailes patientes
Je peux renaître de la chrysalide
Désirs de Je t’aime
Tremblants au banc d’essai
Du premier amour, du dernier amour
Tellement fou, étrange, tendre et sauvage, et pourtant si beau !
Les strophes semblent déconnectées et déchirées les unes des autres donnant l’impression d’une scène chaotique. Cependant, l’ensemble est en parfaite harmonie.
Ce poème est un exemple parfait de l’ordre devenu le chaos et du chaos devenu l’ordre.
Sauvage : “l’arbre magma, tambours sous ma peau, laisse nos pulpes faire carnage, mordrer dans les averses de ta chair forteresse”.
Étrange : “palpite treize fois, tambours sous ma peau, sous mes mains pistils, dans les liserons de tes tresses confiture, les squelettes glacés font montagne de silence”.
Fou : “Je veux je veux je veux, se blottir au fond des dunes, la poussière de folie, tremblants au banc d’essai”.
Tendre : “Si tes lèvres tremblent sous mes mains, désirs de Je t’aime du premier amour du dernier amour”.
Je trouve l’emploi d’adjectifs (multiples) très habile et vraiment réussi. Cela, malgré, ou plutôt grâce à des associations souvent bizarres évoquées par d’étranges combinaisons : “femme fruit, mains pistils, chair forteresse, tresses confiture, peaux tambours éteints, phalanges ailes patientes”.
Oui, il y a une profonde beauté dans ce poème ; c’est une distorsion merveilleuse !
Merci Purana, d’avoir lu ce poème, un peu fou oui, et de l’avoir si subtilement commenté.
Merci surtout pour tous ces compliments !
Mais ne me demande pas comment je l’ai écrit, c’est une espèce d’écriture automatique sans l’être complètement toutefois.
Il faut commencer par lâcher prise, par s’autoriser, par se convaincre que si ce n’est pas cohérent cela n’aura pas d’importance, et puis laisser venir les mots et les associations sans retenue, sans jugement et parfois sans pudeur.
Moi aussi, ce texte me plaît, mais je ne sais dire pourquoi. En tout cas, j’ai ressenti comme une sorte de libération à l’écrire et, s’il t’a plu à toi aussi, j’en suis comblé.
J’ai écrit ce “poème” lors d’un atelier d’écriture que j’avais moi-même imaginé et dont voici le scénario que j’ai posté sur le site d’Oasis de poésie. C’est un scénario qu’on peut dérouler soi-même tout seul pour – peut-être – aboutir à quelque chose de poétique. Je t’engage à essayer, et encore merci !
https://www.oasisdepoesie.org/forums/topic/fabrique-de-poemes/
Que dire après ce poème qui m’enchante et qui dépasse le profane que je suis !
Le commentaire de Purana est lui aussi un poème en vers libres en une communion qui malheureusement me laisse sur le bord de la route…