Chose promise, chose due, en écho à un texte de Purana.
Une route de la soie
tracée à l’encre sympathique
pour la garder secrète, invisible à tous
sauf à nous
une route où se perdre
où perdre et nos corps et nos cœurs et nos âmes
où poursuivre notre errance
dans ce désert de vents de sables
de sables doux comme cette soie
qui crisse sous ma caresse
une soie de sables
qui dans mon rêve devient
peau de Leila la douce
rêve à jamais recommencé, toujours le même
je suis un ersatz de Majnoun
elle aussi rêve de moi
ermite en ma caverne
satisfait de l’attendre
comblé par cette interminable espérance
de mille fois mille et une nuits
mille et une fois cette jouissance plutôt que
le point final d’un amour consommé
dans le bouillon quotidien.
Grands yeux noirs de gitane
Es-tu Shéhérazade ?
Es-tu Leila ?
Est-ce cela que tu savais
Est-ce cela que tu n’as jamais voulu dire ?
le texte de Purana qui m’a donné envie d’écrire cela (voir les commentaires). Merci !
Merci Hermano !
Je suis honorée que mon humble texte ait inspiré un si beau poème avec une touche orientale.
Bonne soirée.
Merci Purana d’avoir fait ce détour de ta route de la soie pour emprunter les chemins parallèles. 🙂
Purana et Hermano, attention aux dérapages avec vos routes parallèles recouvertes de soie…
Et si on écrivait quelque chose sur le bitume !? Ah ! la poésie du bitume !
Non, je plaisante, merci beaucoup pour ces beaux poèmes que j’aime à lire.
Le tracé simple, un peu flou, un peu débordant accompagne, à mon avis, très joliment ce poème.
Les correspondances entre éléments matériels (routes,chemins…) et sensations humaines envoient
à la rêverie avec délicatesse, douceur, mystère.
Merci pour ce beau chant.
Nima
Merci Hermano pour ce texte qui déroule soyeusement sa pelote au rythme des caravanes bédouines.
Merci de m’avoir fait découvrir la légende de Majnoun, le fou de Leïla qui finalement préfère son rêve à la concrétisation prosaïque de son amour.
J’aime la complicité : tracée à l’encre sympathique pour la garder secrète, invisible à tous sauf à nous.
Les allitérations aux sonorités glissantes : soies de sable, Est-ce cela que tu savais ?
Celles qui donnent des aspérités au texte : qui crisse sous ma caresse
L’immensité de cet amour aussi grand que le désert : mille et une fois cette jouissance
Merci pour cette lecture envoûtante.
@Chris : je crois que si tu aimes la poésie un peu âpre du bitume, il te reste à lire – ou à relire – “Sur la route” de Jack Kérouac. J’adore !
@ Nima : Tu notes des choses que j’avais inconsciemment enfouies dans ce poème et dans cette image et je te remercie de les ramener à la surface. C’est souvent étonnant pour moi d’avoir cette sorte de retour, de révélation, d’autre éclairage, qui m’amène à prendre davantage conscience de ce que j’ai mis dans mon texte et à le relire différemment.
@Line : C’est un peu la même remarque : tu me révèles des aspects de ce poème que j’ignorais, en particulier ces allitérations que je n’ai pas recherchées et qui me sont venues spontanément. Serai-je le Monsieur Jourdain de l’allitération ? 🙂 Merci pour ces autres révélations et heureux de t’avoir fait connaître Majnoun (le fou) et Leila dont Aragon donne, paraît-il, des échos dans son fameux recueil “Le fou d’Elsa” dédié à son épouse (Elsa Triolet).