Dans le no man’s land de l’oubli
où partout l’horizon est offert
le temps s’arrêtera comme nos pas
Alors
je lécherai le miel au creux de tes aisselles
au-delà de tes cuisses je sentirai le foin coupé
Dans un cosmos de martins-pêcheurs
nous cueillerons les fruits noirs des ronces
écorcherons nos peaux de baisers
Nos sueurs collées
d’enfants qui s’apprennent
se mêleront aux graines des champs
laisseront des oiseaux de paradis
ouvrir enfin les chemins trop creux
pétrisseurs d’impuissance
et briser ces solitudes lourdes portes d’antan
Libres d’aimer
nous offrirons au ciel
nos sourires tranquilles
et nous allongerons,
âmes apaisées, corps repus d’innocence
fleurs de peau si patientes
si longtemps retenues
peaux en fleurs de sel
en gangues de sel
avides de rosée libératrice
Et sur ton ventre abandonné
aux mille soleils sereins
je coucherai ma joue
et je m’endormirai…
En tant qu’auteur de “Le bonheur”
je ne peux qu’être partant pour ce programme…
Après tout le bonheur a sûrement aussi l’odeur du foin coupé, du miel aux aisselles…
Décidément la nostalgie est à l’honneur en ce moment…
Tellement sensuel, si solaire et serein.
Tellement personnel et particulier que c’est un bonheur.
” âmes apaisées, corps repus d’innocence”
“Mais le vert paradis des amours enfantines,
L’innocent paradis, plein de plaisirs furtifs,”
“Peut-on le rappeler avec des cris plaintifs,
Et l’animer encor d’une voix argentine” ? ( Charles Baudelaire )
“Nos sueurs collées
d’enfants qui s’apprennent
se mêleront aux graines des champs”
Je n’ai relevé que ces trois vers mais c’est tout le poème qui m’emmène là où il est impossible d’aller.
Dans l’oubli de toutes les entraves, où ne reste plus que l’éther du rêve, né de nos approches lointaines de l’amour absolu.
La poésie quoi !
Merci Hermano.
Merci à vous pour ces louanges.
Je n’ai pas voulu la nostalgie, car je l’ai écrit au futur. Mais toi, Loki, cela t’a fait penser au passé… étonnant comme chacun peut s’approprier un texte et surtout un poème !
Oui, on peut penser à l’enfance car j’ai essayé d’y inscrire un rêve de renaissance et de nouvelle innocence.
Encore merci pour vos commentaires.
Déjà la première strophe est un paysage splendide du pique-nique à venir.
J’aime beaucoup le choix du “martin-pêcheur” pour occuper ce cosmos pacifique, sachant que cet oiseau ne peut survivre que dans un cadre paisible avec un ruisseau propre qui coule tranquillement. Cette métaphore renforce vraiment la première strophe.
Le “écorcherons nos peaux de baisers” est simplement merveilleux malgré le fait que cette expression me soit inconnue. Voulais-tu dire “Dépouiller le / la pauvre amant(e) à l’os avec les baisers ??
Et ce “peaux en fleurs de sel” va sûrement très bien avec “nos sueurs collées”.
Oui, j’apprécie beaucoup ce poème.
La dernière strophe est tout simplement magnifique !
Merci Purana pour ce commentaire. Certains rêvent de feux de camp, toi, je vois que tu penses en priorité au “pique-nique amoureux” ! 😊
https://www.oasisdepoesie.org/ecrire-ensemble/jeux-decriture/purana/pique-nique/ :
en écho à “l’impatience” que tu évoques dans ce pique-nique je propose dans mon texte une “patience” quasi tantrique (“fleurs de peaux si patientes”) ! Le luxe de l’attente !
Oui, tu as bien compris : la cueillette des fruits noirs des ronces (blackberries) peut écorcher (to graze) la peau, et tellement de baisers donnés peuvent aussi écorcher la peau et les lèvres.
Enfin, c’est une image… et c’est probablement pourquoi j’ai fait ce rapprochement.
Encore merci d’avoir exprimé tes ressentis.