Le temps passe
Comme une mélopée d’été
Tu t’enfonces
Dans les sables mouvants
De ma mémoire
La marque de ton cœur
S’efface doucement
Une autre viendra
Visiter mes plages désertées
Et disparaître elle aussi
Nouvelle goutte d’encre mauve
Nouvelle étoile pâle
Au plafond de mes souvenirs
Le temps passe
Comme une mélopée d’été
C’est beau mais c’est triste!
Merci d’avoir lu !
Enfin, si c’est beau, c’est déjà ça ! Rires !
Je déplore moi aussi que beaucoup de poèmes évoquent seulement douleurs, chagrins, peines, soupirs ou mièvreries pseudo-romantiques.
Mais bon, c’est comme ça, et c’est vrai que je me sens parfois coupable de quelques lamentations.
Vive les poèmes gais, joyeux, truculents, voire rigolos, étonnés, ravis,… heureux,
mais les poètes ne savent souvent que souffrir ou rester moroses… Il faut que ce soit… poignant ! Dommage !
J’ai le sentiment qu’on ne valorise pas souvent le bonheur des autres, on le jalouse, on l’envie plutôt. Alors que quand ils souffrent on est toujours prêt à sortir son mouchoir et on leur donne davantage le droit d’étaler cette émotion-là. Mais pourquoi !?
Encore merci de ton passage !
Moi aussi, comme Francis je trouve ce poème vraiment beau et surtout très touchant.
En revanche, je ressens une certaine joie à partir d'”Une autre viendra”.
Je me dis tant pis si elle “disparaît elle aussi”, car il y aura une autre avec un grand sourire et les yeux scintillants, non ?
Un jour, le plafond des souvenirs sera couvert d’étoiles brillantes de toute beauté, une sorte de harem céleste pour les chanceux poètes maudits ! ?
Comment apprécier le soleil s’il ne pleut jamais ?
Comment reconnaître les bénédictions de la pluie sans avoir jamais vécu dans un désert ?
Tu as écrit :
“J’ai le sentiment qu’on ne valorise pas souvent le bonheur des autres, on le jalouse, on l’envie plutôt. Alors que quand ils souffrent on est toujours prêt à sortir son mouchoir et on leur donne davantage le droit d’étaler cette émotion-là. Mais pourquoi !?”
Mais non ! Tôt après la naissance, l’enfant est conditionné à sourire en regardant le visage souriant de la maman.
Le bonheur est contagieux ; il rallie les gens afin qu’ils puissent chanter et danser ensemble.
C’est vrai que les malheureux peuvent susciter de la sympathie et de la compassion. Cependant, tôt ou tard, on commence à les éviter, car ils nous rendent coupables d’être heureux.
C’est ainsi que nous jetons nos mouchoirs et retrouvons nos propres petites distractions banales jusqu’à Noël où nous devenons charitables et compatissants… jusqu’aux festivités du Nouvel An, bien entendu.
Quoi qu’il en soit, n’oublions pas que les bourgeons apparaissent sur les arbustes lorsque les feuilles d’automne commencent à tomber.
J’ai beaucoup aimé te lire !
“L’Espérance de lendemain, ce sont mes fêtes !“
Bonjour Purana, et merci de ce long commentaire.
On le sait, un texte échappe à son auteur dès qu’il est publié, et je t’accorde ton ressenti, ton interprétation.
Pour moi, c’est peut-être un peu différent.
Et en y pensant, je trouve pour exprimer ce que je ressens, il n’y a pas mieux que cette très vieille et merveilleuse chanson :
https://www.youtube.com/watch?v=wQwEXa7I7ag
Pauvre Rutebeuf est un poème écrit par … Rutebeuf au … XIIIe siècle ! Il est en vieux français qui a été adapté pour cette chanson. Ne t’étonne donc pas du phrasé, du vocabulaire et de la syntaxe qui sont donc un peu particuliers, mais pour moi, c’est un vrai chef d’œuvre !
Mélancolique à souhait, bien sûr, mais pour te rejoindre et pour te plaire, il finit par cette phrase :
“L’Espérance de lendemain, ce sont mes fêtes !”
Que sont mes amis devenus
Que j’avais de si près tenus
Et tant aimés Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L’amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta
Avec le temps qu’arbre défeuille
Quand il ne reste en branche feuille
Qui n’aille à terre
Avec pauvreté qui m’atterre
Qui de partout me fait la guerre
Au temps d’hiver
Ne convient pas que vous raconte
Comment je me suis mis à honte
En quelle manière Que sont mes amis devenus
Que j’avais de si près tenus
Et tant aimés Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L’amour est morte
Le mal ne sait pas seul venir
Tout ce qui m’était à venir
M’est avenu
Pauvre sens et pauvre mémoire
M’a Dieu donné le roi de gloire
Et pauvre rente
Et droit au cul quand bise vente
Le vent me vient le vent m’évente
L’amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta
L’espérance de lendemain
Ce sont mes fêtes
Qu’ajouter à ces commentaires tout à fait justes? Peut-être que j’aime les images pastel et délicates: la marque de ton coeur, les sables mouvants
De ma mémoire, le plafond de mes souvenirs… J’ai l’impression de voir un tableau avec “un ciel à la Turner” grand peintre des scènes maritimes.
Merci pour cet instant d’émotion, tracé d’un pinceau délicat…
PS: merci pour le si beau poème de Rutebeuf
Lancinante mélodie aux rythmes alanguis.
Souvenir sépia
Tendrement délavé
Rutebeuf en exergue
Murmure
Mélancolique
“Les amours mortes”
Monde enfui
Dans un parfum jasmin
Lettre jaunie
Sous l’oreiller
Merci Line, merci Tanagra pour ces regards et pour ces mots.