Sourd à la respiration profonde
Des mégalopoles
Le glacier silencieux médite
Il médite
Cette parabole lisse comme un étang
Confiée depuis si longtemps
Par les treize ermites malicieux
Il médite
À l’épaule musicale du violoniste
Qui joue pour lui
Un requiem de folle solitude
Rejoindre les nuages
Quitter ce corset souricière
Cette matrice étriquée
Qui obstinément le tient
Un silence s’échappe… Nous restons en suspension
( J’aime beaucoup ce point de vue du glacier)
Est-ce une ode à tous ces glaciers qui se détachent des montagnes où ils adhéraient depuis des milliers d’années, pour rejoindre la mer ?
Qu’est-ce “les treize ermites malicieux”
Requiem, oui ! Les glaciers meurent dans leur froide solitude, succombant à la respiration fétide des grandes mégalopoles. Mais cela ne les empêche pas de rêver, n’est-ce pas ? Les nuages et les glaciers sont de grandes masses blanches et grises faites de la même matière, le glacier ne le sais pas mais il deviendra nuage, le nuage deviendra-t-il glacier encore longtemps ?
Je lis dans ton poème ce que j’ai envie d’y lire, comme tous les vrais poèmes il incite à l’évasion.
Il médite
À l’épaule musicale du violoniste
Qui joue pour lui
Un requiem de folle solitude
Superbe !
Merci à vous d’avoir lu et commenté ce poème écrit plutôt rapidement dans d’un atelier d’écriture auquel j’ai participé récemment et lors duquel les cinq participants sont arrivés à écrire des poèmes dont – au moins eux-mêmes – étaient satisfaits ! 🙂
Je crois que j’ai voulu exprimer un sentiment d’impuissance désespérée, lorsqu’on reste seul abandonné à son sort et qu’on ne peut ni continuer à exister ni rien changer pour exister autrement. Pas rigolo je vous l’accorde !
J’ai longtemps cherché et trafiqué l’image du glacier avec ses deux cairns immobiles et j’ai préféré la mettre à la fin pour moins parasiter le lecteur dès le début du texte.
Quant aux treize ermites malicieux, je ne sais pas qui ils sont, c’est ma touche de mystère pour intriguer le lecteur qui en fera ce qu’il voudra, mais nul doute que, d’une façon ou d’une autre, on s’y arrêtera pour gamberger un peu ! C’est vrai que les réunions d’ermites sont tellement rares, mais – dit-on – il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas ! Quant aux glaciers, avec leur caractère peu jovial, c’est encore plus difficile !
Merci encore à vous de m’avoir rejoint sur la glace !