Giardino all’italiana
Senteurs subtiles sous les paravents de toile,
Pergolas, claustras volubiles
Étranges forêts de lichens
Impénétrables et froides
Septentrion de taïgas
Profusion de fleurs de porcelaine
Enfiévrées aux vibrants colibris
Arbres à pains, gommiers insensés
Sages allées sous l’ombrage
Des tilleuls centenaires
Subtils parfums d’antan
Rangées bien ordonnées de légumes
D’avant Archimboldo
Savoureuses racines, bulbes improbables
Moissons d’or poudrées
De coquelicots si tendres
Au fond de ces étés songes d’enfance
Archétype de l’éphémère
Mon jardin secret change avec les saisons
Toi,
Tu le cultives
Légèreté de zéphyr, assurance de forgeronne
Au creux des vignes chaudes
Tu prodigues des ivresses de lézard
En brassées d’herbes folles
Ton rire de sauterelle me digère doucement
Ou alors morne plaine
Tu joues l’exigeante boudeuse
Recluse en brouillard d’hiver
Dans tes replis d’amour en cage
Plus encore, inaccessible, mystique
Tu te caches parmi les cactus
Aux fleurs improbables
Que tu nourris d’un sein de Marie-Madeleine
Sentinelle enlacée à la liane volubile
Tu gravis mon désir jusqu’à cette canopée
Où tu décroches tous les soirs ces ciels mauves
Pour lancer la nuit sur nos étreintes de colosses
Mon jardin secret
Change avec tes saisons
La première partie est une collection de jardins intrigants ; une façon particulière de présenter l’être aimé. Ce dernier entre en scène dans les passages qui suivent.
La conclusion justifie la longueur et la variété des scènes : “Mon jardin secret change avec tes saisons“
Très beau poème malgré quelques passages déroutants qui sont pourtant en harmonie avec le caractère mystérieux et agité de cette source d’inspiration.
J’ai beaucoup apprécié la structure, la forme et le fond.
Il convient de noter que l’ensemble est un beau jardin ravissant.
“Ton rire de sauterelle me digère doucement” est pour moi un vrai régal. Mais il y en a d’autres.
Merci pour cette visite guidée dans ton jardin.
J’ai lu,
Relu,
Et plus encore…
Toujours avec un plaisir renouvelé.
Le commentaire ne saurait être tiède, j’ai adoré, ton texte est tellement inspirant.
Tu nous fait pénétrer en tes jardins secrets et comme dans un rêve récurrent où le jardin se dessine ni tout à fait le même ni tout à fait un autre…”Subtil” et “volubile”.
Je salue le “septentrion de taïgas” comme une aurore boréale, “enfiévrées de vibrants colibris” ardentes comme myriade de battements d’ailes…
Je célèbre le temps d’ “Avant Archimboldo” et l’envolée dédiée à cette amante religieuse.
Plus encore je me délecte de :
” Sentinelle enlacée à la liane volubile
Tu gravis mon désir jusqu’à cette canopée
Où tu décroches tous les soirs ces ciels mauves
Pour lancer la nuit sur nos étreintes de colosses”
Merci, Purana, d’avoir visité tous mes jardins qui changent avec tes saisons, et d’avoir osé traverser quelques passages déroutants pour me lire jusqu’au bout, en écoutant ce rire de sauterelle qui me digère doucement.
Tanagra, toi qui célèbres si souvent les voluptés de la flore, je pensais bien que tu t’attarderais sur ce texte. Ravi de t’avoir ainsi ravie !
Merci pour le clin d’œil au magnifique poème “Mon rêve familier” de Paul Verlaine.
Magnifique ! Hermano !
Un jardin d’une grande beauté mais un jardin habité par la nostalgie, le désir et la volupté qui le magnifient à mes yeux, plus que ses parures enveloppantes et florissantes. Une volupté d’autant plus intense qu’elle joue les insaisissables :
Tu joues l’exigeante boudeuse
Recluse en brouillard d’hiver
Dans tes replis d’amour en cage
Plus encore, inaccessible, mystique
Tu te caches parmi les cactus
Excuse cette recomposition …
Mais :
Sentinelle enlacée à la liane volubile
Tu gravis mon désir jusqu’à cette canopée
Où tu décroches tous les soirs ces ciels mauves
Pour lancer la nuit sur nos étreintes de colosses
Mon jardin secret
Change avec tes saisons
Poète tu es, admiratif je suis.
Merci Chamans.
Oui, je crois que mon découpage en strophe est un peu contestable vers la fin. Je préfèrerais peut-être :
Au creux des vignes chaudes
Tu prodigues des ivresses de lézard
En brassées d’herbes folles
Ton rire de sauterelle me digère doucement
Ou alors morne plaine
Tu joues l’exigeante boudeuse
Recluse en brouillard d’hiver
Dans tes replis d’amour en cage
Plus encore, inaccessible, mystique
Tu te caches parmi les cactus
Aux fleurs improbables
Que tu nourris d’un sein de Marie-Madeleine