C’est la trêve
L’invective au râtelier des rages oubliées
On n’ose plus, on baisse la tête
D’un triste sourire, on chuchote un réconfort
Un dépassement un oubli
Des « Oui ça ira bien sûr »
Ceux-là laissent les murs glacés les envahir
Pierres éteintes derrière leurs meurtrières
Fini les temps des quêteurs existentiels
Des jouisseurs morbides d’indicibles chagrins
Certitude de braise froide
Feutrage de corridors d’hôpital
Qui se muent en allées crissantes d’un cimetière
Qu’on ne pourra même pas fleurir
Abandon bras ballants entre les rangées de mots
Têtes trop lourdes de poèmes et d’envies
Rires qui s’écaillent en nœuds de pendus
J’entends les clous crier à vos pieds de biche
Le silence s’approche
Isabelle a froid
Elle attend qu’on l’enterre
https://www.youtube.com/watch?v=Xlqr-IXTEpE
Texte que je publie en écho au « De profundis » de Loki.
Je l’avais écrit à l’occasion de ce fameux 22 février – Sainte Isabelle -, date à laquelle ce site sur lequel nous nous sommes connus et que nous avons tant aimé a été clôturé définitivement et que toute trace sur le net en a été effacée. Triste.
Isabelle a froid ! J’en suis désolé.
J’avoue que j’ai quelques difficultés à faire la jonction entre cette poésie, la date du 22 février, Léo Ferré et De profundis…
Please quelques explications ! Danke
Un poème magnifiquement glaçant et émouvant. J’aime les images fortes, en particulier : L’invective au râtelier des rages oubliées, Feutrage de corridors d’hôpital, Qui se muent en allées crissantes d’un cimetière, Rires qui s’écaillent en nœuds de pendu…
La référence à Léo Ferré est peut-être – outre le sujet de la mort d’un être cher – le phrasé de Léo Ferré qui pourrait convenir à ce texte ?
Isabelle a froid, dans un entre-deux entre la vie et la mort, encore un peu là avec nous avant d’être enterrée. Comme le racontent les témoins de « near death experience », elle semble entendre les murmures, les soupirs, les rages enfouies de ceux qui sont présents à son enterrement avant que le grincement des clous n’appelle à la séparation définitive.
Un poème qui m’a émue. R.I.P Isabelle, pour toi un chant funèbre sur de délicats accords de guitare, My Lady d’Arbanville
Bon, Loki, merci pour ta lecture et voici ce que je peux te répondre :
Pigé, les liens ?
Je n’ai pas envie d’être plus prosaïque… 🙂 et de démonter davantage mon texte, sinon ce ne serait plus un poème mais une nécro journalistique !
Line, je suis heureux que ce poème t’aie touchée. Je te remercie pour ta lecture et ton commentaire, et j’aime la façon dont tu t’appropries ce texte.
Tu as bien fait Hermano de publier à nouveau ce très beau texte que j’ai découvert. Quelle magnifique évocation de cette circonstance que nous avons tous connue, où l’on ne sait si la présence des autres est un poids ou un réconfort, les « jouisseurs morbides d’indicibles chagrins », « l’abandon bras ballants entre les rangées de mots ».
J’ai entendu les cailloux crisser, les sanglots retenus et les phrases susurrées qui ne les couvrent pas.
PS pour terminer sur une note plus gaie : J’ai connue une Isabelle, elle n’avait pas les yeux bleus
PS encore : Poignante interprétation de Léo Ferré
Mouai !
Je veux bien, mais ces liens me semblent assez ténus.
Ce n’est pas grave, le poème se suffit à lui-même !
Il y a tellement de façon de traiter De Profundis
Il a la façon paillarde qu’affectionnent les carabins
Mais je préfère nettement celle-ci :
Un jour pousse hier. Un jour poussière. Un jour, poussière… Qui pourra dire la déchirure, la béance , le vide de l’absence qui laissent les corps sens interdits ? Les mots s’avouent vaincus. Comment consoler la peine ? La vie est là, tremblante d’effroi et de stupeur, palpitante d’espoir… Un jour pousse hier.
Merci Tanagra pour avoir lu et commenté si joliment.
Un commentaire que tu pourrais bien publier dans la rubrique « Poèmes » qui, sans toi, reste un peu vide.
Alors, pardi, Isabelle continue d’avoir froid !