Fascinante sueur
Des globules troués,
Meurtris jusqu’au bout
De leurs pétales dorés
Délirante peur
Du paquet de nerfs,
À vif sur le grill
De nos menaces folles
Palpitante ardeur
Des mufles baveux,
Fendus par le soc
De mes doutes subtils
Enivrante odeur
Du sang du tyran
Hideux, pris au piège
De tes rêves maudits
Lancinante torpeur
Des yeux égarés,
Fuyant sur le rail
De nos rages amères
Fulgurante douleur
Du ventre du temps,
Souillé par le viol
De ses antres sacrés
Émouvante fleur
Émouvante fleur
Si je ne connaissais pas la qualité des textes de cet auteur, je n’aurais pas pris le temps de relire plusieurs fois ce poème !
Mais j’avoue à ma grande honte qu’à part la musicalité des vers que je ressens, je n’ai pas réussi à trouver le sens caché de cette œuvre.
J’ai la sensation d’avoir atteint mon niveau supérieur de compréhension.
Je me sens comme un ver de terre devant une œuvre de Michel Ange. Pardon…
Ah ! Hermano ! Toujours inventif et déroutant. Ce texte est puissant ! Comme Loki je n’en ai pas une intelligence très nette mais qu’importe. J’ai cherché l’étymologie du mot « Heure » pour n’y découvrir que ce que je savais déjà « du latin hora : division du temps ». Il s’agirait donc de la hantise du temps ?
Excuse-moi je vais être très terre à terre. La première strophe évoque pour moi la fièvre et le staphylocoque doré qui ronge nos organes comme le temps nos vies. D’où la délirante peur, le gril de nos menaces folles et la suite du poème… Expérience personnelle sans doute. Mais ce texte est d’une très grande force.
Je dois cependant t’avouer que s’il s’agit du temps je n’y vois pas une émouvante fleur, mais un redoutable chardon qui ne cesse de nous lacérer.
Encore bravo pour ce poème que j’ai lu et relu sans aucune lassitude.
bonsoir Hermano,
J’ai lu ton poème de nombreuses fois ; je le trouve fort, attachant, troublant.
Je n’oserais pas dire que je le » comprends » ; à chaque nouvelle lecture, une petite fenêtre s’ouvre et je sens , (à ma manière) des éléments qui se révèlent :
je sens la hantise du temps qui passe, nos maladies, nos angoisses par rapport aux problèmes du monde…
En écoutant les infos, je ressens souvent une sorte de stupeur, de dégoût, de honte, de révolte…( par rapport aux guerres, aux injustices, à la pauvreté…)
Je retrouve un peu de ça dans « Heure me hante ».
Mais c’est une façon personnelle de sentir les vers et c’est peut-être » à côté »
A la fin, il y a de la beauté, du plaisir…
Merci, Hermano .
Un jour, quelqu’un m’a appris l’astuce pour me souvenir de mes rêves : avant de dormir, murmure-toi plusieurs fois : je vais me souvenir de mes rêves. Et lorsque tu te réveilles, garde les yeux fermés et essaye de revisiter ton rêve. Dernière étape : prends un stylo et du papier que tu gardes sur la table de chevet et écris le tout.
Et voici maintenant pourquoi j’ai lu cet étrange poème sans ressentir ni un « ah », ni un « oh » ni un « pfft ».
Il suffit donc de le considérer comme s’il s’agissait d’un cauchemar mis sur papier. J’ai effectivement du mal à cerner ce poème, de ce fait, l’auteur a bien maîtrisé son sujet.
Merci Purana d’avoir donné une explication à mes interrogations !
Ainsi ce poème est la retranscription d’un cauchemar. Donc je m’incline : tout est permis dans un cauchemar…
Je remercie le ciel, jusqu’à maintenant les miens sont plus softs et rationnels.
A chacun ses cauchemars et les vaches seront bien gardées (d’une expression française bien connue !)
Je vois que ce poème vous intrigue plutôt et vous emmène chacun dans un univers différent et dont vous n’êtes pas vraiment sûrs.
Alors, je vais essayer de vous livrer un peu le making-of, si tant est que je puisse me l’expliquer à moi-même !
Mais n’est-ce pas le but d’un poème, après tout, de laisser le lecteur imaginer ? Il me semble que c’est ce que veut dire Purana. En fait j’ai laissé venir les mots (qui sont venus facilement et même en se bousculant comme, oui, dans un rêve), et pour une fois j’ai pas mal travaillé ensuite pour arranger tout cela au mieux.
C’est un texte que j’ai écrit il y a longtemps. Les déclencheurs étaient le tableau « Guernica » et le documentaire et surtout la chanson « Nuit et brouillard« , et c’est peut-être Nima qui ressent le mieux mon intention dans ce poème. Ce sont les textes de mon voisin sur la page d’accueil qui m’ont donné envie de le republier (un peu la même atmosphère, je trouve).
Loki, j’ai tenté effectivement un petit travail sur la musicalité (« ante » et « eur ») en incluant ces syllabes au début de chaque strophe. Pour le reste j’ai laissé venir les mots inspirés par l’horreur et la souffrance en essayant de privilégier les pentasyllabes, mais pas tout le temps. Ce sont des vers courts et impairs qui, il me semble, donnent davantage d’impact. Une sorte de recherche esthétique, aussi.
Pour Chamans : je ne trouvais pas facilement un titre mais, finalement, cette répétition de « ante » m’a fait penser, dans le contexte de ce poème, à la hantise qui plane au dessus de toutes ces souffrances qu’on ne peut oublier et dont on se rappelle à chaque heure (« eur »). D’où ce titre tout à fait elliptique, j’en conviens, mais que j’ai trouvé adapté et un peu intriguant comme le texte lui-même.
Quant à « Émouvante fleur » pour conclure, je ne saurais l’expliquer… mais vous le ferez peut-être ! Besoin de contraste, de relief, de soulagement ? Je ne sais pas dire.
Voilà. Loki, Chamans, Nima, Purana, merci beaucoup pour vos lectures et vos commentaires.