Quai de gare

Il reste en ma mémoire
ces taches vertes et rouges
Ses cils
son regard noir 
où tombe la paupière

Hantant ce quai de gare
Elle va et revient
En traces rouges et vertes
Frileuse silhouette
Qui glisse en silence
Sur ce quai désert

Habillée de mémoire de peau
Et de douce douleur au ventre
Stigmates d’amour puni
Elle relève son col, me regarde

Ses lèvres bougent
Comme dans un film muet
Je n’entends pas sa voix

Une trace d’amante
En rouge et vert se grave
Dans mon cœur améthyste

Je me demande
Si un jour je reverrai
Cette femme en manteau
En sourire en chapeau
Qui suit le glissement
Du train qui fuit 
Comme le temps qu’elle pleure
pleure 
pleure

Elle pleure ces pour-toujours
qui riment avec des jamais 
des jamais comme des à jamais