en écho à “L’essence d’un être” de Tanagra
Demain,
Je serai de l’eau qui s’éclaircit
Un écheveau qui se démêle
Pour plonger dans l’âme du vent
Vipères dénouées des poings
Armes aux râteliers de l’Histoire
Toutes rancunes épuisées
Falbalas au fond des armoires
Les sens tous enfin apaisés
Seul le bonheur dans ma mémoire
En mon armure peau de chagrin
Je t’attendrai
Demain, faucheuse tranquille
Je serai prêt
Que n’a-t-on déjà écrit sur la mort ?
J’aime cette poésie calme, pleine de résignation, apaisée.
En totale opposition avec celle écrite par La Fontaine que j’ai apprise par coeur et mille fois récitée.
La Mort et le Malheureux
La mort à son secours.
O mort, lui disait-il, que tu me sembles belle !
Viens vite, viens finir ma fortune cruelle.
La Mort crut, en venant, l’obliger en effet.
Elle frappe à sa porte, elle entre, elle se montre.
Que vois-je! cria-t-il, ôtez-moi cet objet ;
Qu’il est hideux ! que sa rencontre
Me cause d’horreur et d’effroi !
N’approche pas, ô mort ; ô mort, retire-toi.
Mécénas fut un galant homme :
Il a dit quelque part : Qu’on me rende impotent,
Cul-de-jatte, goutteux, manchot, pourvu qu’en somme
Je vive, c’est assez, je suis plus que content.
Ne viens jamais, ô mort ; on t’en dit tout autant.
Un poème poignant…
Sans envolées lyriques, sans fioritures, ce poème nous fait ressentir que la mort fait toucher l’essentiel et passer les tracas futiles qui encombrent nos vies (eau qui s’éclaircit, écheveau démêlé). À l’heure où les passions cessent de le tourmenter (rancunes épuisées, sens apaisés), le héros attend la mort dans un calme lucide, touchant de fragilité derrière son armure en peau de chagrin et son bouclier des bonheurs passés, jamais oubliés.
Merci !
Résilience en écho à cette enfance, cette adolescence fracassées.
La “mort” ce personnage représenté en tout temps et de multiples façons.
Peut-être mériterait-elle de figurer par les clients du psychologue céleste après Dieu, le Diable, un ange et Saint-Denis.
Qui s’y colle ?
Tout est accompli donc, et elle sera accueillie dans la sérénité :
Toutes rancunes épuisées
Les sens tous enfin apaisés
Seul le bonheur dans ma mémoire …
Les croyants y verront une préfiguration du bonheur posthume, éternel. Les autres un rêve doux, celui d’accéder enfin, et encore à temps, à cet état de calme plénitude, au moins pendant quelques heures qui à elles seules tempèreront une vie d’agitation et de vaines poursuites.
Une vision apaisée de la mort, un rêve poétique, si joliment dit.
Je ne peux m’empêcher de penser à la chanson de Brel “J’arrive”, une attente résignée et moins sereine.
“Armes aux râteliers de l’Histoire”. Quelle belle image !
Merci à vous d’avoir lu et commenté.
Oui, ne gardez toujours que le meilleur ! Sourire !