De gros papillons jaunes
Viennent boire le fleuve
S’envolent et reviennent
Inlassable manège
Leurs cœurs de métal au bruit sourd
Vibrent l’air et le ciel, sinistre symphonie
Pour nos corps et nos cœurs
Inlassable manège
Les gros papillons jaunes
Retournent vers les forêts aveugles
Assoiffées, crépitantes
Inlassable manège
Honte de trouver belles
Ces images
D’apocalypse orange
Inexorable, le feu.
Sortilège.
Impossible sommeil
De la forêt qui nous vient
En poudre blanche
Cette poésie est tristement d’actualité !
Nous avons méprisé la nature, elle se venge…
Dans la Drôme où je suis actuellement, la forêt brûle sur les montagnes dans le Vercors. Une journée de pluie en deux mois et demi !
Et depuis une semaine le ballet incessant des avions et des pompiers.
Et l’été n’est pas fini le pire est à venir…
À l’heure où je découvre ce poème, des papillons jaunes survolent ma maison des Landes et vont à 30 kms de là arroser les pins incandescents. Ils vont par deux en ballet régulier, guerriers rassurants. Du bord du lac on voit la forêt trouée d’une large bande de 200 à 300 m de large, pour éviter la propagation. Forêt, animaux suppliciés, hommes au combat sous les armures, il fait si chaud… Chacun regarde vers le ciel : pleuvra, pleuvra pas ? Et si oui comment ? L’éclair enfoncera-t-il son dard dans la forêt meurtrie ? Et le vent d’où soufflera-t-il ? Les dieux sont en colère et les pins n’ont plus de larmes de résine pour pleurer.
D’autres sites parlent aussi de papillons jaunes !
https://www.lapassiondespoemes.com/?action=viewpost&ID=33561&cat=8
Je suis au pays où naissent les papillons jaunes. Tout de verdure, de rivières courant et glissant entre les arbres, d’eaux étalées à l’orée de forêts ombreuses. Le soir, à la fraîche on plonge son regard dans les reflets froissés d’un eau incendiée de tous les rouges, de tous les jaunes, mais ce n’est qu’un coucher de soleil sur le lac, beauté de feu.
Etrange contraste, dans ce pays où le mot sécheresse semble encore inconnu.
Qui ne serait fasciné par le ballet de ces lourds insectes ronronnant, transportant dans leur ventre l’espoir de limiter l’enfer, là bas, au loin où le ciel s’obscurcit, où la forêt s’immole, où le ravage progresse dans son inavouable beauté.
Merci Hermano pour cette belle et dramatique évocation.
Merci à vous d’avoir lu et commenté.
Merci Loki pour la jolie référence.
Cette poésie m’inspire un haïku !
Des papillons jaunes
Cœurs de métal au bruit sourd
Inlassable ronde
Ailleurs…
Un autre haïku !
Des papillons noirs
Cœurs de métal au bruit sourd
Ukraine détruite