Par principe
Je vivais la fenêtre ouverte
Dans le film de ma vie
Le son était coupé depuis longtemps
Et maintenant
L’image se brouillait
Cotonneux
Absorbé de sourdes envies
Vite évanouies en renoncements indolores
Je flottais
Bourré d’âges immémoriaux
De souvenirs délavés
D’aventures rêvées
De toutes ces choses qui
Emplissent une vie de has been
Et te laissent creux
Au seuil de la maison que tu ne sais plus fuir
Quand quelques flash-back te tiennent lieu
De partie gratuite
Quand tu ne sais plus jouer à rien
Quand tu te dis que c’est bientôt game-over
Qu’alors tu commences à trembler
À moins que…
Oui !
Par la fenêtre
Ouverte par principe
On a remis le son, et l’image s’éclaircit !
Les arbres ploient sous les fleurs
Je retrouve cet amour, cette joie
Je suis de l’eau qui coule à nouveau
Merci Hermano, j’adore ce texte touchant, profondément humain et optimiste et absolument cinématographique, le film se prêtant particulièrement bien à la métaphore de la vie.
Et comme quoi il faut garder la fenêtre ouverte pour saisir les opportunités et retourner la situation !
Dans le rythme, je verrais bien qq chose du rap,avec toutes ces phrases courtes.
Voici pour toi une dédicace spéciale (comme on faisait à la radio autrefois): « Ainsi soit-il « de Louis Chedid .
Voici quelques extraits de texte, et plus bas un aperçu musical de la chanson :
Flash-back tu regardes en arrière
Toutes les choses que t’as pas pu faire
Tu voudrais disparaître dans l’rétroviseur
Mais personne n’a jamais arrêté l’projecteur
Autre séquence autre scène
Champ contre champ gros plan sur elle
T’as raison y a qu’l’amour qui vaille la peine
Demande à l’éclairagiste qu’il éteigne
https://open.spotify.com/track/0QyZr2HXSVJgTci0DPfcB9?si=fdd526563e234ea3
Les deux premières lignes suivi d’un premier espace avant la suite, et puis la suite, ces images qui m’évoquent un bout de passé engourdi… Voilà, je suis emporté. Les mots jaillissent. De l’eau coule à nouveau, peut-être aussi par principe.
Bonjour Hermano,
Ton poème me plaît par sa simplicité.
Naissent des lueurs d’espoir : arbres, fleurs, amour, joie, eau, …clarté…
après une phase désertique.
Des expressions me touchent particulièrement :
– bourré d’âges immémoriaux
– souvenirs délavés
– cotonneux, absorbé de sourdes envies vite évanouies en renoncements indolores…
Plus je le relis, plus il me plaît.
Merci, Hermano
Merci à vous pour vos commentaires.
@Nima : je trouvais que « bourré d’âges immémoriaux » était un peu ‘too much »…
En fait, on ne sait jamais comment un texte sera ressenti par chaque lecteur !
@Line : je ne me hisse pas encore au niveau de Louis Chedid (très belle chanson) et encore moins à celui de son illustre mère que je vous conseille de lire et de relire.
@Tom Astral : Merci d’avoir lu et commenté et heureux de te revoir ici.
Résurgence de la sève.
J’aime quand tu t’ouvres, te confies.
L’intime tutoie ici l’universel, ce qui magnifie encore la beauté de ce poème.
Magnifique texte Hermano où tu évoques si bien l’état délabré du has been, « Absorbé de sourdes envies
Vite évanouies en renoncements indolores », avec des mots si poétiques si inventifs et si justes !
La dernière strophe ouvre la fenêtre sur un espoir que je crains illusoire, mais c’est par principe…
Une question : Pourquoi cette forme ? D’emblée j’ai lu ces lignes comme de la prose, et franchement elles n’y perdent rien !
@Tanagra : merci pour ces éloges ! et tant mieux si tu y trouves de l’universel. J’ai toujours pensé que toutes les bonnes oeuvres d’art devaient toucher à l’universel. Je n’aime pas beaucoup qu’un poète ou une poétesse me dise que je ne peux pas comprendre son texte, que c’est trop personnel, que je n’ai pas les clés : ça me frustre et ça m’énerve. A quoi bon, alors, m’en proposer la lecture ?
@Chamans : merci de cette lecture et de ce commentaire. Tu poses de nouveau cette vieille question : est-ce que des bouts de phrases les uns sous les autres constituent un poème ?
Pourquoi ne pas adopter la forme habituelle du récit, en évitant de se hisser avec maladresse et vanité sur le podium des poètes ?
Je me pose assez souvent cette question (pour les autres !! 🙂 ) et c’est vrai que je dois moi-même commettre ce petit péché de temps en temps.
Comme je l’ai dit l’autre jour et comme mon amie Purana me l’a fait remarquer maintes fois, je suis vraiment résistant (probablement bêtement) lorsqu’on me suggère un changement dans mon texte, alors je vais essayer de me justifier un peu : je crois que si j’ai choisi cette forme c’est parce qu’elle offre une lecture plus lente, avec des pauses qui permettent de mieux s’imprégner du texte, et qui donnent davantage de force à chaque mot.
C’est un peu comme si sur mon étagère je mets un seul objet à voir au lieu de plein d’objets tous intéressants mais qui ainsi rassemblés perdent chacun un peu de leur intérêt. Est-ce que les vers seraient des étagères pour y poser des mots choisis ? cela va nous faire sourire !
Bon, j’arrête, je vais finir par bafouiller !
J’ai bien noté que tu as trouvé le texte poétique, et que ta remarque concerne la mise en forme.
J’aimerais bien, cependant, avoir d’autres avis là-dessus.
@Chamans et @Hermano : Très joli Hermano la métaphore des étagères pour mettre des objets poétiques en valeur. En ce qui me concerne je vois cet agencement en lignes courtes comme une rythmique, une ligne harmonique. La poésie c’est aussi ça.
@Hermano : Dans la famille Chedid, le fils Matthieu (« M ») est très talentueux aussi : 13 victoires de la Musique quand même. Il joue avec les mots aussi bien qu’avec de nombreux instruments de musique. Et il joue avec son apparence aussi.
Par rapport à la forme du poème : je trouve que la mise en forme rend le texte plus beau ;
pour moi, fond et forme sont ici bien liés ; ( respiration, espace…).
Line, Nima, merci (tardif) pour vos réponses.