Au commencement, c’était le désert…
De son jardin de Gethsémané
fuyant l’ombre des palmiers de son cœur
elle a soulevé le rideau de perles
pour venir du bout du monde
remonté les caravanes
affronté les vents de sable
couru sous l’onde de la chaleur
Deux allumettes enflammées pour percer la nuit
jusqu’à lui,
jusqu’à son attente sereine
Deux yeux si grands
deux yeux immobiles pour le regarder
attendre, tendre…
et pour aimer
cette attente d’elle
Il le savait
un jour elle viendrait à son océan
tranquille et farouche
en douceur d’écume et de peines
Deux lèvres rouges
de désir fou
à poser au creux de son cou
et pour toujours
le marquer de leur fer
rouge
Une asymptote monte
vers un bonheur inatteignable
Une autre coule
vers un abîme sans fond
C’est le retour au désert…
J’ai lu ce poème à maintes reprises, étonnée par sa beauté malgré ou plutôt grâce au « blues ».
C’est très bien écrit, la mise en page est magnifique et le titre est superbe. Mille bravos !
L’incroyable harmonie donne aux mots l’aspect d’une rivière qui coule tranquillement et qui se termine à la fois au zénith pour l’un et au nadir pour l’autre.
Vraiment, ce poème touche les plus minces cordons de mon âme. J’ai senti la montée « vers un bonheur inatteignable » de l’un ainsi que la descente « vers un abîme sans fond » de l’autre.
J’aime à penser que même après avoir été déchirés l’un de l’autre, une fois partagé, un véritable amour continue sa propre destination asymptotique jusqu’à l’éternité, sans jamais atteindre zéro.
Je ne peux qu’être profondément émue par le contenu de cet écrit admirable.
Merci, Purana, pour ces louanges !
Je ne pensais pas en mériter autant…
À vrai dire, cette idée d’asymptote m’est venue dans un deuxième temps pour conclure le poème.
J’ai toujours trouvé qu’il y avait beaucoup de poésie dans les mathématiques, ou du moins dans les termes de la mathématique. Et je ne dis pas cela pour plaire à Loki ! Toutefois, je dois noter que certaines asymptotes se dirigent vers l’infini… au moins sur l’une des coordonnées ! Pas vrai, Loki !?
Mais qui nous dit que, finalement, elles ne reviennent pas de l’infini ?
Une asymptote monte
vers un bonheur inatteignable
Effectivement cette notion d’asymptote est à l’image de la vie. Tout être humain essaie d’atteindre un but, que d’aucun appelle bonheur. Il croit que la possession est le bonheur alors qu’en réalité il est dans le désir…
Tu prouves une fois de plus Hermano que la poésie peut aussi se nicher aussi dans la mathématique. Loki est content, le bougre !
Merci Loki !
Quelle sagesse !