Il y a tant à dire ou à faire
Combien de rendez-vous manqués
À quêter en vain l’inaccessible de nos rêves
Combien de visages en fuite à portée de nos regards éteints
De voix étouffées gisant aux rives de nos silences
Et combien de vies aimées jadis en d’autres saisons
Que nous laissons un jour continuer sans nous leur voyage
Il y a tant à dire ou à faire
Cette lettre inachevée posée là sur la table
Ce livre en souffrance à peine commencé
Cette parole enferrée dans la prison du cœur
Cette musique dans nos têtes qui ne sera jamais jouée
Et cette aventure rêvée comme un nouveau départ
Dans l’agonie d’un soir tout juste évoquée
Il y a tant à dire ou à faire
Nous manquons les chemins de clarté
Préférant l’ombre des traverses où la peur nous entraîne…
Mais au prix d’un labeur à prendre à pleines mains
Quand revient ce sens perdu
Ensoleillé d’espérance
Il nous reprend de consentir au risque d’un projet qui s’annonce
Et dans cet élan qui advient par l’on ne sait quel miracle
Aux ornières d’un passé sans issue nous préférons les promesses de l’avenir
JPG
J’aime beaucoup cette poésie parfaitement agencée qui illustre parfaitement les proscratinations jalonnant nos vies.
Par contre je pense que ce site est là, pour confronter ses oeuvres littéraires aux jugements des membres.
La discrétion doit être de mise ! SVP nous ne sommes pas sur la Place rouge…
Genèse 1:27
“Puis Dieu dit : Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance […]”.
Genèse 2:1
‘[…] Et le septième jour, Dieu acheva son œuvre qu’il avait faite, et il se reposa le septième jour de toute son œuvre qu’il avait faite […]”.
Non, Dieu ne nous a pas créés à son image. Après tout, il a réussi à terminer son travail en six jours.
Regardez-nous, pauvres créatures qui ne pourrions pas finir tout ce que nous voulons faire, même si nous avions la chance de vivre cent ans.
JPG, tu as exprimé cet immense manque humain dans un langage poétique et profond, toute ma gratitude pour cela.
Je dois quand même avouer que l'(auto) portrait joint à ton texte a un peu gâché ma lecture.
La sage modestie du texte est éclipsée par une envie quelque peu narcissique de pousser une photo de soi sous le nez du lecteur.
C’est vraiment dommage. Ce beau poème ne mérite pas l’agacement provoqué par une telle manœuvre, d’autant plus que je n’entends pas en quoi elle le servirait.
C’est un très beau texte, qui dit si bien nos intentions envolées, nos entreprises inachevées, nos amours déviées, avec l”espoir final d’une issue, si souvent si vainement renouvelé ?
Cette lueur, que je sens illusoire à la fin de ton poème, ne saurait effacer à mes yeux ce sentiment d’impuissance que vit le narrateur et que nous connaissons tous. Cette touche de rose ne suffit pas à en masquer la noirceur.
Merci Jean-Pierre.
Je me serais moi aussi passé de la photo, mais pourquoi pas ?
Je ne reconnais sur l’image ni Antoine Pol ni Georges Brassens, mais ce poème bien balancé (au sens musical de son rythme) me fait penser aux “Passantes” : même prise de recul, même nostalgie, un léger fatalisme. Comme des vagues qui viennent s’affaler sur la grève, rythmée par ce lancinant “il y a tant à dire ou à faire” qui finit par me hanter.
Très réussi, je trouve. Merci pour ce texte.
Oui, c’est vrai, “il y a tant à dire ou à faire“… mais qu’est-ce qui nous retient ?