J’aime les chagrins d’amour
Ils rendent le souffle court
Enveloppent les ardeurs en pluies amères
J’aime les larmes de manque
Les creux laissés dans le ventre
Les cris du désert et les routes fades
J’aime le désespoir qu’il laisse
Les cris et les portes closes
Les fins d’histoire qui claquent
J’aime l’abandon amoureux
Nos mains qui se séparent
Les bouches qui ne se toucheront plus
J’aime la tourmente
Ses nuits blanches, ses matins noirs
Les jours sans espoir et l’avenir linceul
J’aime les mots calvaires
Les phrases abruptes, sans concession
Les vérités jamais bonnes à attendre
J’aime la torture que tu laisses
Ton corps qui ne reviendra pas
Mes espoirs perdus dans le miroir
J’aime nos blessures ancestrales
Les réveillées, les anciennes, les toujours
Les heures pleurant les remèdes
J’aime ces gémissements du mal d’amour
Les râles au cœur de la nuit
Les orgasmes de ma tragédie
J’aime endurer la mélancolie
Savoir que c’est à jamais parti
Les minutes qui entaillent les rares espoirs
J’aime vivre l’enfer des jours sans toi
Délicieux déchirement
Faible punition pour mon audace
J’aime notre histoire d’amour
Panache des passions déraisonnées
Aller retour d’un règne de folies
Décidément cette semaine “l’amour” est à l’honneur.
Tanagra nous propose un “amour” tumultueux et dithyrambique, toi Laurence un “amour” tragique et malheureux, mais ne sont-ce pas deux des facettes de l’amour ?
J’ai aimé cet exégèse de la souffrance quand l’amour n’est plus. Merci !
Que voilà une déclaration enflammée ! Que n’auraient pas reniée les romantiques les plus échevelés et les plus aboutis.
Celle d’une âme sans repos ! et qui veut continuer de palpiter à marche forcée après la rupture. Qui veut épuiser tous les parfums de l’amour jusqu’à leurs dernières volutes.
Mais comme je suis d’accord !
Le pire, c’est bien quand tout s’arrête, quand on ne sent plus rien, même pas de l’indifférence…
Ce que me dit le poème, c’est cette soif d’émotions, parfois de violence, cet appel à la douleur plutôt qu’à cette chape de sable et d’oubli sous laquelle on reste mort pour toujours… mais… où reste peut-être une graine endormie.
Bravo et merci Laurence pour ce poème vibrant, touchant et tellement vrai.
Mais pourquoi ai-je lu “J’aime l’abdomen amoureux” plutôt que “J’aime l’abandon amoureux“…? Tu réalises jusqu’où ton texte me transporte !!!
Poème bien écrit avec un thème inattendu : la joie évoquée par la souffrance.
Pourquoi pas ?
La variété est le piment de la vie, cela lui donne toute sa saveur (William Cowper).
Oui, encore une définition presque complète d’un véritable amour. Sourire.
Au moment où on subit la dernière torture, la première est oubliée et on peut plonger à nouveau aveuglément dans le premier ravin.
Jamais un moment ennuyeux !
Quelle belle surprise de te revoir ici.
Vraiment, je suis très contente de te retrouver parmi nous.
Je te souhaite donc une chaleureuse bienvenue et j’ai hâte de te lire à nouveau.
Purana
Merci à vous trois pour cet accueil !
Merci Laurence pour ce poème en anaphores qui nous fait partager avec sensibilité un point de vue inattendu.
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J’aime tes expressions originales
Les vérités jamais bonnes à attendre,
Les cris du désert, l’avenir linceul
J’aime ton art du paradoxe
Les blessures de guerre brandies,
Telles l’oriflamme du combattant