Elle me disait qu’elle m’aimait

À poings fermés

Encore une illusion, pensai-je…

Dans ce rêve éveillé,

je sentis sa main

 

Avançant toujours dans le rêve…

encore une illusion, pensais-je…

Je perdais le sens réel…

Me réveiller, ou seulement poursuivre mon rêve ?

Je flottais dans une écume de nuit

Pourquoi aurais-je rêvé d’elle ?

 

Je me mordis un bout de doigt

tout en rêvant encore et ne sachant

Si ce bout de doigt était à moi

ou bien si c’était le sien

 

J’insistais plus fermement

puis ne m’en souciai plus et

j’insistais plus fermement

pour la laisser m’aimer

 

 

Dans ce remous cotonneux

mais est-ce que je dormais encore ?

Me débattant de mon mieux,

alors, je me rendormis et

J’agrippais le drap de mon lit.

 

Et ainsi à chaque fois…

la tête aux abois.

 

Mais je ne veux plus,

cette frayeur n’est point passagère.

 

De la même façon,

pour croire à ce que je ne crois pas,

je laisse toujours ce songe revenir,

oubliant la frontière entre rêve et cauchemar.

 

Si c’était moi, cette proie qu’on mord

saurais-je vraiment si j’ai le choix ?

Mon sang, si sombre dans ce rêve noir et blanc.

 

Moitié planant, moitié vibrant,

enfin, je comprends tout :

je ne sais plus où j’en suis.

 

 

 

Ce poème a été “fabriqué”, avec quelques légères retouches cosmétiques,
à partir des textes écrits par
Hermano (vers impairs) et Ophenix (vers pairs), puis Ophenix (vers impairs) et Hermano (vers pairs),
lors de l’atelier d’écriture en ligne proposé ici où vous trouverez leurs deux textes originaux.

 

 

Chacun devait écrire un poème en utilisant le texte d’Henri Michaux, qui nous pardonnera, et dont j’ajoute ci-dessous le poème qui les a inspirés.

 

 

 

 

Poème original d’Henri Michaux :

 

Je rêvais que je dormais

 

Je rêvais que je dormais.

Naturellement, je ne me laissais pas prendre,

sachant que j’étais éveillé

jusqu’au moment où, me réveillant

je me rappelai que je dormais.

 

Naturellement, je ne me laissais pas prendre,

jusqu’au moment où m’endormant,

je me rappelai que je venais de me réveiller

d’un sommeil où je rêvais que je dormais.

 

Naturellement, je ne me laissais pas prendre,

jusqu’au moment où, perdant toute foi,

je me mis à me mordre les doigts de rage

me demandant malgré la souffrance grandissante

si je me mordais réellement les doigts

ou si seulement je rêvais que je me mordais les doigts

de ne pas savoir si j’étais éveillé ou endormi

et rêvant que j’étais désespéré de ne pas savoir

si je dormais, ou si seulement je…

et me demandant si…

 

Henri Michaux   La nuit remue