Ceci n’est pas un poème mais je n’ai pu accéder à la rubrique “Autre texte”

Une dentelle de grès rose flotte sur ma jeunesse.

La haut ! Si haut !

Je ne sortais jamais sans que mes yeux montent vers toi. Parfois plongée dans le brouillard ou brodée de blancs bourrelets de neige, parfois inondée de soleil ou grise sous la pluie, selon le temps et les saisons au cours si rapide. Dirais-je que tu as été mon phare ? D’ici la mer est loin et l’océan plus loin encore et les vagues ne sont que vallées profondes, forêts, prés, champs labourés et monts bleutés. Et pourtant quand tu rougeoies au soleil couchant tu es un repère pour tant de gens, courbés sur leurs travaux, qui relevant le dos t’aperçoivent et se disent rassurés « Elle est toujours là qui veille sur nous ».

Tu traces dans le ciel mon lien au passé, à l’Histoire. Je suis parti loin, très loin, mais j’ai toujours gardé ton image précise, surgie des siècles, sans jamais imaginer ne plus te revoir. Tu m’as accompagné toute ma vie fichée dans mon coeur comme tu l’es dans cette terre difficile, longtemps ignorée. Le son grave de ton bourdon, les jours de fêtes, provoquait le tremblement des vitres et la vibration des âmes et la mienne s’en souvient. Et aujourd’hui quand, si rarement, je reviens vers toi je guette cet instant précieux où, des hauteurs du Lévézou, je te retrouve fièrement dressée au dessus des toits d’ardoises, comme si soudain je renouais avec une partie de moi-même à jamais restée à ton ombre bienveillante.

Quand le marin perçoit les éclats du phare annonçant l’arrivée au port, ne ressent-il pas quelque chose de semblable ?