Le texte qui suit n’est pas à proprement parler un poème. J’en écris très peu, et comme je les relis ils finissent en général dans la corbeille, mais il m’arrive de me risquer à écrire des textes de chansons. Celui-ci en est un. Pour moi un poème et une chanson n’obéissent pas aux mêmes exigences. Le poème doit se suffire à lui même alors que le texte de chanson peut compter sur la mélodie et la voix pour emporter l’émotion, de plus une chanson n’est pas faite pour être lue, mais entendue, la différence est de taille; par contre son texte doit être structuré et rythmé. Ici j’ai cassé volontairement la structure et le rythme qui cependant transparaissent, évidemment.
Une fantaisie pour le teinter aux couleurs de l’Oasis.
Ombre fraîche des frênes
Mirage
Dans l’été de ce pays brûlé
Engourdi
Et rayé par le chant des cigales
Ombre fraîche des frênes
Cruellement lointaine
Dans le souvenir vert de mollets alanguis
De jupe retroussée
D’avoines indiscrètes
Ombre fraîche des frênes
Sous le soleil câlin
Perdu dans le feuillage et mourant sur ton sein
Erotique inconfort
De deux corps
Enlacés
Griffés par les brindilles
Et pansés par le vent
Ombre fraîche des frênes
Absente à mon été
Caresse mon oreille du chant sans fin de l’eau
Dévalant les cailloux
Ombre fraîche des frênes qui berçait nos ébats
Comme la vie
Qui va
Langoureuse mélancolie des étés disparus…
Merci Chamans pour ce vent de nostalgie dans les branches du frêne. J’y associerais bien aussi l’ormeau tristement disparu, ou presque.
Je pense comme toi : une chanson et un poème, c’est bien souvent très différent, et je me suis surpris à trouver sans saveur les paroles de chansons que pourtant j’aimais beaucoup (quand je me suis attardé à vraiment les lire…). Je me suis d’ailleurs souvent questionné à ce sujet.
Cependant, je voudrais rappeler que des textes de grands poètes (ou reconnus comme tels) ont été mis en très belles chansons.
Mes mentions particulières vont à :
Et puis bien sûr :
Georges Brassens – Enfants voici les bœufs qui passent (Victor Hugo) / Il n’y pas d’amour heureux (Aragon) / …
Quant aux auteurs interprètes, on en trouve certains capables de poésie, mais c’est vrai que c’est un peu différent de Hugo ou de Verlaine :
Brel : Quand on n’a que l’amour / Ne me quitte pas, et tellement d’autres chansons
Léo Ferret – Avec le temps
Nougaro – Toulouse / Il y avait une ville
Renaud – Mistral gagnant / En cloque
Nino Ferrer – Le sud
Je suis d’accord avec toi Chaman, un poème et une chanson n’obéissent pas aux mêmes exigences. Le poème doit se suffire à lui même alors que le texte de chanson peut compter sur la mélodie et la voix pour emporter l’émotion, de plus une chanson n’est pas faite pour être lue, mais entendue. Peu de poèmes touchent chez moi ma sensibilité, alors que de nombreuses chansons produisent dans ma libido une réaction, un trouble de plaisir.
Comme Hermano je suis déçu en lisant uniquement les paroles d’un chanson que j’ai appréciée par ailleurs. Le duo parole + musique ajoute une dimension à laquelle l’oreille est sensible.
Mais je vais raisonner en vieux schnock que je suis pour les nouvelles chansons que j’ai entendus le texte est malheureusement d’une indigence crasse et s’il est de qualité il est en anglais donc pour moi incompréhensible.
D’ailleurs Hermano doit souffrir des mêmes maux que moi, les auteurs de chanson qu’il cite sont d’un temps que les jeunes n’ont pas connu.
Merci Loki de rappeler obligeamment nos âges. C’est vrai qu’à partir des années 80 je ne chante plus rien de juste…
Il reste encore Alain Baschung (Madame rêve / Volutes / La nuit, je mens) qui ne sont pas si mal, mais qui datent aussi un peu. Tu peux les écouter et même les lire. Ma culture de la chansonnette a dû s’arrêter là ! 🙂
Bonsoir Chamans,
J’ai lu » l’ombre fraîche des frênes » tantôt en chantant, tantôt en parlant ( je lis très souvent à haute voix).
De l’une ou l’autre manière, je trouve cet écrit mélancolique, nostalgique, très beau. Il se chante naturellement comme l’eau du ruisseau qui coule.
Merci Chamans.