La scène se passe dans un jardin public. Plus précisément au parc Montsouris.

 

Le parc Montsouris est l’un des plus grands espaces verts intra-muros de Paris. Il est situé dans le 14e arrondissement, entre la rue d’Alésia et la Cité universitaire de Paris. Construit sous Napoléon III, le parc Montsouris abrite un lac, de belles statues, des arbres remarquables, le restaurant « Pavillon Montsouris » et accueille de nombreuses espèces d’oiseaux à observer. Le visiteur y découvre également l’observatoire météorologique de Montsouris ainsi que la stèle « mire du Sud », matérialisant l’emplacement du méridien de Paris.

 

 Un jeune homme triste aux vêtements élimés se promène dans les allées du parc.

 Brusquement il vient s’asseoir à côté d’une jolie jeune femme en manteau de fourrure.  Au bout d’un moment, il engage dans la conversation :

  • Je trouve que l’existence n’est pas rose. Je travaille dans un bureau, sans fenêtre, où j’aligne des chiffres à longueur de journée.  Je n’ai même pas mon samedi et je reçois un salaire lamentable.  Je n’ai pas d’amis.  Les jours se suivent, mornes et sans intérêts.  Cela ne vous dérange pas que je vous confie mes misères ?

 Et la jeune femme, compatissante, lui répond :

  • Pas du tout ! La vie est un enfer pour moi aussi. J’habite dans une résidence à Neuilly et je m’y ennuie à mourir.  J’en ai assez des domestiques, des femmes des chambres et des valets qui sont sur mon dos à longueur de journée. J’en ai assez des écuries de course de mon mari. Il ne parle que de cela ! Croyez-moi, cela m’a fait plaisir de vous rencontrer, mais maintenant, je suis obligée de partir… Le chauffeur m’attend avec ma Rolls-Royce à l’entrée du parc.
  • On ne pourrait pas se revoir ?  Demande le jeune homme en tremblant un peu.
  • Mon Dieu, ce sera difficile, dit la fille. Mon mari est jaloux.  Il surveille ma vie privée de très près. 

Et elle s’éloigne.  Aussitôt, le jeune homme la suit de loin, en se cachant de bosquet en bosquet.

Il la voit se diriger vers le magnifique restaurant qui borde le parc le long de la rue Gazan.

Comme elle est belle ! Elle va sans doute déjeuner dans cet établissement prestigieux.

Mais elle contourne le bâtiment…

Tout en se cachant le jeune homme fait de même.

 À travers les vitres, il peut constater qu’elle enlève son manteau et s’attache un tablier autour de la taille.  Puis elle se met à laver les assiettes.

 

 Alors le jeune homme triste, sort du parc Montsouris, il ouvre la portière arrière d’une Rolls-Royce, s’enfonce dans les coussins, il sort un cigare de sa poche et il dit au chauffeur :

– Vous pouvez rentrer à la propriété, Albert.