Suite à vos retours positifs, je publie ici cette nouvelle écrite grâce à l’atelier en ligne intitulé « Du début à la fin » proposé par Line sur le site.
Il s’agissait de choisir un couple d’incipit/excipit et d’écrire un texte. J’ai donc choisi celui-ci :
” Au commencement il n’y avait rien.” (L’incipit) […] ” Ensuite, il ne s’est plus rien passé.” (L’excipit)
En réalité, cet incipit/excipit m’a fait penser à une histoire que j’ai déjà imaginée et contée lors d’une session slam, il y a un certain temps. Cette phrase de début et cette phrase de fin m’ont semblé opportunes pour mettre enfin cette histoire par écrit, dans une version la plus aboutie possible.
Avertissement :
Cette histoire n’est sans doute pas adaptée aux personnes sensibles ou traversant actuellement une mauvaise passe. Pour faire court, elle parle de l’enfer, ou disons qu’elle parle d’un monde sur le point de devenir l’enfer.
Je ressens les choses ainsi : parfois certaines expériences de pensée, aussi terribles soient-elles, peuvent nous permettre de relativiser certaines souffrances de la vie. Imaginer le pire pour voir autrement le meilleur. J’aime aussi rêver de mondes imaginaires lointains. C’est un peu avec ce ressenti et dans cette optique que j’ai écrit cette nouvelle.
Vive la vie. Tout ce qu’elle nous apporte. Soyons-en les relais.
Et bon bah, bonne (re)lecture ! Et surtout, merci à vous…
Tom Astral
Ce que nous avons fait de Negaci
Au commencement il n’y avait rien.
Et ce rien était une bénédiction.
Ensuite advint le noir, et ce noir était encore acceptable.
Et puis un univers est né. Le nôtre. Celui que nous avons nommé Negaci.
Pourquoi y a-t-il eu quelque chose plutôt que rien ?
C’est la question qui allait s’imposer à nous, à un moment fatidique de notre Histoire.
Pourquoi… ce quelque chose… Plutôt que tout ce rien, plutôt que tout ce noir. Plutôt que rien d’autre que le néant.
Je me présente, je suis Fferen, fantôme de la dernière nuit. Le temps d’un témoignage, juste avant de disparaître, à jamais, je me projette aux abords de cette oasis. Ce soir je prends ce qu’il me reste de parole. Je suis venu à vous comme le vent de l’invisible. Je ne brille que d’une faible lueur. Je suis là pour vous parler de Negaci.
Ainsi, il y a longtemps, très longtemps, notre univers, Negaci, est né. Quelque part en son sein, sur une planète âgée de quelques milliards d’années, la Vie est apparue. La Vie a voyagé sur cette planète, par-delà les formes d’agitation organique, et parmi toutes ces formes, toutes ces possibilités, ce fut à notre tour d’apparaître.
Nous, humains de Negaci, nous avons évolué, comme vous, jusqu’à pouvoir accomplir certaines grandes choses. Nous aussi nous avons marché sur notre lune, créé des intelligences artificielles, tutoyé les étoiles.
Nous avons eu nos propres imaginaires. Nos croyances issues des grands mystères et des peurs primordiales. Nos légendes et nos contes jaillis des immémoriaux. Le mythe de l’Homme-source. Plus ancien, celui de la Femme-Forêt. L’histoire des Filles du Dragon. Celle des Fils de la Méduse. L’enfant de la Rivière-en-vol. Moi, Fferen, j’étais maître-scribe consacré d’Am’kora, passeur de savoir des villages de Roche-Vive.
Si nombreuses furent les connaissances acquises au fil des siècles, les découvertes archéologiques, les déductions, si semblables aux vôtres, les cheminements historiques, les lois physiques, les secrets de la matière. Si nombreux furent nos récits créés d’imagination. Les Mille Passions de l’Aurore. L’odyssée d’Eada. Les Chants d’N’Moo. La comptine d’un village englouti par les eaux, rendue innocente par le passage du temps.
Nous avons eu nos grands artistes, leurs productions à travers les âges. Les Jardins Élevés d’Ammlhos. Le Penseur Inquiet, sculpté en l’an quatre avant Diamède. La Dame Éteinte, tableau peint en l’an delta-1119. La Symphonie des Wimodjahs, composée au quatorzième siècle. Le double album « Tenn » des Zenathans, en l’an delta-2004.
Nous avons écrit nos livres. Parmi eux, nos propres classiques, traduits dans presque toutes les langues, nos ouvrages cryptiques, nos perles méconnues et nos ovnis littéraires. La Communauté de l’Aube. Récits du démon. Conte de deux cabanes. L’ange d’outre-ciel. La machine à remonter le moral. La Maison des Reflets.
Nous, humains de Negaci, nous avons grandi tant bien que mal, dessiné, redessiné notre monde, effleuré l’idée de conquérir l’au-delà planétaire, exploré ce qui nous rendait bons ou mauvais.
Nous avons évolué, oui, évolué, peut-être vers le meilleur, et puis… Ensuite…
À un moment de notre Histoire, notre Humanité prit conscience de ce nouveau phénomène. De son évolution.
La douleur augmentait.
Cela commença de façon très fugace. Ça-et-là, de simples égratignures qui tout à coup se firent plus virulentes, plus dures à supporter. Ça-et-là, des pleurs prolongés dans une cour d’école. Dans le même temps, toute blessure cicatrisait plus vite qu’avant. Le corps humain s’avérait capable de guérir de plus en plus rapidement. Ça-et-là, des os fracturés rétablis en quelques jours seulement. Ça-et-là, des hôpitaux soudainement remplis de miraculés.
Des études furent menées en laboratoire. De nombreuses études, toutes froides et implacables, inquiètes, vérifiées, revérifiées, avec stupeur. La douleur augmentait. Intensifiée de façon absurde par le corps ou par son environnement, en vérité par les deux, comme nous étions en train de le réaliser. La souffrance augmentait. De même que la capacité de nos corps à tenir bon, à ne pas mourir, et donc à souffrir davantage. Plus terrible encore, le monde changeait. La nature et ses lois. La réalité elle-même prenait un cap inimaginable. La simple vue d’un arc-en-ciel engendrait de terribles migraines. Respirer devint également douloureux. D’atroces phénomènes advinrent dans ce nouveau monde. Le Vent-qui-Brûle. L’Eau Mordante. Les larmes de sable et la maladie des corps-cristaux.
Ici les mots pourraient me manquer.
Ô compagnons de ce soir, vous qui venez si souvent aux abords de cette oasis, afin de partager contes et poèmes à la faveur de la belle étoile des mots…
Pour vous retrouver ici, au beau milieu de ce désert, vous avez dû marcher dans ce désert. Peut-être étiez-vous pieds nus. Peut-être vos membres étaient-ils déjà endoloris, fatigués d’avoir déjà marché ailleurs, trop longtemps, en trébuchant.
Mais avancer sur tout ce sable, ce n’est pas cela qui vous a achevé, qui a multiplié votre peine.
À présent, oubliez le sable. Imaginez devoir marcher sur un sol de glace. Puis sur un sol hérissé de clous. Enfin, imaginez devoir marcher sur des braises. Sachez enfin que vous traverserez les flammes. Une part de vous se dit peut-être : Je finirai par mourir. Brûlé, gelé, noyé… Mais la douleur ne durera pas. Il y aura une fin à cette sensation si atroce. Imaginez alors que non. Sachez que votre corps se régénère plus vite que l’éclair, et qu’il ne vous laissera jamais de répit. Que vous ne pourrez plus que courir, que trébucher, que vous tordre, que vous ne connaîtrez plus que cela. Que vos seuls repos ne seront plus que des comas temporaires de quelques secondes. Que le reste du temps vous hurlerez de douleur, jusqu’à vous briser les cordes vocales, les os, encore et encore, jusqu’à tout faire pour mourir, coûte que coûte, en vous jetant dans un ravin, en vous offrant à la grande flamme des Plaines-écorchées. Cela non plus, ce ne sera pas suffisant. Votre corps se régénèrera de nouveau. Il guérira pour avoir mal, pour être aussitôt meurtri, encore et encore. Encore et encore.
Imaginez ensuite pire que cela. Considérez qu’il n’y aura jamais de fin à ce supplice. Peu à peu une mécanique insensible se sera mise en place. Les lois physiques, défigurées, corrompues, auront achevé de figer le réel dans l’état le plus terrible qui puisse être. Imaginez quelque chose de plus douloureux que des flammes. À jamais.
Voilà la direction que prenait notre univers. Ce vers quoi nous étions en train d’aller.
Le pire destin possible.
L’enfer.
Le véritable. L’éternel.
Voilà ce que Negaci nous réservait.
Alors nous avons décidé de détruire Negaci.
Imaginez des milliards de corps déjà endoloris, affairés à la même tâche, attelés au même projet démentiel, désespéré. Nous avons étudié notre univers, étudié sa Matière, son Vide, son Au-delà… Nous avons scruté, frénétiquement, la seule solution supportable. Un jour la plus radicale des équations fut résolue. Sur ce papier usé par les nombres, désintégrer le moindre composant du moindre atome semblait possible.
Naturellement, il fallut donner un nom à cette entreprise.
Au début, certains l’appelèrent « le Projet A ». D’autres, le « Plan Prioritaire ». D’autres encore, « le Noir Dessein ». Finalement ce fut, pour une plus large majorité : « L’Unique Horizon ».
Au fond, peu importait la désignation. Voilà ce qu’il nous restait à faire : Concevoir la Machine. La plus destructrice qui soit.
Tous les moyens ont été mis en œuvre. Absolument tous. Grandes et petites puissances se sont unies de-par le monde. La République d’Isal. L’Union des Deux Pôles. La Compagnie d’Aeel. L’Église des Quatre Continents. Les Royaumes d’Aurora. Les Nomades Unis. Les Frères-Pays. La Sororité des Grandes Steppes. La Communauté des Mers Intérieures. Les Archipels du Dathka. Les Yams, descendants des Tribus Sudiin. Le Culte de C’Sisth. L’Empire des Plaines du Mordriaal. L’Alliance d’Endorr.
Pour la première fois dans l’Histoire, notre Histoire, tous les peuples du monde se sont réellement unis autour d’un même objectif. Le dernier acte. Celui qui devait mettre un terme à toute existence.
La Machine fut conçue en un temps record.
La Machine fut placée à l’orée du Désert d’Entti, à douze pierres blanches de la Tour d’Ene Ramus, à quatre-vingt rells des premiers sentiers de l’Effren. On appela son emplacement le Point Zéro. Un fragment d’améthyste fut déposé en son cœur.
Nous étions prêts. Déterminés.
Sans l’ombre d’un doute, malgré la démesure de ce que notre Humanité s’apprêtait à faire. Il n’y avait pas à hésiter. Car il s’agissait de l’enfer. De son innommable menace.
Déjà, son tourment nous arrachait trop de cris enroués. La pluie nous faisait mal. Le soleil nous faisait mal. La clarté de l’aube et le clair de lune.
Nous aussi nous avions observé les étoiles. Nous aussi nous avions rêvé d’explorer des horizons inconnus et des mondes lointains.
Mais l’heure était désormais à la destruction la plus totale.
Il fallait tout abréger.
Assassiner l’espace, tuer le temps.
Écrire de force la fin de toute chose.
Ô compagnons de mon dernier soir, il me reste peu de temps avant de disparaître.
Je ne suis qu’un faible fantôme. L’ultime éclat d’un être à peine persistant, dans un espace-temps qui ne fut pas le mien.
Des jours et des nuits durant, je suis resté dans l’invisible et j’ai contemplé cette oasis. J’ai attendu votre veillée. J’ai voulu témoigner. Déposer là ma dernière parole. Laisser une trace infime en vos mémoires.
Je suis conscient de chaque instant.
Je suis vent et spectre. Lumière et ombre.
Il me reste soixante secondes, avant de disparaître.
Je vous confie maintenant mes dernières paroles. La fin de notre histoire. La destruction de notre univers.
Car nous avons réussi…
Le projet A, le Plan Prioritaire, le Noir Dessein…
Nous avons réussi…
L’Unique Horizon a eu lieu. La Fin.
La Machine a été activée. Un flux libérateur d’énergie Axom s’est déployé dans le temps et l’espace. Plus vite que la lumière. En filigrane du Vide. De partout, quasi instantanément, toute chose a été consumée. Tous les atomes se sont effondrés, et avec eux, la Matière elle-même. Tout notre univers. Tout Negaci… a été totalement détruit, désintégré, totalement effacé… à jamais.
Le soulagement.
La Fin.
Voilà.
Ce que nous avons fait de Negaci.
Et ensuite…
Ensuite, plus rien n’a eu lieu, en temps et en heure rendus à la poussière, rendue au néant.
Ensuite, enfin, pour l’amour du ciel, tout a continué… de ne plus exister. Ensuite, il ne s’est plus rien passé.
J’aime cette écriture “dépouillée” qui sied vraiment à cet incipit : “Au commencement, il n’y avait rien”.
Et puis, aussitôt cette question philosophique fondamentale qui m’entraîne dans les abysses des espaces-temps : “Pourquoi y a-t-il eu quelque chose plutôt que rien ?”
Ça y est, le décor est planté. Magnifique ! Et moi-même, je suis parti au grand galop dans tous les imaginaires interstellaires.
Et, après un clin d’œil à notre oasis, le conteur vient nous parler de de notre planète jumelle, une façon de nous mettre à distance, de ne pas nous impliquer directement pour ne pas nous effrayer. Néanmoins, on se sent tout de suite partie prenante de ce conte qui nous concerne, qui décrit un des possibles de notre humanité, et tout cela toujours dans ce langage épuré fait de simplicité et d’évidences, une chronique qui évoque une sorte de normalité, où les choses suivent leur tranquille et inéluctable chemin.
Une mention spéciale pour tous ces noms propres qui donnent vraiment corps à cette histoire.
Tu as dû te régaler à inventer tout cela !
La suite (augmentation de la souffrance et de la résistance) est quasiment philosophique et on ne peut s’empêcher de se demander si ce récit n’est pas une sorte d’allégorie ou de métaphore de ce qui arrive à notre propre monde. J’avoue que j’ai cherché dans ce sens-là.
Et puis, on bascule dans une sorte de transhumanisme, qui nous montre que nous pourrions atteindre une sorte d’éternité. Mais quelle éternité de souffrance ! la même que celle promises aux âmes qu’on envoie pour toujours vers l’enfer.
Je me retrouve dans le triptyque de Gérôme Bosch, “Le Jardin des délices“, basculé dans le troisième panneau, celui de l’Enfer.
Et le récit continue ainsi, en phrases courtes, incisives, propres à évoquer la détermination à en finir rationnellement : revenir au néant ; ce qui n’est pas sans rappeler quelques injonctions bibliques de la Genèse du genre : “… car tu es poussière et tu retourneras à la poussière…“.
Avec cette “Chronique d’une mort annoncée”, je me reprends à flirter avec tous les cosmos !
Le “point zéro” n’est pas sans m’évoquer “ground zero“, son immense vacuité et toute son histoire…
Je me suis vraiment régalé à lire et relire cette nouvelle que je trouve parfaitement maitrisée, autant dans sa structure que dans son vocabulaire et sa syntaxe.
Merci Tom Astral et encore bravo !
Je suis content de retrouver ce texte publié en commentaire et que j’avais suggéré de publier sous forme de nouvelle.
Qu’ajouter aux commentaires d’Hermano qui a fait une véritable exégèse de ” Ce que nous avons fait de Negaci” ?
On partage ou pas cette vision pessimiste, mais on peut être qu’admiratif de la qualité du développement.
Qui avait-il avant le big-bang ? Cette question m’a toujours interpellé, et m’interpelle encore !
Lors de mes études scientifiques, un de mes camarades de faculté, Charles Madic, devenu par la suite un chercheur reconnu spécialiste de l’atome, pratiquant de la religion catholique, avait résolu à sa manière la question.
Pour lui l’esprit de Dieu errait de toute éternité dans le vide. Un jour sa pensée se cristallisa et c’est ainsi que fut créé l’univers.
Son idée m’avait séduit, moi qui étais athée !
La vie ensuite nous a séparés et sur le tard, j’ai essayé grâce à Internet de savoir ce qu’il était devenu.
Je l’ai retrouvé, mais c’était trop tard : il était mort ! Maintenant il sait… Peut-être ?
Charles Madic
@Loki : à propos de Dieu et en lien avec Negaci, je ne peux m’empêcher de me citer moi-même…
tout cela me rappelle cette petite histoire dont je ne suis pas mécontent. 🙂
Quelle nouvelle remarquable ! Négaci me semble effectivement le négatif de notre propre civilisation que tu as photographiée en nuances de noir. Hermano a parfaitement commenté, et j’aime beaucoup l’image apocalyptique de ce Jardin des Délices, intitulé ainsi avec une malice démoniaque. Ton histoire fait froid dans le dos : recherche d’éternité payée au prix forts, forces conjuguées des communautés unies seulement autour d’un projet de destruction totale, appelé “Axom” de façon transparente.
Cet univers foisonnant et imaginatif m’évoque Tolkien et “Le seigneur des anneaux” ou “La guerre des étoiles”, ou encore l’univers de désolation “Mad Max”. Mes références sont anciennes et je suppose qu’on doit en trouver de plus récentes dans le genre “fantasy”, qui a beaucoup d’adeptes. Tu as là de quoi faire une nouvelle saga ! Merci pour ce partage !
Tom Astral je viens de relire ton texte. Il est puissant nous plonge dans un imaginaire terrifiant. Il témoigne d’une pensée prolixe, d’une forme de poésie délirante de listes extraordinaires qui illustre le pire. L’enfer c’est l’immortalité, l’échappatoire de la mort dont certains rêvent de nous “libérer” étant aboli ne reste que la souffrance inéluctable et éternelle, qui ne trouve d’issue que dans la destruction totale, l’Unique Horizon. Pas gai c’est sûr, très noir. Tu vois je suis rarement séduit par ce genre de littérature mais là je lève mon chapeau.
En relisant ce texte où tu crées un véritable univers, je fais un étonnant rapprochement avec la Bible, plus exactement avec le livre de la Genèse.”Au commencement, il n’y avait rien”, comme lorsque Dieu créa le monde. “À la fin, plus rien ne se passa”, comme lorsque Dieu se reposa après les six jours de travail intense… Comme si ce couple incipit/explicit portait en germe une création de monde.
Après un long silence, je reviens aux abords de l’Oasis pour vous remercier encore de vos retours, de vos lectures éclairées.
Oui Hermano, je me suis éclaté à imaginer tous ces noms propres, ola oui ! Chacun d’entre eux est pour moi comme une porte qui mène à une autre histoire. Et gloire et merci à Gérôme Bosch, celui qui inspira tant de créateurs par la suite…
Line, pour rebondir sur ton commentaire (qui du coup en devient tatami), l’histoire de Negaci est pour moi, sans être une saga, un ensemble de poèmes, de contes, de légendes fictives, de notes sur des lieux, des dates, des évènements imaginaires… Ce n’est pas non plus l’équivalent de centaines de pages, d’autant plus que la plupart de ces histoires, je les ai contées à l’oral, pas toujours mises à l’écrit. C’est un peu comme ça dès que j’imagine un univers, ça se traduit par sûrement des centaines d’heures passées à vagabonder dans celui-ci ^_^
Cette nouvelle est un peu l’histoire première. La plus cruciale, celle qui “doit” être contée en quelque sorte. Mais tu me donnerais envie de déposer au bord de l’Oasis quelques séquences oubliées de cet univers effacé à jamais…
Je te rejoins peut-être Chamans dans ton ressenti : en racontant un tel échappatoire à un tel enfer, la mort prend alors un sens particulier. Elle devient délivrance, soulagement, voire bénédiction. Etant plutôt critique des dogmes religieux, je n’ai pas pour autant imaginé cette histoire en vue de critiquer directement la croyance/peur de l’enfer. J’ai l’impression d’avoir proposé la réflexion suivante : Si l’enfer existait, alors il faudrait tout mettre en œuvre pour le détruire.
Je te rejoins peut-être aussi Loki, étant également athée, ou presque, disons que dans l’absolu je ne sais pas… Autant j’aurais du mal au barbu dans le ciel ou à un dieu à tête de lynx, autant je pourrais plonger dans l’étendu du mystère que la science n’a pas encore résolu et probablement ne résoudra jamais, et imaginer que peut-être… tel univers serait le fruit d’un rêve, celui d’une entité indescriptible, d’un arbre Multivers, ou autre chose encore, d’irréalisable pour mon cerveau humain…
Il y a cette réflexion que j’aime bien : Nous sommes faits de la matière de l’Univers, nous faisons partie de lui, nous sommes poussières d’étoiles. Mais en étant conscients, nous sommes en quelque chose ses organes sensoriels. Nous sommes la matière qui ressent et qui se questionne, nous sommes l’Univers qui se regarde et se ressent lui-même.
Réflexion qui prend un sens terrible si je repense à l’histoire de Negaci. La menace d’une éternité de souffrance… un univers qui a mal et qui choisit d’en finir.
Bref, salutations stellaires à vous…
Au plaisir de se retrouver !
Tom Astral