Elle était si petite, si petite et si noire, abandonnée là sur le banc des vestiaires. Bien brillante, comme recouverte d’une laque de Chine, avec un petit filet rouge foncé qui courait tout autour, comme pour en souligner le couvercle.
Jean-Jacques, le gardien, l’avait trouvée vraiment par hasard quand il était venu fermer le stade. Elle était vraiment si petite, si petite et vraiment si noire, de la taille d’un scarabée. D’abord, il avait essayé de l’ouvrir, comme ça, pour savoir, mais sans y parvenir : ses doigts étaient trop gros pour un objet si délicat. Il l’avait mise dans une poche de son vêtement de travail avant de rentrer chez lui et de l’oublier complètement.
Sa femme, Ingrid, qui était la jalousie incarnée, le soupçonnait d’avoir quelque maîtresse qu’il retrouvait lors de ses prétendues rondes nocturnes qui lui semblaient durer plus que de raison.
Une nuit, elle alla fouiller les poches du gardien et trouva la minuscule boîte, tellement belle, tellement fragile, et tellement en contraste avec son rustaud de mari qu’elle la prit aussitôt pour un cadeau destiné à une maîtresse.
Elle réussit à l’ouvrir en faisant coulisser le fond de la boîte qui, malgré les apparences, n’avait pas de couvercle. À l’intérieur un mot, un seul mot était inscrit en fines lettres dorées : « Joie« .
Ingrid, folle de jalousie, alla derechef réveiller son mari pour lui demander ce que tout cela signifiait. Jean-Jacques ne sut tout d’abord que répondre, puis il perdit son habituel air bourru et, après réflexion, il fit d’une voix devenue très douce : « Mais c’est un bonheur qui nous arrive ! Tu ne crois pas ? Le bonheur, c’est toujours inexplicable, non ?«
La femme fut fort perplexe de voir soudain son mari devenu à la fois poète et philosophe. Elle ne sut que lui répondre. Peu convaincue, mais toutefois vaguement rassurée par des paroles si apaisantes, elle s’endormit près du gardien et tous deux firent cette nuit-là les rêves les plus merveilleux.
Ingrid, comme par magie, ne fut plus jamais jalouse. Jean-Jacques, quant à lui, devint un véritable gentleman, élégant et accompli, plein d’attentions pour sa femme.
Jamais ils ne surent que les lettres du mot « J.O.I.E » étaient une sorte de mot de passe, de code secret, les initiales des mots d’une phrase : « J‘ose imaginer encore…«
Bravo Hermano !
Voila une nouvelle comme je les aime, toute en délicatesse avec une fin qui laisse le lecteur un libre choix sur la chute.
Quelle bon idée de mettre un mot de passe dans un petite boite laquée !
Je n’ai qu’un regret : ne pas l’avoir écrite…
Joli petit texte avec un adorable acteur principal, si petite et si noire… et une excellente fin inattendue contenant un mot de passe que je n’oublierai jamais.
Il faut avoir une vive imagination pour voir tout cela en un seul mot !
Merci pour cette magnifique contribution, pour laquelle je te dis merci… merci…
Merci beaucoup à vous deux et heureux de vous avoir distraits avec cette fantaisie !