J’ai un quête ce soir en déambulant dans ma ville. Je parcours une ruelle éclairée d’une lumière jaune avec ses carreaux mouillés qui m’inspirent le calme, voire une certaine inquiétude dans cette nuit sans lune.
Pourquoi un hôtel dans cette ruelle? Quelles sombres histoires peuvent-elles se jouer dans ce lieu un peu glauque?
Je ne suis pas d’humeur à creuser de ce côté pour l’instant. J’ai envie de vibrer, je veux du son, des couleurs, des rencontres. Je cherche une manifestation de joie pour conjurer ce silence inquiétant.
Je quitte cet endroit, qui, en d’autres temps m’aurait peut-être plu mais pas ce soir. Je fuis ce silence pour tendre tout mon être vers la vie. En effet, j’ai été témoin aujourd’hui d’un accident de la route mortel dont j’aurais tout aussi bien pu être la victime. Ce n’était pas mon heure, tout simplement et la vie me parait soudain plus précieuse, plus réelle. Je respire le parfum de la pluie sur l’asphalte qui transpire la chaleur de la journée. L’herbe délivre des odeurs inhabituelles et je me repais dans la nuit de la vie qui se poursuit à l’écart des humains endormis. Je me dirige spontanément vers la rivière bruyante où l’eau court sur les rochers, dans des éclaboussures joyeuses. Mon coeur bondit de joie à l’unisson de cette vie tapageuse et virevoltante.
Je m’assois et je laisse mon esprit vagabonder vers d’autres images, d’autres lieux.
Je vois une maison blanche qui me rappelle la Louisiane avec son balcon en bois en harmonie avec les murs en planches d’une couleur délavée avec son chien-assis planté sur le toit sombre et sa cheminée de briques rouges. Malgré ses portes délabrées et ses vitres cassées, cette bâtisse semble raconter l’histoire riche de ses anciens habitants.
Combien d’enfants a-t-elle vu passer en courant entre ses murs. Quelle fut la vie des familles qui s’y sont succédées?
J’entends les rires et les cris, la musique enchanteresse et mélodieuse qui les ont bercées.
Soudain, est-ce le décalage entre ma rêverie et le bruit du torrent à mes pieds, je me sens prise de vertiges qui m’obligent à m’allonger pour calmer mon esprit. J’ai eu beaucoup d’émotions aujourd’hui, je ferais sans doute mieux de rejoindre les bras de Morphées moi aussi.
Je me relève lentement et reprends le chemin de mon lit. J’ai le cœur en fête à cet instant précis car je sens la vie couler dans mes veines. J’ai la pleine conscience de l’instant présent et de la valeur de la vie. Je cherchais une manifestation de joie en sortant ce soir; je me rends compte que je l’ai trouvée et je rentre, apaisée, et guérie de l’émotion bouleversante du début de la journée.
Tout en marchant le long de la rivière, le faisceau de ma lampe éclairant mes pas, j’imagine de nouveau ce yogi croisé sur une place de Calcutta, agenouillé sur ses talons, nu comme un ver, les mains croisées sous son ventre. Son introspection le coupe totalement du monde bruyant qui l’entoure; il est figé dans une méditation profonde qui me fascine à cet instant.
Quelle paix, quelle sérénité, quelle joie émanent de cet homme barbu. Ceci m’invite à un moment de remerciement et de
reconnaissance pour la vie que cette nouvelle journée m’a apportée.
Je chemine entre une rangée de pins qui me font penser à une bordée de livres entassés du sol au plafond avec des étiquettes suspendues et dont le faisceau puissant de ma lampe me laisse entrevoir la sortie sur le comptoir aussi chargé. Les rayons multicolores sont en accord avec mes sentiments et ma rêverie se complait dans ce lieu décalé tandis que je rejoins ma chambre et mon mari que j’espère couché.
Il avait bien dit vers 22h30… Il me semble. Tout est si confus ce soir, si étrange.
Finalement cette journée éprouvante ce matin a trouvé une conclusion plus joyeuse en soirée et mon cœur s’en trouve comblé.
Tout vient à point à qui sait attendre.
Une atmosphère vraiment onirique dans ce texte, je trouve. On rebondit sur une suite de situations étranges qui finissent par m’envoyer dans un univers tout aussi étrange ; je me laisse bercer.
Le fil des rêves et des pensées évoquées permettent de bien intégrer les consignes de l’atelier et de les enchaîner de façon cohérente, avec une surprise cependant : ce yogi qui s’invite lui aussi à la méditation. Bravo pour cette prouesse !
J’ai un quête ce soir -> J’ai une quête ce soir
dans les bras de Morphées -> dans les bras de Morphée