D’après le tableau de René Génis, “Le port de La Teste”, exposé au Conservatoire des Landes de Gascogne à Sanguinet (Landes).
L’aube vient juste de poindre. Une aube grise, épaisse à couper au couteau.
Jean est déjà au travail, les pieds sur les coquilles d’huîtres brisées qui jonchent le pourtour de sa cabane et le protègent de la vase. Il détroque les petites huîtres agrippées aux tuiles chaulées. La blancheur mate de celles-ci tranche avec le camaïeu gris qui s’étire du sol couleur cendre, jusqu’à la mer de plomb puis le ciel d’ardoise. Puis, il remplit les poches maillées où les jeunes huîtres finiront leur croissance et les arrime soigneusement sur la barge.
Le vent s’est levé, l’air est humide. Il retourne prendre un café dans la cabane aux façades bitumées. Derrière la fenêtre, à l’abri du vent, il regarde le soleil allumer une à une les brillances des coquilles. Après une dernière gorgée, il se décide à ressortir. Bientôt, le soleil réchauffera l’atmosphère et le vent chassera les nuages.
Jean monte sur son bateau. Il aime cette vie rude et rugueuse comme les huîtres parce qu’elle lui apporte la liberté de voguer, de s’enivrer de la beauté et du mystère des vagues, de suivre les courants qui se faufilent dans les chenaux peuplés d’oiseaux.
Il sait que derrière la grisaille se trouvent les dunes blanches et que l’intérieur des coquilles cache la nacre lumineuse, l’huître délicieuse et parfois la perle précieuse.
C’est une beauté qui se mérite.
Peut-être est-ce la grisaille du tableau de René Génis qui m’indispose, mais je préfère, nettement, le texte associé au tableau « Renaissance ». Mais c’est un point de vue personnel, qui j’en ai conscience, dépend de mon humeur.
La publication trop rapprochée des deux textes défavorise « Harmonie en gris » …
J’aime beaucoup cette” harmonie de gris “, ces parallèles entre le monde humain de Jean, la mer, les animaux marins.
J’apprécie la beauté simple du décor et l’évocation du personnage dont le travail est peu connu en général.
Merci Line.