Heureusement que la presse libre existe, sinon nous ne saurions rien du drame qui s’est noué dans une petite ville de Charente.
C’est en consultant la Charente libre que nous pouvons relater les différentes étapes de ce drame.
Un lecteur de Gond-Pontouvre s’est ému auprès du journal de voir sa factrice, privée de vélo à assistance électrique et faire sa tournée à pied en tirant un chariot.
Voilà ce qu’il a écrit pour expliquer ce que l’on peut qualifier de scandale.
Les habitants du quartier du Treuil à Gond-Pontouvre viennent de découvrir avec étonnement que leur sympathique petite factrice venait d’être privée de son vélo à assistance électrique. Dans ce quartier très « montagneux » où toutes les routes sont raides et pas une n’est plate, les résidents sont stupéfaits de voir leur factrice effectuer sa tournée en tirant un chariot. S’il s’agit d’une future et supplémentaire réforme de La Poste avant une autre, nous avons des craintes. Propriétaire d’un des 189 logements du Plantier, j’ai acheté avec des garanties : électricité, gaz, éclairage urbain, téléphone et services postaux ! Ce qui peut être contesté à ceux qui font construire en pleine campagne doit être assuré à ceux qui ont choisi de vivre en lotissement (pour avoir des voisins, des services et des sourires !). Celui de notre factrice nous est indispensable, son travail est parfait et l’a toujours été. Une inutile fatigue est à craindre !
Consultée sur le sujet, La Poste a fourni les explications suivantes :
L’établissement courrier de Fléac a été réorganisé le 2 juin dernier. Cette nouvelle organisation avait pour but d’adapter les tournées et la charge de travail des agents à la baisse des volumes de courrier distribué par La Poste dans le but de garantir les emplois en CDI et à temps plein de nos agents. Dans ce cadre, la quasi-totalité des tournées de la zone a été revue et celle du quartier du Treuil à Gond-Pontouvre ne fait pas exception. Après un redécoupage de ce parcours, il a été décidé que cette tournée jusqu’alors effectuée à vélo à assistance électrique deviendrait piétonne, et ce pour plusieurs raisons.
Effectuer la tournée du quartier du Treuil à pied permet de se rendre du centre courrier d’Angoulême Champ-de-Mars à la zone de distribution en bus, ce qui évite de parcourir plusieurs kilomètres dans une circulation dense avec un vélo chargé sans arrêt et permet ainsi de réduire la fatigue et les risques d’accident.
De plus, les véhicules des résidents de cette zone pavillonnaire du Treuil sont stationnés à cheval sur la chaussée et le trottoir ce qui rend les boîtes aux lettres difficilement accessibles à un facteur à vélo.
La factrice titulaire de cette tournée a été informée du changement de celle-ci et il lui a été offert la possibilité de se positionner sur d’autres tournées, ce qu’elle n’a pas souhaité. Comme nous sommes conscients que tout changement dans les organisations peut déstabiliser le personnel, les agents sont suivis pendant les semaines suivant les réorganisations. La factrice du quartier du Treuil a déjà été accompagnée deux fois par un responsable depuis le 2 juin dernier pour pouvoir relever les difficultés susceptibles de se présenter sur ce nouveau parcours de distribution.
Les habitants du Treuil se sont mobilisés et la Charente libre a relayé leur combat, pendant plusieurs semaines.
Ils ont gagné : la Poste vient de rendre son vélo électrique à la factrice du quartier, qui sillonne à nouveau les ruelles pentues du coin.
Il est heureux que la Poste ait entendu la voix des usagers solidaires, revu sa position et remis en selle cette populaire factrice. Elle vient de reprendre ses habitudes dans son quartier favori avec son joli casque siglé « La Poste » sur la tête.
« Tout le monde est content », s’exclame un habitant qui a suivi de près cette affaire pour la Charente libre.
Et nous, on est contents pour eux.
Je ne savais pas que Clochemerle avait été déplacé en Charente !
J’ai apprécié l’argumentaire de l’administration, tellement bien conçu. Une véritable plaidoirie d’avocat !
J’écrirais volontiers : « Consultée sur le sujet, La Poste a fourni les explications suivantes : »
et plutôt : « … on est contents pour eux.«
Dans ce modeste essai, je n’avais pas la prétention d’égaler « Clochemerle » qui est à mes yeux un chef-d’œuvre de la littérature française.
Plus modestement, cette nouvelle largement issue d’un fait divers réel m’a été inspirée par ma « factrice » qui a la faiblesse de s’intéresser à mes écrits. On ne peut attendre moins d’une femme de lettres…
Elle m’a dit lors d’une de ses tournées, comme une boutade : pourquoi dans tes livres et tes nouvelles n’apparaît jamais « une factrice gentille et sympathique » ?
Cela a été pour moi un challenge à relever !