C’est vrai que les écritures “avec nos tripes” peuvent être magnifiques. Cependant, la réalité est que la plupart du temps, les tripes, ne produisent au mieux, que des diamants bruts qui doivent être polis et repolis.
Nos tripes adorent la liberté. Par voie de conséquence, du moment où elles ont la possibilité de commencer à parler, elles peuvent courir dans toutes les directions et pire, ne plus s’arrêter à moins que le cerveau ne les remette en place.
Nos tripes n’aiment pas les dictionnaires, ni les listes de synonymes et peuvent ainsi utiliser le même mot à plusieurs reprises. Elles ne se soucient pas de ce que les autres pensent de nos “œuvres”. Pourtant, nous sommes pressés par nos tripes de les publier.
La résultante peut être des poèmes kilomètres, avec un vocabulaire monotone.
Purana
Je sens dans cet essai beaucoup de frustration !
Un site littéraire est comme le tamis d’un orpailleur. Beaucoup de sable et de cailloux avant de trouver une paillette. (tu vois nous sommes tous deux dans l’extraction de substance précieuse)
C’est inévitable comme tu l’écris chaque auteur rédige avec ses “tripes”. Peu prenne le temps de relire, de peaufiner, de travailler leurs textes. Le génie c’est un don, mais surtout beaucoup de travail, énormément de travail. Et le travail c’est fatigant ! Tu illustres bien ceci par l’image du diamant brut qu’il faut tailler.
J’ai la faiblesse de penser que cela peut être une vertu du site que par des commentaires partagés et constructifs une texte imparfait puisse devenir une oeuvre honnête.
L’écriture d’une nouvelle n’est pas simple. Mais j’ai l’intime conviction que la poésie puisse être l’occasion d’un “foutage de gueule”, en répandant sur le papier des phrases et des mots qui prétendent acquérir la statut de poésie par l’adjonction de rimes indigentes. J’ai moi même pratiqué ce genre d’exercices à titre d’humour, car je ne suis en aucun cas un poète.
À mon avis, il en va de la poésie comme de l’art en général. Sa version moderne peut effectivement donner lieu à du “foutage de gueule” pour reprendre l’expression de Loki. Mais pour ma part, j’y vois surtout une forme de “recherche et développement” qui contribue à faire émerger de nouvelles formes. Sortir des cadres permet d’explorer de nouveaux territoires, de manier différemment les mots, les concepts, les couleurs, les matières selon le type d’art pratiqué. C’est ainsi qu’est né le mouvement impressionniste qui a du organiser un “Salon des Refusés” pour acquérir une première visibilité!
Personnellement, je ne suis pas fan des poésies surréalistes mais je ne cherche pas la rationalité et je suis contente si au détour d’une phrase je trouve une combinaison inattendue qui me touche ou si je sens que l’auteur veut partager une émotion ou un concept… Au moins dans la poésie, n’y a-t-il pas de surenchère financière malsaine sur les oeuvres. On peut donc expérimenter sans victimes collatérales!
En fait, ce que j’ai écrit concerne toutes les formes d’écriture, les nouvelles y compris.
Une excuse persistante pour écrire des textes trop simples ou trop compliqués est que les mots découlent directement du cœur, ensuite écrits par les tripes. Cela pourrait donner de magnifiques œuvres d’art. Cependant, le cœur et les tripes ont besoin de véhicules appropriés pour les transporter vers leur destination finale sur le papier.
Quels sont ces véhicules ? J’en connais au moins trois : un vocabulaire riche, une connaissance suffisante de la grammaire et une imagination vive. C’est ainsi que mûrit une pensée nue.
Alors seulement nous pourrons ouvrir le barrage afin de permettre au Nil d’apporter les sédiments riches et prometteurs. Certaines écritures manquent de véhicules pour transporter le flux. Autrement dit, le barrage s’ouvre avant que les sédiments ne soient mûrs.
Très juste!
Cependant certaines “écoles ” poétiques n’utilisent pas le polissage de la grammaire et de l’orthographe, je pense notamment à l’écriture automatique du dadaïsme. Idem dans les arts plastiques pour l’art brut qui se libère de toute culture artistique préalable. …
On peut apprécier ou pas, trouver que c’est un prétexte à une supercherie artistique, y voir des pépites après beaucoup de filtrage ou être enthousiaste. ..mais ce sont des courants qui existent. ..