Il est une langue de terre abandonnée des dieux. Ceux qui vivent là ignorent à quels saints se vouer. Les phénomènes les plus étranges s’emparent de ces lieux. Les esprits frappeurs ou farceurs ne mangent pas un grain de sel avec les humains et ceux_ci ne savent plus où pendre la lumière tant se produisent les mésaventures les plus folles :
gifles en pleine figure, seaux d’eau lancés à la volée en pleine face, cheval ailé tel Pegase juché sur un toit, aiguisant ses sabots des quatre fers sur la tôle rouillée, quatre écureuils d’un blanc phosphorescent en quinconce tandis qu’au centre se dessinent des flammes en forme de sabres.
A la croisée des chemins dansent des cercueils ouverts où les linceuls ne dissimulent plus les crânes des morts au rictus édenté.
D’autres, rentrant après la tombée de la nuit, un morceau de boeuf à la main, ont vu flotter vers eux d’haves silhouettes dépourvues de pieds. Les avatars du panthéon malabar ondulent serpentins et s’insinuent prés des corps. Un marmottement ininterrompu, venu des entrailles de la terre rompt les coeurs et les âmes. Une douce et insistante présence enveloppe de son amour infini.
Cette lande désolée surmontée de récifs affronte l’océan et ses coups de boutoir sans ciller. Ses habitants subissent de plein fouet le sort, cette terre fût damnée de bien triste manière. Les esclaves, qui recrus de fatigue succombaient dans les champs ou sous les coups des commandeurs n’étaient pas ensevelis en terre consacrée mais hâtivement dissimulés sous des pierres à l’endroit de leur trépas ou inhumés sous un dévers proche.
Et désormais la terre crie vengeance aux vivants. Leur dévotion n’a d’égale que leur terreur.
Les reposoirs sont légion, les processions courantes, on y promène son bon dieu. Mais rien n’y fait, de sinistre mémoire cet endroit est damné à jamais.
Voilà ce que les descendants des familles envoûtées m’ont confié. Mais je n’en crois qu’un demi mot.
Krike…
Krake !
J’aime bien lorsque tu changes de registre comme cela.
Une sorte d’envoûtement nait pour moi de ce texte et, cela va t’étonner, beaucoup de ces images ont éveillé en moi le souvenir de chapiteaux, de trumeaux, de linteaux, de tympans qu’on peut voir dans des églises ou des chapelles romanes, du temps où les bâtisseurs et les sculpteurs savaient laisser au chaland quelques clins d’œils parfois érotiques, parfois fantastiques, voire diaboliques !
Oui, je ressens l’expression d’une sorte de mystère et de terreur moyenâgeuses.
Et bien sûr, intrigué par l’expression, je suis allé chercher le Krike / Kraké. une belle coutume qu’il m’a beaucoup intéressé de connaître ! Ici
Merci beaucoup, Tanagra.
Merci à toi Hermano je suis ravi que celà t’aie plu, en termes d’art roman et de représentations diaboliques j’affectionne particulièrement l’église de Cunault.
Décidément les îles sont à la mode en ce moment ! il n’est que de voir “L’île prisonnière” qui fait un malheur à télévision, surtout dans la Bretagne bretonnante.
Effectivement Tanagra tu as changé de registre pour te lancer dans les affres de l’enfer.
Honnêtement je préfère ton registre poétique où tu excelles ! L’horreur n’a jamais été ma tasse de thé, mais chacun ses goûts.
Comme Hermano j’ai été intrigué par le le Krike / Kraké.
J’en suis resté au CRAC BOUM HUUUUE
et le crack mit d’une façon détestable en l’actualité par Pierre Palmade.