Il est une langue de terre abandonnée des dieux. Ceux qui vivent là ignorent à quels saints se vouer. Les phénomènes les plus étranges s’emparent de ces lieux. Les esprits frappeurs ou farceurs ne mangent pas un grain de sel avec les humains et ceux_ci ne savent plus où pendre la lumière tant se produisent les mésaventures les plus folles :

gifles en pleine figure, seaux d’eau lancés à la volée en pleine face, cheval ailé tel Pegase juché sur un toit, aiguisant ses sabots des quatre fers sur la tôle rouillée, quatre écureuils d’un blanc phosphorescent en quinconce tandis qu’au centre se dessinent des flammes en forme de sabres.

A la croisée des chemins dansent des cercueils ouverts où les linceuls ne dissimulent plus les crânes des morts au rictus édenté.

D’autres, rentrant après la tombée de la nuit, un morceau de boeuf à la main, ont vu flotter vers eux d’haves silhouettes dépourvues de pieds. Les avatars du panthéon malabar ondulent serpentins et s’insinuent prés des corps. Un marmottement ininterrompu, venu des entrailles de la terre rompt les coeurs et les âmes. Une douce et insistante présence enveloppe de son amour infini.

Cette lande désolée surmontée de récifs affronte l’océan et ses coups de boutoir sans ciller. Ses habitants  subissent de plein fouet le sort, cette terre fût damnée de bien triste manière. Les esclaves, qui recrus de fatigue succombaient dans les champs ou sous les coups des commandeurs n’étaient pas ensevelis en terre consacrée mais hâtivement dissimulés sous des pierres à l’endroit de leur trépas ou inhumés sous un dévers proche.

Et désormais la terre crie vengeance aux vivants. Leur dévotion n’a d’égale que leur terreur.

Les reposoirs sont légion, les processions courantes, on y promène son bon dieu. Mais rien n’y fait, de sinistre mémoire cet endroit est damné à jamais.

Voilà ce que les descendants des familles envoûtées m’ont confié. Mais je n’en crois qu’un demi mot.

Krike…

Krake !