Personne ne change jamais ; c’est la lumière qui change et nous donne un aspect différent
Purana interviewée par Matelote
– Bonjour Purana,
Je me souviens d’un petit essai que tu avais publié il y a quelques années. Je réfléchis régulièrement au titre que je trouve toujours intrigant : Personne ne change jamais ; c’est la lumière qui change et nous donne un aspect différent.
Pourrais-tu nous en dire plus ?
– Dans une société, il n’y a que quelques personnes qui ne font qu’émettre des rayons. De même, il y a peu de gens qui ne font qu’absorber ces derniers, très docilement, quelle que soit la qualité de ces rayons.
Cependant, la majorité, la plupart des gens sont des réflecteurs. Ils renvoient ce que l’on leur donne : de l’amour pour l’amour, de la haine pour la haine, du ridicule pour le ridicule,…
Cela veut dire que la source des rayons a de la chance si elle contient et qu’elle émet des rayons chaleureux et apaisants. Elle est condamnée à vivre parmi des ennemis, si elle n’émet que de l’animosité.
Pour rendre les choses encore plus compliquées, une poignée de personnes transmettent spontanément leurs propres rayons authentiques. En même temps, ils possèdent le “talent” d’absorber ce qu’ils reçoivent. Ils les modifient, selon leurs normes et valeurs, que ce soit inné ou acquis, pour le meilleur ou pour le pire. Ensuite, ils les réémettent.
Voici les prophètes, voici les Gandis, voici les bellicistes …
Je tiens à souligner que ce que je dis ici n’est pas une déclaration scientifique. Ce n’est qu’une courbe hypothétique dans ma tête, une sorte de courbe de distribution en cloche (asymétrique à gauche) .
J’ai essayé, sans aucune prétention, de formuler l’image de cette courbe avec des mots : à l’extrême gauche, réflexion ; à l’extrême droite, émission.
Je m’imagine les comportements de la majorité d’entre nous répartie entre les deux extrêmes.
Les valeurs aberrantes (les prophètes / Gandis / bellicistes / …) dépassent cette courbe hypothétique.
Il va sans dire qu’en réalité, il existe un arc-en-ciel de variables dont les composantes ne sont pas toujours visibles à l’œil nu.
– Parles-tu de rayonnement qu’on peut émettre à travers ses écrits, par exemple ?
– Oui, c’est ça, comme tu le dis : “par exemple” !
Pourtant, ton exemple est la plupart du temps une belle lumière. Du moins, c’est souvent l’intention de l’écrivain. Une telle création pourrait fonctionner comme une source d’inspiration, une sorte de véhicule magique nécessaire pour décrire la magie de la vie en rêvant sur le dos de ce cerf-volant.
En revanche, je pourrais te donner des exemples des rayons destructeurs qui sont là aussi, comme ceux émis par ce fameux leader charismatique, dont les rayons ayant été réfléchis par des millions de gens, des “réflecteurs”, et provoquant la Seconde Guerre Mondiale.
– Alors, en résumé, tu divises les gens en trois catégories :
> les réflecteurs (passifs) ;
> les émetteurs (actifs) ;
> un mélange des deux.
– Concernant les deux premières catégories, je parle plutôt des inspirés versus les inspirants.
Mais, encore une fois, sache que ce que je dis n’est qu’une théorie, ma théorie, dans laquelle toutes les formes de jugements sont rejetées, inhérente à l’idée que “Personne ne change jamais ; c’est la lumière qui change et nous donne un aspect différent”.
Souvent je me demande, si quelqu’un doit être puni pour un comportement socialement inacceptable. Pourquoi toujours punir le réflecteur et jamais le provocateur ?
– Je te rejoins quand tu suggères qu’on ne change pas les gens et qu’ils nous renvoient nos émissions. En revanche, on peut changer à condition qu’on en ait envie, je trouve.
– Afin de changer, il ne suffit pas d’avoir envie de se changer. Un certain niveau de force de volonté est essentiel pour faire réaliser son envie.
Quant à “l’absence d’envie”, cela pourrait être, entre autre, le symptôme d’une maladie, la dépression, par exemple.
Comment retrouver l’envie si même l’envie de la chercher est absente ?
Je serais bien la dernière à blâmer quelqu’un qui n’a pas envie.
Certains disent que la réussite d’une libération à une addiction dépend de la force de volonté plutôt que de l’envie.
Mais comment retrouver la force de volonté si même la volonté de la chercher est absente ?
Je préfère avoir de la compassion pour un alcoolique plutôt que de le condamner.
– D’accord. S’il n’a pas envie, je ne crois pas qu’on puisse l’aider. En revanche, s’il a peu de volonté, il peut en avoir davantage en s’entraînant régulièrement. Cela me semble évident.
– Veux-tu me dire que les cerveaux des gens accomplis sont faits de tissu nerveux alors que ceux des moins épanouis sont constitués d’une sorte de muscle qui devrait être entraîné continuellement ? C’est ce que tu sous-entends ?
– Pas exactement. Je voulais dire que nous sommes tous potentiellement doués d’un certain degré de volonté, dont la force peut être optimisée par l’entraînement. Non?
– La différence c’est qu’avec un cerveau totalement musculaire, nous ne pouvons jamais arrêter l’exercice. Pour cela, il faut “l’envie”. Si nous n’en avons pas, nous arrêtons tôt ou tard d’entraîner nos muscles. De plus, si nous en faisons trop, la fatigue nous empêchera d’aller à la salle de sport.
– J’observe souvent une dichotomie entre ce qu’on dit et ce qu’on fait.
Es-tu sûre de n’avoir jamais blâmé quelqu’un qui n’avait pas envie ?
– J’avais dit que “je serais bien la dernière à blâmer quelqu’un qui n’a pas envie”.
Je ne serais presque jamais la première, je le sais. Mais, je sais aussi que parfois je le fais, oui, moi aussi.
Parfois je blâme ce “quelqu’un qui ne pouvait faire que ce qu’il a fait”, étant comme il est.
Je sais aussi que chaque fois, après avoir blâmé quelqu’un, après avoir commis cette erreur, je suis inondée par un sentiment de culpabilité et que les mots doux comme “c’est humain que l’on blâme certains comportements” ne m’aident pas du tout à me pardonner. C’est toujours le temps qui met du baume sur ma plaie.
Que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre !
– Ce débat m’amène à une autre question : pourquoi la volonté est elle généralement une chose que l’on valorise chez quelqu’un ?
– On a généralement tendance à valoriser ce que l’on croit être une qualité personnelle pour, par exemple, les choses qui sont en nous, des cadeaux qui nous ont déjà été donnés à la naissance (les gènes) ou plus tard (l’éducation, la formation).
C’est ainsi que nous admirons quelqu’un pour sa beauté, son intelligence, sa créativité, son énergie, sa joie de vivre, sa force de volonté, …
Toutes ces belles choses, ne sont-elles pas, les signes de la répartition inéquitable des “goodies” plutôt que des qualités admirables ?
Peut-être que nous admirons des qualités que nous n’avons pas en nous.
– On dirait que cette lumière est émise par l’inné et l’acquis.
– Ce “rayon” dont je parle, n’est évidemment qu’un langage symbolique.
C’est un rayon qui au premier abord semble homogène comme une lumière blanche. Cependant, il abrite un arc en ciel. Dans ce cas, l’inné et l’acquis sont les plus forts composants.
Bien que je sois une disciple de l’école de “l’inné” plutôt que de celle de “l’acquis”, je suis d’accord avec toi, étant donné que ces “acquis” ne sont que les “reflets des rayons”.
– Juste une dernière question. Ne penses-tu pas que le déterminisme et la rigidité sont des jumeaux?
– Pas toujours, sauf si tu fais référence à un fanatisme extrême.
Comme je l’ai dit au début, “la plupart d’entre nous, sont des réflecteurs”. Ils donnent ce qu’ils reçoivent; œil pour œil, amour pour amour. La constante de leur comportement est qu’ils changent en fonction de ce qu’ils reçoivent. Autrement dit, ils sont flexibles. Le déterminisme et la flexibilité peuvent coexister sans violer les normes sociales et / ou morales. Grâce à cette confluence, la partie flexibilité ne laisse pas beaucoup de place aux comportements irresponsables des déterministes. Étant flexible, on est plus ouvert à recevoir des conseils et à mieux maîtriser (temporairement) notre faim de récompenses immédiates.
Cette coexistence avec la flexibilité est presque impossible chez ceux qui ont une volonté infaillible.
Dans les discussions politiques, par exemple, l’accord final est souvent conclu grâce à la flexibilité plutôt qu’à la rigidité.
– Je ne sais pas si j’ai bien compris, mais il me semble qu’en poussant un peu ton discours, on va arriver à justifier n’importe quelle conduite et à déresponsabiliser n’importe qui…
C’est inné, donc je suis comme ça, je ne suis pas responsable.
C’est acquis, donc cela m’a été transmis par un mauvais rayon, et je ne suis pas responsable non plus.
Comme une sorte de fatalité qu’il faudrait accepter, fatalité peut-être prégnante dans certaines cultures, mais pas dans la culture “occidentale” qui valorise le sens des responsabilités, l’autonomie, la fiabilité, etc.. Je ne dis pas que c’est bien, mais c’est comme ça, et mon bain de culture provoque que je n’adhère pas à cette fatalité.
Je ne crois pas à la fatalité, mais cela aussi c’est quelque chose d’acquis, qu’on m’a instillé… Je veux dire par là que la façon dont on voit la question dépend aussi de notre culture, et pour cela, il y a des rayons qui nous transpercent de partout à notre insu.
Pour ma part, je pense, tu l’auras compris, qu’il y a en nous beaucoup plus d’acquis que d’inné.
– Je pense effectivement que tu ne m’as pas comprise !
C’est exactement ce que l’on ne doit pas faire : “pousser”.
J’avoue que maintenant c’est moi qui ne comprends pas quand tu me dis qu’il y a en nous beaucoup plus d’acquis que d’inné.
D’où vient cette certitude ?
Moi qui ai tendance à juger, je préférerais dire “c’est son inné, donc je dois l’aider avec compassion pour qu’il découvre qu’il y a aussi de la beauté qui demeure dans son âme et que son inné, comme celui de tout le monde n’est pas seulement mauvais”. Tout comme je préfèrerais dire “c’est peut-être moi qui ai ainsi fait monter à la surface le pire en lui”.
Je suis sûre que tu ne voulais pas offenser la culture “non occidentale”.
Même si j’évite toujours de parler de moi et de ma vie privée sur un forum public, je peux t’assurer que tu ne dois pas t’inquiéter de ma culture, ni de ma formation.
– L’allusion à la culture (l’acquis pour moi) se voulait parfaitement neutre ; un constat, c’est tout, et qui n’est pas de moi.
Et si l’on voit dans ma remarque une offense à d’autres cultures où le fatalisme n’est pas dévalorisé, c’est probablement parce que notre culture nous a appris à le dévaloriser et à valoriser la responsabilité personnelle en toute circonstance.
Encore une fois, je ne dis pas que c’est bien, mais c’est comme ça. Aussi vrai qu’il y a des différences entre les cultures.
J’oserais plagier la vieille Simone : “On ne naît pas différent, on le devient (au premier souffle)”. Ce qui me permettrait d’avancer qu’il n’y a pas grand chose d’inné qui nous différencie, et qu’on serait donc susceptible de changer.
Je trouve ton français tout à fait remarquable, mais je comprends que quelquefois on enrage un peu d’être coincé par les mots d’une autre langue.
– Je sais bien ce que tu voulais dire et que tu es loin de vouloir m’offenser.
Ces rayons dont j’aime parler, peuvent parfois arriver après être passés par le prisme du traducteur dans nos têtes, et puis ils se présentent sous la forme d’une image dispersée loin de ce que l’on voulait exprimer.
Ne t’inquiète pas. Je me rends toujours compte de ce phénomène qui peut même déchirer des êtres chers.
C’était pour être certaine que j’en ai parlé. Peut-être aussi un petit peu comme un prétexte pour présenter un autre sujet à méditer : le prisme de nos têtes. Mais… c’est pour une autre fois.
Aucune rancune, mon amie. C’est de la paix dont je parlais.
Je te remercie ma chère pour ta patience et pour ta gentillesse.
image : Ontwerp voor vignet met zonnebloem en zon
Il faut croire que tous les univers se rejoignent et c’est le cas aujourd’hui de ce dialogue poétique avec l’univers du réel. Pardonnez au physicien d’apporter sa contribution à ce dialogue ésotérique.
Je ne parlerais pas de la lumière de l’esprit qui n’est pas de ma compétence, mais de la lumière de tous les jours avec ses photons qui éclaire tous les objets ce qui nous entourent.
Pourquoi ont-ils une couleur ? Parce qu’il absorbent une partie du spectre lumineux qu’ils reçoivent et renvoient l’autre partie. Si on éclaire un objet avec de la lumière blanche qui contient l’ensemble du spectre (du violet au rouge), plusieurs cas possibles :
– s’il absorbe tout il parait noir
– s’il renvoie tout il parait blanc
– s’il en absorbe une partie et renvoie les reste, il a la couleur de ce qu’il renvoie : exemple un corps parait rouge parce qu’il renvoie la partie du spectre rouge, etc.
Mais si ce n’est pas de la lumière blanche qui éclaire l’objet ?
Si cette lumière est dans la bande du spectre que renvoie l’objet il aura la couleur du spectre, dans le cas contraire il paraitra noir. Des exemples : un corps vert en lumière blanche paraitra noir s’il est éclairé par de la lumière rouge (inversement éclairé par de la lumière verte il sera vert). Avec cette même lumière rouge, un corps “noir” restera noir et un corps “blanc” paraitra rouge.
Mais évidemment tout n’est pas aussi simple la variété des couleurs fait qu’il y a des situations intermédiaires.
Un exemple concret de la vie de tous les jours, certains tunnels sont éclairés par des lampadaires oranges, je vous laisse observer les couleurs des objets qui vous entourent, vous allez être surpris !
Je reviens au dialogue poétique dont je suis parti et je tenterais une analogie audacieuse : la lumière de Dieu ne serait-elle pas similaire à la lumière blanche ? Je laisse aux poètes d’en tirer les conséquences…
Je trouve cette Matelote pleine de bon sens !
Tu dis qu’on ne change pas, mais que certains rayons qu’on nous adresse peuvent être destructeurs. Tu dis aussi qu’on réagit, qu’on reflète et donc finalement qu’on agit sous influence. Enfin, il me semble que c’est ce que tu dis. D’ailleurs à ce sujet. je me demande ce que tu penses du “désir mimétique”…? https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9sir_mim%C3%A9tique
Alors, quand les influences changent, ne changeons-nous pas ? Et n’y a t-il pas alors un paradoxe à dire que nous ne changeons jamais ?
Moi qui suis un partisan inconditionnel de l’acquis – sinon il n’y aurait plus qu’à s’enterrer tout de suite -, je pense forcément que l’on change, que l’on est malléable et flexible et tant mieux car certains seraient condamnés pour toujours à être les derniers des derniers alors que les autres auraient reçu toutes les grâces en héritage ! Je ne peux pas y croire !
Enfin, je trouve certains de tes arguments incontestables, du genre “c’est peut-être moi qui ai fait monter à la surface le pire en lui”. Mais comment le savoir ? Avec des hypothèses comme celle-ci, tous les développements sont permis et je me dis en riant, mais c’est très amical, cette fameuse phrase que j’aime beaucoup : “If you cannot convince them, confuse them!” 🙂
Merci, en tout cas, de m’avoir un peu dérouillé les neurones. On devrait écrire de petits essais comme cela de temps en temps, pour échanger un peu sur d’autres choses que la belle et bonne écriture !
@Loki
Merci beaucoup pour ces informations supplémentaires. Oui, cette métaphore “rayon” est basée sur la physique de base de la lumière.
“la lumière de Dieu ne serait-elle pas similaire à la lumière blanche ?”
Bien que laïque, je ne peux m’empêcher d’imaginer une superpuissance, une singularité qui régit l’ensemble de l’univers. Pourquoi ne pas l’appeler Dieu ?
Ce serait cruel de nous créer avec une certaine quantité de comportement réfléchissant, puis de nous envoyer le spectre (presque) complet en connaissant la qualité et la quantité des rayons que nous renvoyons. Et en suite, de punir les méchants et de récompenser les sages.
@Hermano
Merci à toi aussi pour ton commentaire.
“Désir mimétique”
Encore une brillante théorie. Sourire.
Cet article ne cite pas suffisamment ses sources, selon le lien Wikipédia auquel tu te réfères.
“Paradoxe ?”
Comme je l’ai déjà dit,
“… la constante de leur comportement est qu’ils changent en fonction de ce qu’ils reçoivent. Autrement dit, ils sont flexibles … Étant flexibles, on est plus ouvert à recevoir des conseils et à mieux maîtriser (temporairement ) notre faim de récompenses immédiates”.
Oui, ils dansent à chaque chanson. Et cela ne change pas.
“Moi qui suis un partisan inconditionnel de l’acquis – sinon il n’y aurait plus qu’à s’enterrer tout de suite -, je pense forcément que l’on change, que l’on est malléable et flexible et tant mieux car certains seraient condamnés pour toujours à être les derniers des derniers alors que les autres auraient reçu toutes les grâces en héritage ! Je ne peux pas y croire !”
Et pourtant, c’est comme ça. Il suffirait de regarder la répartition des richesses dans le monde.
C’est la vie.
Eh bien… apparemment, je n’ai pas réussi à te convaincre.
Donc, je me contente de te dérouter. Rire.
“La répartition des richesse dans ce monde” : oui, en effet, mais il faut considérer qu’il y en a qui sont devenus riches.
Mais pour moi, la richesse n’a rien à voir là-dedans, on ne change pas forcément parce qu’on devient riche, et on peut changer tout en restant riche. De plus, je sais que c’est ce que tu vas me dire : si on devient riche, ce n’est pas parce que l’on change, c’est parce qu’on a jamais changé dans son ambition de devenir riche… Belle dialectique dans laquelle je ne me risquerai point !
A ce sujet, que penses-tu de Charles Quint, le plus magnifique des empereurs, couvert de tout l’or et l’argent des Amériques… et qui a décidé de terminer sa vie dans un monastère… N’a-t-il pas changé ? Et je n’évoque pas tous ces dictateurs qui ont commencé comme de vraiment braves types.
Tu n’as pas réussi à me convaincre, mais aurais-je changé si tu l’avais fait !? 🙂
Bien contradictoirement,
Hermano
Ad. la répartition des richesse dans ce monde
Merci d’avoir si bien formulé ma réponse.
Ad. Charles Quint
Il semblerait que nous lisions les mêmes pages d’histoire à travers des yeux différents.
Là où tu vois un changement de valeurs morales et spirituelles dans le mot “monastère”, j’y vois un processus de déception et de vieillissement chez un leader intelligent et travailleur d’un Saint-Empire romain. Un empire qui, comme Voltaire l’a souligné, n’était ni saint, ni romain ni empire. Sourire.
Après sa dernière bataille, Tyson le lion, vieux, abusé, malade et fatigué, se retira de son clan et mourut tranquillement dans la solitude comme un lion digne qu’il avait été toute sa vie.
“Ne pense pas que le lion dorme parce qu’il ne rugit pas !” ; dit Baba.
Voilà un dialogue dont la richesse est une source inépuisable de réflexions.
Dans un premier commentaire j’ai tenté de faire un rapprochement analogique entre la nature humaine et le supposé rayonnement émis par un autre être humain, en rappelant pourquoi dans l’univers les corps sont colorés. Cette analogie à première vue, satisfaisante pour l’esprit n’est pas transposable aussi simplement. En effet “l’homme” est un être extrêmement complexe. D’autant il est formé de nombreuses entités dont je ne retiendrais dans une première approche que l’entité physique et l’entité psychique
Je reprendrais quelques éléments du dialogue pour m’interroger sur leur pertinence.
Parler d’émetteurs et de récepteurs chez les êtres humains est une hypothèse audacieuse qui essaie de transposer une réalité du monde physique au monde humain. En physique on distingue les corps qui émettent de la lumière et ceux qui la renvoient. Par exemple dans les premiers, le soleil, un ampoule électrique, un ver luisant, etc. Dans les seconds la lune, un arbre, la “Joconde”, etc. Transposer cette dualité aux hommes est un hypothèse audacieuse.
Dans une société, il n’y a que quelques personnes qui ne font qu’émettre des rayons. De même, il y a peu de gens qui ne font qu’absorber ces derniers, très docilement, quelle que soit la qualité de ces rayons. Cependant, la majorité, la plupart des gens sont des réflecteurs. Ils renvoient ce que l’on leur donne : de l’amour pour l’amour, de la haine pour la haine, du ridicule pour le ridicule,…
Dans cette affirmation plusieurs choses me chagrinent. Un personne émettrait des rayons… Quelle est la nature de ces rayons ? Pourquoi seulement quelques personnes émettraient ces rayons ? N’est-il pas abusif d’affirmer que seule un “élite” émettrait des rayons ? Je revendique pour l’idiot du village le droit d’émettre des rayons. Seule la puissance de ces rayons différeraient. A l’autre bout des rayons pourquoi distinguer deux catégories ? Les “absorbeurs” qui ne renverraient rien (analogie avec les corps noirs) et les “réflecteurs”. A ce niveau arrive l’angoissante question : est-ce inné d’être absorbeur ou réflecteur ? Le catadioptre est catadioptre il n’y peut rien, mais l’homme n’a-t-il pas son libre arbitre pour décider de son comportement, ici pour renvoyer ou non des rayons ?
Ce premier paragraphe illustre bien, déjà, que ce dialogue est une source inépuisable de réflexions.
Je me réserve le droit de poursuivre ultérieurement mes réflexions…
Bonjour Loki,
Tu as écrit :
[… en rappelant pourquoi dans l’univers les corps sont colorés]
Tous les corps célestes n’apparaissent pas en couleur à l’œil nu.
[… “l’homme” est un être extrêmement complexe]
Oui, “Il va sans dire qu’en réalité, il existe un arc-en-ciel de variables dont les composantes ne sont pas toujours visibles à l’œil nu“.
[… une hypothèse audacieuse qui essaie de transposer une réalité du monde physique au monde humain]
Audacieuse mais prudente (je l’espère) en employant des mots tels que “hypothétique“. De plus, j’ai écrit :
“je tiens à souligner que ce que je dis ici n’est pas une déclaration scientifique“.
J’ai délibérément choisi un modèle simple de physique de la lumière.
En écrivant ce texte, j’ai fait de mon mieux pour rester dans les frontières d’un site d’écriture.
Je continuerai de le faire tout en répondant aux commentaires.
Le but de cet article n’est pas de transposer ni d’extrapoler quoi que ce soit.
Le concept est né en observant la lumière à l’œil nu lorsqu’elle brillait sur différents objets.
Je ne parlerai jamais du soleil et de la lune étant uniquement des émetteurs ou des réflecteurs. Ce fut peut-être le cas au siècle précédent, mais plus maintenant.
De plus, j’ai dit : “Je m’imagine les comportements de la majorité d’entre nous répartie entre les deux extrêmes“.
Je trouve que la dernière partie de ton commentaire est remplie d’un mélange de questions différentes dont les réponses peuvent être trouvées dans le texte.
[… quelle est la nature de ces rayons ?”
Non, je ne vais pas parler de photons, les rayons électromagnétiques (au-delà du spectre visible), etc., ce qui tendrait à faire de ce site un concours pitoyable de démonstration de “muscles”.
C’est pourquoi j’ai choisi les mots “amour”, “haine”, etc.
[… seulement quelques personnes émettraient ces rayons ? …seule une “élite” émettrait des rayons ?]
Qui a dit cela?
J’ai dit: [… il n’y a que quelques personnes qui ne font qu’émettre des rayons / … je m’imagine les comportements de la majorité d’entre nous répartie entre les deux extrêmes]
[… seule la puissance de ces rayons différeraient]
Peut-on mesurer la puissance des rayons hypothétiques ? sourire.
[… “absorbeurs” qui ne renverraient rien (analogie avec les corps noirs)]
Qui a parlé de cette analogie ? Qui a dit que les trous noirs n’émettent pas de rayons ?
https://www.livescience.com/biggest-black-hole-findings-2019.html
[… est-ce inné d’être absorbeur ou réflecteur ?]
Je fais l’hypothèse que c’est l’inné. Mais qui sait ?
[… l’homme n’a-t-il pas son libre arbitre pour décider ?]
Je fais l’hypothèse que “non”. Mais qui sait ? Les philosophes essaient toujours de présenter un bon argument pour ou contre ce concept. Attendons de voir.
[… pourquoi seulement quelques personnes émettraient ces rayons ?]
Qui a dit cela ? Je termine cette série de “questions” et “réponses” en répétant ce que j’ai dit auparavant : “… il n’y a que quelques personnes qui ne font qu’émettre des rayons / … je m’imagine les comportements de la majorité d’entre nous répartie entre les deux extrêmes“]
[… ce premier paragraphe illustre bien, déjà, que ce dialogue est une source inépuisable de réflexions]
C’est exactement à cela qu’il était destiné.
Merci pour ta réponse,
Purana
Je vois que mes interventions déclenchent une polémique qui risque d’être interminable.
Mon objectif n’était pas de critiquer ce dialogue que d’emblée j’ai trouvé intéressant, ni de faire une confrontation de “muscles”. Je voulais simplement montrer que malgré l’analogie que pouvait avoir le thème du dialogue avec le comportement des corps physiques éclairés par la lumière cette analogie avait des limites. Les hypothèses développées dans ce dialogue sont du domaine de la foi. On croit ou ne croit pas. Bien que je sois un laïc convaincu cela ne m’empêche pas de croire en un certain nombre de choses que ma rationalité réfute. Pourquoi ne pas croire l’influence d’une personne sur une autre par un “rayonnement” ? C’est plaisant pour l’esprit. Cette influence existe sûrement, mais sous quelle forme ? Mais n’est-ce pas le rôle de la littérature de nous emmener dans un monde virtuel où nous sommes affranchis des lois du monde réel ? J’aime que la Belle au bois dormant ait pu dormir 100 ans, que la clé de Barbe bleue soit impossible à nettoyer de son sang. J’en éprouve un grand plaisir, comme celle de lire votre dialogue.