Je suis prête à te noyer, mon amour, si cela pouvait enfin te libérer.
Si j’étais sculpteur, je ferais de ta silhouette un moule en plâtre ; puis je ferais mille copies de toi et je mettrais tous ces tois partout dans ma petite maison et dans mon jardin fleuri.
Un toi sous mon oreiller, un près de ma poitrine, un sur la table, un dans chaque pot de fleurs.
Et pendant les vacances, j’emporterais tous ces tois dans mon petit panier à bord de mon voilier. J’offrirais mes tois, un par un, aux vagues douces qui les prendraient et où ils se sentiraient peut-être un peu seul sans moi, mais enfin libres.
Purana
Très joli, plein de légèreté et d’une insouciance qu’on aimerait avoir.
Comme un diaporama sans fin, un kaléidoscope qui projeterait partout la même image, jusqu’à ce qu’elle devienne insupportable et qu’il faille tout noyer.
J’ai soudain une angoisse : as-tu appris à nager à tous ces petits tois ?
Un thème récurrent, en quelque sorte !?
Merci à vous deux pour vos passages.
@ Hermano : merci pour ton commentaire très poétique dont la chute est pleine d’humour !
Mais, mon cher, ce serait stupide de leur apprendre à nager, car ils retourneraient sans doute dans leur prison.
Ce n’était pas l’intention du narrateur, je pense..
@ Victor : là, tu m’as prise en flagrant délit. Pff …
Cela me fait un peu penser au titre de Kundera : “L’insoutenable légèreté de l’être” !!!
.
Dans cette histoire si légère, je me demande qui est finalement le plus libéré et je trouve que tous ces petits tois sont vraiment les jouets d’une fantaisie qui les manipule sans qu’ils n’aient jamais rien à dire, comme des petits chats qu’on va noyer. Les pauvres ! 🙂
Ce qui me rend l’histoire un peu plus sombre, bien sûr.
.
Comme quoi, tout est dans tout… et réciproquement !
encore une pensée pour cette lettre d’amour et ces pauvres tois :
Oh ! combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis ?
Combien ont disparu, dure et triste fortune ?
Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,
Sous l’aveugle océan à jamais enfouis ?
.
(V. Hugo – Oceano nox)
.