Elle s’ennuyait dans sa maison bien propre

Derrière son triste carré de gazon.

À son firmament

Les étoiles s’éteignaient une à une.

Son guerrier au large sourire

Ne réclamait même plus le repos.

 

Alors, coupable mais déterminée

Elle choisit un avatar et un pseudo

Et s’en fut à l’aventure du bout des doigts.

Elle en rencontra des beaux, des timides,

D’autres qui plastronnaient l’envi,

Des Rolex,

Des pâtres des montagnes,

De très vulgaires et aussi quelques philosophes.

 

Animée par l’envie du grand large

Mais n’osant franchir le pas

La belle ne se dévoilait jamais trop

Tenaillée par l’angoisse de changer sa vie

De le laisser, lui

Et de laisser tout cet univers

Qui commençait à trembler.

 

Avec ces hommes, rien ne s’était passé

Mais elle était convaincue

De déjà le tromper,

 

Un jour, pourtant, ou plutôt une nuit

Alors qu’il était sorti,

Elle céda.

Elle céda à l’élégance, à la délicatesse

À tant de délicieux mots d’amour.

Toute son âme fut à cet étranger

Perdu dans la grande toile.

 

Au premier rendez-vous

Elle arriva tremblante,

Et trembla encore davantage

Quand elle vit, oui quand elle vit

Que c’était

son mari.

 

             Quand les araignées filent leur toile,
elles attrapent souvent les mêmes mouches.