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Il était une fois un Noel spécial pourpre et noir…

Ce matin-là, je me levai très tôt et d’humeur plutôt joyeuse, une longue journée m’attendait, tout à la fois laborieuse, goûteuse en gourmandises et riche en émotions.

Sur le calendrier dans l’entrée, une jolie photo des îles lointaines que j’avais visitées au cours de l’année et un cercle rouge tracé autour de la date du jour : 24 décembre.

Je parcourus du regard la maison, le salon, le sapin vert classiquement décoré de boules blanches mais aussi cette année, une note de rouge semée par de petites suspensions décoratives or et écarlate, des notes de musique, des micro trompettes, de mini trombones, et des partitions miniatures qui annonçaient la thématique musicale de ce Noel particulier.

 

Qui serait là ce soir autour de la table et du feu de cheminée aux braises rougeoyantes dans l’âtre, savamment entretenu par le grand-père ? Enfants, petits-enfants, grands-parents et arrière-grand-mère, venus de loin pour se réunir, se réjouir et fêter Noël ensemble, musicalement cette année avec guitare et flute à l’appui, sans compter la participation oh combien sonore des plus jeunes enfants, rires et pleurs, chants et comptines.

Ce Noel promettait d’être fameusement gai, si l’on réussissait à éviter les coups de sang qui se produisent parfois dans les familles…

Le père Noël peut-être leur ferait la « surprise » de sa présence après la sonnette des voisins complices annonçant sa venue, pour que les petits se cachent bien vite, que l’on éteigne toutes les lumières, sauf celles du sapin et que le bonhomme rouge et blanc puisse déposer à son aise tous les cadeaux pour cette maisonnée.

Tout était encore tranquille à cette heure de la matinée et je sortis prendre l’air sur le balcon, avec l’idée de balayer les quelques feuilles mortes et de rêver un peu, mon regard portant loin sur le village en contre bas, avec ses petits toits orangés, son clocher et le campanile miniature, imaginant les lumières multicolores de la nuit à venir et le sang de la vie qui coulait dans toutes les veines des habitants de mon village.

Quel ne fut pas mon étonnement, en découvrant, tapi en contrebas de notre petit escalier de pierre, une forme noire, pourvue d’un long museau et de longs poils, noirs et grisonnants.

L’atmosphère était tranquille et brumeuse, et, écarquillant les yeux, je distinguai, oui, je découvris, ce qui me sembla être un drôle de chien noir, aux yeux et à la langue pendante et rougeâtres, qui me sembla bien.. oui, oui.. Être un loup et malgré mon incrédulité, je devais bien le reconnaitre, c’était LE LOUP avec ses yeux rougeoyant, et ses crocs redoutables.

Rougissante troublée, je me mis donc à chantonner

  • Loup y es-tu ?

Et j’entendis une voix grave et rauque me répondre

  • OUI JE SUIS LA

Je poursuivis tremblante

  • Que fais-tu
  • JE T’ATTENDS
  • M’entends tu ?
  • JE T’ENTENDS ET T’ATTENDS toi et les petits enfants
  • Les petits enfants, bredouillais je ?
  • OUI ! TU SAIS BIEN QUE J’ADORE LES PETITS ENFANTS, et surtout les petites filles et les grands-mères, gronda le loup en se pourléchant ses grandes babines rouges, n’es-tu pas une grand-mère d’ailleurs ?

A ce moment, le loup sauta sur la terrasse et me dévora, revêtit mon tablier et comme si de rien n’était, rentra dans la cuisine et se mit à préparer le festin de Noël à ma place.

Quel menu réjouissant, pourpre et écarlate à souhait ! Du gibier bien saignant que tous les loups et carnivores du voisinage allait lui envier.

Et pour les siècles à venir cette histoire se raconterait encore et encore dans la forêt environnante et les pays de tous les continents de la planète rouge.

Cette soirée si particulière pour ma famille, on en parla d’ailleurs longtemps dans les actualités et les réseaux sociaux.

En effet, quelques jours plus tard, suite à l’alerte d’un voisin, invité pour la nouvelle année, et trouvant porte close, les gendarmes pénétrèrent dans la maison.

Quelques notes de musique, flute et guitare résonnaient mécaniquement d’un téléphone abandonné. La maison semblait désertée.

Les lumières du sapin clignotaient encore joyeusement.

De jolis paquets cadeaux de toutes formes s’amoncelaient au pied du sapin.

Un gros cadeau au papier doré et ruban rouge trônait sur la table du salon

Mais pas âme qui vive.

Quelques trainées sanglantes ici ou là.

Lorsque l’on ouvrit le paquet, on y trouva un bel ouvrage des contes de Perrault.

Une page était marquée, dirais-je, au fer rouge, noircie, sans doute, d’un souffle fort brulant.

Mais, dites moi, Capitaine gendarme Noël, de quel conte s’agissait il ?

Le gendarme se gratta la tête

  • Hum, nous allons ouvrir une enquête. Il nous faudra vérifier s’il reste des indices sur la page marquée et noircie, de l’ADN…Le petit chaperon rouge ?

Et dans le ventre du LOUP bien repu, notre personnage préféré de cette histoire, toute la famille avec moi riait sous cape.

Chrisdottir