Comme une tache rouge au sentier de ma vie
Je t’ai vu ce matin
Premier annonciateur solitaire et discret
De champs ensanglantés
Balançant sur ta tige tu offrais au Mistral
Tes pétales tremblants
Et prêtais aux oiseaux ce chant mélancolique
Admire mon éclat
Mais ne me cueille pas
Je ne sais être beau qu’au bord de ton fossé
Tel toutes ces amours
Que tu n’as pas vécues
Deux chansons se cachent encore derrière ce texte :
Merci Chamans pour cette tache rouge poétique sur le site !
Cette modeste fleur qui pousse maintenant dans les fossés, sur les déblais, me rappelle les temps anciens où on le voyait parmi les blés.
Elle évoquait la chaleur, la richesse des épis, la saison des amours.
Il est loin le temps, comme la chanson de Mouloudji, du petit coquelicot des blés. Les désherbants ont eu ta peau…
Petite fleur modeste, fragile qui n’a pas l’arrogance de la rose que l’homme a domestiquée.
Toi tu restes indompté, tu n’as pas dégénéré comme ton grand frère, le pavot, que l’on cultive maintenant pour en extraire le suc mortel qui tue nos enfants.
Tu te contentes de mettre des taches rouges dans la nature, de présenter des pétales aux abeilles et aux autres insectes pollinisateurs.
Tu inspires aux poètes et aux compositeurs, par ta vie éphémère, la fragilité des amours…
C’est un joli texte poétique qui me rappelle la rose du Petit Prince.
Il l’aimait, il prenait soin d’elle, mais ne l’a cueillie jamais.
Admire mon éclat
Mais ne me cueille pas
Je ne sais être beau qu’au bord de ton fossé
Oui, mon cher, toutes les fleurs ne sont pas faites pour être cueillies. Certaines permettent l’admiration de tous les papillons en attendant l’être cher, le plus courtois et le plus courageux des papillons au monde.
Merci pour les chansons qui vont si bien avec ton texte.
Un poème de saison au point qu’on pourrait en faire un haïku, vraiment délicat et tellement vrai ! Merci !
Et de plus, sublimé par le si gracieux papillon de Purana. Et encore merci !
Chamans, même avant d’avoir lu ton commentaire, les quatre derniers vers m’ont irrésistiblement fait penser à cette chanson de Brassens sur ce magnifique poème d’Antoine Pol que j’ai déjà dû citer dix fois ici. Quelle mélancolie que tu colories en rouge !
La beauté passagère du coquelicot ne peut être mise en valeur dans un vase. Il ne vit que dans un paysage sauvage, au bord d’un fossé ou, bien plus intensément, comme le disait Loki, au milieu des champs dorés de blé.
Votre poésie me semble être une jolie ode écrite pour la belle fleur de coquelicot.
Merci !