(Paroles de chanson)
Fallait-il qu’il l’aimât
Pour ne point le lui dire
Il est des paradis
Que l’on ne nomme pas
Je t’aime tant je t’aime
Il ne le dira pas
Car ce sentier usé
Mille fois emprunté
Reste au pied du rocher
Où culmine l’amour
Pour la belle ascension
Les mots sont bien trop lourds
Ce sont des fruits douceâtres
Qui à peine cueillis
Vous meurent dans la main
Et donnent à l’amour
Des saveurs éphémères
Qui le trompent et le tuent
Pareils à cette pomme
Du paradis perdu
Fallait-il qu’il l’aimât
Pour ne point le lui dire
Les beaux mots sont une ombre
Et l’amour la clarté
Ces mots surnuméraires
Altèrent les caresses
Etendent leur brouillard
Sur les voies de l’ivresse
Ses regards ses baisers
S’habillent de silence
Et son amour muet
Sera le plus intense
Au langage du coeur
Il n’est point d’interprète
Roses et lys manquant
Aux fleurs de son Eden
Il eut cueilli les mots
D’un amour indicible
Dans un Eldorado
Hélas inaccessible
Fallait-il qu’il l’aimât
Pour ne point le lui dire
Il est des paradis
Que l’on ne nomme pas
Que de choses dites, écrites ou chantées sur l’amour !
Ta poésie (chanson ?) vient s’ajouter à ce florilège sur l’amour.
Les vers s’articulent harmonieusement entre les répétitions de “Fallait-il qu’il l’aimât”,
troisième personne du singulier de l’imparfait du subjonctif du verbe aimer.
Le subjonctif tant oublié dans de nombreux textes et qui pourtant donne de la noblesse aux écrits.
Quelle musique pour cette chanson ?
Léger, très délicat, souvent tellement vrai.
Mais je crois pourtant qu’il faut apprendre à dire “Je t’aime”, ne pas rester submergé par l’émotion, claquemuré dans une impuissance à dire.
Être sûr d’être aimé en regardant le fond du regard de l’autre, c’est profondément romantique, c’est vrai, mais je penserai toujours à celle qui disait : “Moi, il faut qu’on me parle !“. Tellement vrai aussi. A quoi serviraient sinon les poètes ? je vous le demande !
Un commentaire réponse un peu tardif.
Oui ce texte a été mis en musique, ainsi que d’autres, par un copain musicien poète du nom de Tonio Bastaroli. Mais je ne crois pas qu’il soit possible de mettre des documents sonores sur le site et de plus ce n’est pas l’objet, la chanson c’est un autre domaine.
L’amour et les mots, sujet inépuisable. Cette chanson a été écrite en réaction à la banalisation navrante du vocabulaire de l’amour. Le “je t’aime” qui à mes yeux devrait rester si exceptionnel est largement dévalorisé dans ce qui n’est qu’une imitation ( limitation ? ) de l’amour.
Merci Hermano et Loki pour vos commentaires.