La cousine Alice a 15 ans. Elle passe nous voir perchée sur son beau vélo. Un très beau vélo avec des garde-boue et de grandes sacoches rouges. J’attends son arrivée, je sais qu’elle vient le jeudi quand comme moi elle n’a pas école.
Au printemps quand elle pédale jambes nues et penchée en avant, mon regard se glisse entre ses seins tremblants sur les chaos du chemin et je devine le croisement de ses cuisses, même qu’un jour le vent a soulevé sa jupe très haut. C’est une image qui reste dans ma tête et je revis souvent cet instant. Je ne sais du corps des femmes que ce que j’ai pu en voir dans le Larousse et le catalogue de La Redoute, c’est un grand mystère.
Je crois que depuis ce jour je suis amoureux d’Alice, enfin sans savoir exactement ce que signifie ce mot, je l’entends parfois dans la bouche des grands, mais comme le jeudi j’attends sa venue, que mon coeur bat quand elle approche, que j’espère un petit coup de vent, je me dis que je suis amoureux.
Bien sûr elle ne le saura jamais. J’essaie de ne pas rougir quand elle me passe la main dans les cheveux et dépose un baiser sur mon front avec un beau sourire. Elle est gentille avec moi, ce sont des jeudis lumineux.
Un jour je me marierai avec Alice.
Chamans ! T’es-tu marié avec Alice ?
Ton histoire doit dater, car actuellement les jeunes ont des sources d’information plus nombreuses et plus diversifiées que le Larousse et le catalogue de La Redoute !
Malheureusement elles manquent de pureté et de poésie. Je préfère nettement tes jeudis lumineux.
Joli petit texte, plaisant clin d’œil sur les premiers émois du désir amoureux d un ado, ;)) Chamans
Bonsoir Chamans,
Les » jeudis lumineux » est un très beau texte vrai, frais, rempli de vie et de couleurs!
On imagine bien la cousine Alice perchée sur son beau vélo et le cousin tout fou qui la guette.
J’ai trouvé très amusant de voir ton texte publié à côté du mien dans lequel l’avenir de la relation entre Véro et Robin est incertaine et l’ambiance plus nostalgique. Un grand contraste!
Bonsoir Chamans
J’ai beaucoup aimé ce texte pur et frais comme l’éclaboussure d’un quartier de mandarine; il m’a renvoyé à mes jeudis dans ma campagne landaise où un sentiment de liberté m’envahissait lors de mes escapades avec mes frères à travers champs. Nostalgie quand tu nous tiens!
Hummmm, c’est bon !
Bien sûr, cette histoire gracieuse et toute en retenue me fait irrésistiblement penser à Paulette dans la chanson « À bicyclette… »
Ah ! Le Petit Larousse ! Le seul livre que nous avions la maison, depuis mes sept ans ! pour que rien ne manque à mes débuts scolaires !
Et c’est si vrai : il fallait vraiment cligner des yeux pour apercevoir un bout de sein sur la vignette de « La naissance de Vénus » de Botticelli, vignette en noir et blanc et au format tellement petit (3cm x 3cm au plus) ! Je vois encore Vénus dans son coquillage…
Quant aux dentelles de La Redoute, j’en reste encore ému, autant que par la contesse de Ségur, c’est dire.
Ah ! que tout cela fait du bien ! Merci Chamans !