La cousine Alice a 15 ans. Elle passe nous voir perchée sur son beau vélo. Un très beau vélo avec des garde-boue et de grandes sacoches rouges. J’attends son arrivée, je sais qu’elle vient le jeudi quand comme moi elle n’a pas école.

Au printemps quand elle pédale jambes nues et penchée en avant, mon regard se glisse entre ses seins tremblants sur les chaos du chemin et je devine le croisement de ses cuisses, même qu’un jour le vent a soulevé sa jupe très haut. C’est une image qui reste dans ma tête et je revis souvent cet instant. Je ne sais du corps des femmes que ce que j’ai pu en voir dans le Larousse et le catalogue de La Redoute, c’est un grand mystère.

Je crois que depuis ce jour je suis amoureux d’Alice, enfin sans savoir exactement ce que signifie ce mot, je l’entends parfois dans la bouche des grands, mais comme le jeudi j’attends sa venue, que mon coeur bat quand elle approche, que j’espère un petit coup de vent, je me dis que je suis amoureux.

Bien sûr elle ne le saura jamais. J’essaie de ne pas rougir quand elle me passe la main dans les cheveux et dépose un baiser sur mon front avec un beau sourire. Elle est gentille avec moi, ce sont des jeudis lumineux.

Un jour je me marierai avec Alice.