L’ombre des platanes est douce, le matin encore frais et la journée s’annonce légère. J’ai pris un petite avance sur notre rendez-vous et je t’attends, assis à la terrasse du café d’où tout à l’heure je te verrai approcher dans ta robe d’été. Je t’observerai traverser la rue. Peut-être le soleil jouera-t-il de ses rayons pour laisser deviner tes longues jambes, peut-être le vent s’amusera-t-il d’un petit souffle à les dévoiler au-dessus du raisonnable, juste une seconde. Peut-être m’auras-tu aperçu et me souriras-tu dès le trottoir d’en face.
Je pense déjà à notre baiser.
J’ai commandé un petit blanc, le verre est posé sur la table de marbre, ronde, blanche et tachée de lumière, il est là, à filtrer le soleil comme un gros diamant jaune. Je m’en saisis et lentement le porte à mes lèvres et suis avec délice l’itinéraire profond de sa fraîche caresse. En saluant mon palais il s’est tout de suite annoncé comme le chef d’orchestre de ce moment radieux, de cette perspective heureuse, et ses arômes ne calment pas mon désir de plonger mon regard dans le tien, de te serrer dans mes bras. Ce modeste plaisir que je savoure avec une infinie délectation me dit que la vie est belle et fait résonner en moi la délicieuse souffrance de t’attendre.
Oui la journée sera belle et comme il est merveilleux de t’espérer !
Ce texte est frais comme un verre de vin blanc !
Il met bien en exergue que l’attente est plus agréable que la concrétisation du rendez-vous.
De même que l’espoir de la possession donne plus de bonheur que la possession.
Mais ça il faut avoir beaucoup vécu pour le comprendre…
Il suffit de fermer les yeux pour goûter le charme de ce moment qui convoque la légèreté et la fraicheur, autant celles des sentiments que de celle de ce petit verre de vin blanc et de cette terrasse tranquille sous le platane.
Et comme Loki, je suis sûr que le plaisir est dans l’attente… mon côté tantrique ! 🙂
Une petite génuflexion pour “le verre … … à filtrer le soleil comme un gros diamant jaune”. Belle image qui ajoute encore de l’éclat à la scène !
Merci Chamans !
Pardon de me citer moi-même, mais en lisant ce texte et en voyant cet homme attendre à la terrasse, je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec quelque chose que j’avais écrit il y a longtemps ici. Une variante ?
Quel écrit enchanteur pour nous suggérer l’attente du rendez-vous, l’espoir…
On a l’impression de la voir arriver dans sa robe d’été !
Tout amène à la fraîcheur, à la douceur.
J’aime bien l’expression : ” la délicieuse souffrance de t’attendre…”
Merci Chamans!
Quelle merveilleuse illustration d’un instant précieux rempli d’amour et de joie.
Puissions-nous tous être bénis de plusieurs de ces moments où rien ne compte que ce verre de vin en attendant l’être aimé.
Oui, c’est vrai qu’il est beau ce texte ! Il ravive en nous le souvenir de l’attente, ce supplice délicieux…
Merci à toi !