Elle attend sur ce mot. C’est celui qu’elle a choisi pour on ne sait quelle raison, elle aurait pu en élire quantité d’autres présentant les mêmes caractéristiques, les mêmes difficultés d’accord ou de conjugaison, mais non c’est sur ce mot là qu’elle a tendu son piège, pour l’entacher de son hideuse présence.
Vous, vous passez vite, sans le moindre soupçon, votre pensée bondit elle est déjà plus loin.
Puis vous vous relirez sans la repérer et pourtant elle est là, aussi grosse qu’une maison, mais comme ces immeubles familiers qu’en sortant de chez soi on longe tous les jours sans les voir.
Et ce sera le clic fatidique, vous enverrez votre message ou posterez votre texte.
Plus tard, pour une raison ou une autre, vous aurez à y revenir, et là, vous ne verrez qu’elle !! Putain !! Et le mot est choisi car c’est sans aucune retenue qu’elle se sera impudiquement offerte à vos lecteurs, restés dans un silence gêné.
Ce sera comme une tache sur le front, une marque indélébile, qui vous poursuivra au moins jusque dans la tombe, comme l’oeil de Caïn !!
Décidément Chamans tu es en état de grâce. Après « Mettre la charrue dans les orties » (https://www.oasisdepoesie.org/ecrire-ensemble/jeux-decriture/daisy/droles-dexpressions/) tu nous proposes “La faute d’orthographe“.
Qui ne peut pas être sensible à son texte ? Tout au moins le rédacteur consciencieux, dont c’est la hantise ! Chacun se souviendra des multiples relectures d’un texte où tu l’écris si bien “elle est là, aussi grosse qu’une maison, mais comme ces immeubles familiers qu’en sortant de chez soi on longe tous les jours sans les voir”. Mais il est écrit dans la bible “Ils ont des yeux et ne voient pas”.
Qui n’a pas connu cette angoisse primale, quand, après avoir envoyé son texte sur les réseaux la “faute” est impudiquement offerte à aux lecteurs.
C’est à cet instant que le mot “irrémédiable” prend tout son sens. Pour le rédacteur honteux, elle s’assimile presque à la réaction d’une personne devant la mort d’un proche. Irrémédiable…
Certes les anciens nous conseillaient de tourner notre langue sept fois dans la bouche avant de parler, mais les paroles s’envolaient. Il a fallu les moyens technologiques modernes pour qu’elles restent en mémoire. Notre société médiatique ne pardonne plus rien.
Comme tu l’écris en conclusion : ce sera comme une tache sur le front, une marque indélébile, qui vous poursuivra au moins jusque dans la tombe, comme l’œil de Caïn !!
Merci pour cette allégorie de la faute d’orthographe, sournoise, moqueuse, maligne, dévergondée… Elle déjoue même les protections des relecteurs de la presse et de l’édition. Je l’imagine représentée sur une fresque au plafond d’une prestigieuse maison de presse ou d’édition. À titre d’avertissement et d’appel à la vigilance. Ça aurait de la gueule, non ?
Ton style coule avec fluidité, c’est très agréable à lire.
On va tout de même pas poli Mickey pour 2 ou 3 petites fautes de rien du tout ! Encore un combat d’arrière-garde, non ? Oui, je me sens un peu d’arrière-garde et ça m’énerve encore plus !
Vous pouvez jeter un coup d’œil sur “Bescherelle ta mère”, ça peut au moins contribuer à vous faire rire…
Merci Chamans, de nous faire partager ces transes surannées de l’indélébile faute d’orthographe ! (Ben, tiens, heureusement que j’ai le correcteur, j’avais fait la faute à “surrané” ! Pfff !)