Quelques mots gribouillés “Sur l’écran noir de mes nuits blanches”
Les noeuds de serpents humides crachent de noires angoisses
Amplifiées
Prisonnières infernales de mon crâne battant
Et qui tournent et qui tournent en ma tête agitée sur l’oreiller hostile
Retenues par les rideaux mouvants de mes paupières multicolores
Qui occultent la houle tranquille
L’océan de douceur et de sérénité
Qui vous dépose au matin reposé
A la rive d’un jour nouveau
Immersion refusée
Er le matin viendra avec toutes ses aiguilles.
Quelle belle impro sur la chanson de Nougaro.
J’aime aussi l’incipit “les noeuds de serpents humides qui crachent” Brrr… et qui m’évoquent les vers de Racine “Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?”.
J’aime la personnification les oreillers hostiles, la comparaison les rideaux mouvants des paupières multicolores.
L’immersion refusée sonne comme un ordre de marine. On est dans un registre très différent de l’aube enrubannée d’étoiles que Jean-Pierre nous proposait la semaine dernière, et j’apprécie d’avoir les deux !
C’est de la prose poétique comme je l’aime : des contenus profonds, des images originales et des moments douloureux d’insomnie savamment esquissés sans exagération.
Je trouve ce texte impressionnant et assurément, le coup de patte de Chamans. Bravo !
Petit texte qui transcrit merveilleusement les maux nocturnes de nos contemporains insomniaques. Il n’est que de voir la multiplication des publicités qui vantent les bénéfices des médicaments, des tisanes, des gélules, etc. qui garantissent un sommeil réparateur…
Est-ce une expérience vécue ? Si oui je te plains !
Chamans une chaine s’ouvre peut-être ?
Ton texte m’a inspiré un haïku :
Perfide insomnie
Prisonnière de mon crâne
Calme refusé
Je trouve “l’oreiller hostile” et les “paupières multicolores” vraiment poétiques, et j’ai beaucoup aimé le matin qui viendra avec toutes ses aiguilles.
Oui, pour moi, ce sentiment d’oppression est vraiment bien rendu dans ce bref poème, et j’y ressens comme un effet de zoom avant : depuis les nœuds de serpent et les noires angoisses lancés sur la première ligne on plonge dans mon crâne battant, ma tête agitée, mes paupières multicolores, et l’on repart en zoom arrière, comme pour mettre cette oppression à distance et sortir de la nuit en s’adressant au lecteur : qui vous dépose au matin reposé (belle allitération au passage !)
Après une promesse d’apaisement, les deux derniers vers semblent rebondir vers d’autres angoisses.
Une réussite, je trouve. Merci Chamans.
Merci pour vos aimables commentaires. Hélas oui cher Loki, c’est du vécu ! Rien dans ce que j’ai écrit n’est exagéré et le matin est une libération, même si l’on sait que la journée sera dure !
Tu bois ton café
Conjures le noir
Et sors pour mener
Une autre bataille (Hermano)
Quand tournent terribles les torons en spirale de nos démons intérieurs.