Lancinante voix qui sourd en moi du profond des âges, chargée de prudence et de sagesse, solide certitude étayée par le temps et l’autorité des vertus ancestrales.
« Reste chez toi !
Méfie toi du vaste monde, tu n’épuiseras jamais les ressources du pays qui t’a vu naître, ne cherche pas à être un autre, enracine toi, ne fuis pas et
cultive ta terre, une vie n’y suffira pas »
Oui ! Oui ! je t’entends, tu me déchires et je suis tenté de te céder, il est dur de quitter son pays et ceux que l’on aime.
C’est ici que j’ai connu le jour et jamais je ne pourrai l’oublier, mes horizons seront à l’aune de mes racines. Il ne peut en être autrement et comment pourrais-je les couper ?
Mais si partir c’était renaître !
J’ai besoin de chemins inattendus, de lendemains imprévisibles.
Et qu’y a-t-il d’interdit dans l’ivresse de l’ailleurs ? Dans cette violente renaissance aux fleurs du jardin inconnu ?
Il y aura des épines je le sais et des choix périlleux mais se ranimera en moi la douce et tranchante morsure de la vie.
Je laisse la sagesse du sédentaire pour celle du voyageur
qui s’éclaire à la lumière de mondes nouveaux.
C’est décidé ! Je pars !
Mais sois tranquille, je t’emporte avec moi.
Voici un texte à la fois actuel et de tous les temps. C’est ce désir de voir ce qui existe « ailleurs » qui a permis Christophe Colomb de découvrir l’Amérique, aux hommes de poser le pied sur la Lune.
Aujourd’hui c’est ce même désir qui pousse des volontaires à s’entraîner pour aller sur Mars.
Bien entendu, souvent, se superposent à ce désir « d’ailleurs » des raisons économiques.
Ce sont elles qui ont poussé les Homo sapiens à se déplacer pendant des millénaires à la surface du globe.
Ce désir « d’ailleurs » a été bien résumé par les anciens, par l’adage : « l’herbe semble plus verte dans le champ du voisin ».
Mais, Chaman, ton texte le souligne bien, on ne se coupe pas facilement de ses racines.
N’est-ce pas une illusion de croire qu’on les emporte avec soi ?
Quant à moi, j’aime imaginer que la mort n’est que la renaissance dans un monde différent où l’on attend calmement et patiemment l’arrivée de l’être aimé.
Merci Chamans pour cette prose que je trouve assez poétique.
Tu me donnes l’envie de publier une énième de mes lettres d’amour inédites.