Lancinante voix qui sourd en moi du profond des âges, chargée de prudence et de sagesse, solide certitude étayée par le temps et l’autorité des vertus ancestrales.
« Reste chez toi !
Méfie toi du vaste monde, tu n’épuiseras jamais les ressources du pays qui t’a vu naître, ne cherche pas à être un autre, enracine toi, ne fuis pas et
cultive ta terre, une vie n’y suffira pas »
Oui ! Oui ! je t’entends, tu me déchires et je suis tenté de te céder, il est dur de quitter son pays et ceux que l’on aime.

C’est ici que j’ai connu le jour et jamais je ne pourrai l’oublier, mes horizons seront à l’aune de mes racines. Il ne peut en être autrement et comment pourrais-je les couper ?

Mais si partir c’était renaître !

J’ai besoin de chemins inattendus, de lendemains imprévisibles.

Et qu’y a-t-il d’interdit dans l’ivresse de l’ailleurs ? Dans cette violente renaissance aux fleurs du jardin inconnu ?
Il y aura des épines je le sais et des choix périlleux mais se ranimera en moi la douce et tranchante morsure de la vie.

Je laisse la sagesse du sédentaire pour celle du voyageur
qui s’éclaire à la lumière de mondes nouveaux.

C’est décidé ! Je pars !

Mais sois tranquille, je t’emporte avec moi.