Cher Greg,
Ton message m’a bouleversée.
Enfant, tu te heurtais à toutes les arêtes,
à tous les aiguillons.
Longtemps tu as rêvé d’un monde harmonieux,
tu avais espéré une vie plus tranquille
tu souhaitais la paix
et qu’autour de la terre,
en une immense ronde,
tous soient réunis.
Puis le temps a passé…
Les heurts, les conflits
te foutaient le cafard,
Tu portais les soucis,
tu souffrais des échardes.
Aujourd’hui, tu es triste,
tu te sens prisonnier.
Non, Greg,
la vie n’est pas harmonie,
l’existence n’est pas justice et bonté !
Cependant, mon ami,
malgré les échecs, les chagrins, les épines,
tu peux tisser ta toile,
tu peux créer des liens,
tu peux peux vivre, Greg,
et respirer !
Merci Nima pour ce texte mais j’ai peut-être manqué une étape ? La narratrice parle d’un message qui l’a bouleversée ? Greg et Nicole font-ils allusion à un texte précédent ou à un événement / ouvrage connu ? Pourrais-tu me préciser le contexte, pour que je puisse mieux comprendre ton intention s’il te plaît ?
Merci Nima !
Bonjour Line,
Merci d’avoir lu mon petit texte.
Tu n’as rien manqué en ce qui concerne la lettre ; il n’y a pas d’allusion ni à un texte,
ni à un ouvrage, ni à un événement précis.
Il est question de la période de vie très pénible pour Greg, un ami de longue date de Nicole.
Il lui a envoyé un SMS où on lit un très grand désarroi; elle lui répond.
NB : SMS= texto
Merci Nima,
J’avoue que je me suis sentie “parachutée” dans le texte. Je ne sais pas ce qu’en pensent les autres lecteurs mais j’aurais bien aimé une petite intro, soit le SMS de Greg soit une phrase introductive a minima. Cela m’aurait permis de mieux goûter ce texte plein d’espérance.
Cet échange me conforte dans mes convictions que le ressenti d’un texte dépend en grande partie du lecteur.
Que le message ne soit pas explicité au début de cette poésie(?) ne me gêne absolument pas ! Il me semble que son contenu est sous entendu dans la première partie et qu’il devait évoquer le mal vivre de Greg. Greg fait partie de ces hommes qui sont mal dans leur peau et qui au lieu de faire comme le roseau de la fable et de se plier pour rebondir ensuite, subissent les événements de la vie en devenant à chaque fois plus aigri.
Par principe je préfère dans les textes les parties suggérées qui laissent au lecteur le loisir de bâtir leurs propres idées, que les paragraphes où tout est explicité en détail.
Bonsoir Line, bonsoir Loki,
Tout d’abord, je vous remercie d’avoir lu ma lettre et d’avoir donné un avis à ce sujet.
Mon intention était d’écrire des paroles encourageantes à quelqu’un qui, à la suite d’une
enfance difficile, et d’échecs successifs dans plusieurs domaines, se trouvait ” au bout du rouleau”.
J’ai cherché à donner à ces mots une forme plus ou moins “poétique”.
Peut-être que ce texte parait être envoyé d’un nuage ou de Mars (qui sait?)
C’étaient mes pensées du weekend dernier.
Vos deux commentaires, à mon avis, montrent comme chacun est différent.
Et c’est toute la richesse des humains.
Je vous souhaite une bonne soirée et des écrits passionnants….
J’ai bien aimé ce texte que j’ai trouvé très réaliste et sensible. La présentation sous forme de poème permet de distiller chaque parole dans un souffle, comme une confidence.
Je n’ai pas été gêné par l’absence de préambule, et j’ai ressenti dans ces paroles (ou cette lettre) d’abord une sorte de nostalgie, puis un désir de soutien à quelqu’un qui vient de subir un deuil, qui doit faire son deuil de quelque chose. Je dirais même que “à bientôt – Nicole” – peut-être nécessaire pour engager Greg à ne pas se lancer tout de suite par la fenêtre – m’a fait atterrir, lancé comme je l’étais dans l’imagination de ce que pouvait être et vivre Greg. C’est pourquoi je trouve que ces deux dernières lignes, bien que parfaitement réalistes et utiles dans cette situation, ne me sont pas indispensables en tant que lecteur.
Ceci dit, techniquement parlant, ce message manifeste d’abord une belle empathie envers Greg, mais je doute que la fin, remplies d’assertions (la vie n’est pas harmonie,…) et d’injonctions (tu peux, tu peux…) soit bien de nature à aider ce bonhomme, cela malgré sa belle générosité. C’est pourtant ce que l’on dit toujours.
Comme les textes évoquent souvent pour moi des chansons et que je sais où réside Nima, ce texte et cette détresse m’ont fait penser à une chanson de Jacques Brel : Jeff. Enjoy : “On ira manger des frites et puis des moules,… Fais bouger ta carcasse… Viens, viens… tu imiteras le rossignol… comme quand on était beaux…”
Merci à tous pour vos commentaires. La poésie de Nima a bien “fonctionné” puisqu’elle a permis à nombre d’entre nous d’exprimer des ressentis divers et nuancés.
Puisque j’ai mieux compris ton intention d’auteur, Nima, je me permets de t’exprimer ce que j’ai imaginé comme réponse de Greg, à titre d’échantillon de ce qu’un lecteur peut ressentir.
Chère Nicole,
Échecs, chagrins, épines,
Tu as mis les mots sur mes maux.
Échecs, chagrins, épines,
Qui transpercent ma peau
Toi mon amie, ma seconde mère,
Tu adoucis les souvenirs amers,
Tu émousses les clous dans mes chairs,
Du fil du rasoir, tu me libères
Échecs, chagrins, épines,
Derrière cette crucifixion,
Je sais que tu devines
Ce qui se cache sous ces noms
Merci d’avoir tissé pour moi,
Cette corde de rappel vers la vie,
Je ne peux dire que l’avenir me sourie
Mais grâce à toi, je le vois.
Greg
Merci Hermano pour ce commentaire positif.
J’ai supprimé les deux dernières lignes, peu utiles et qui cassaient peut-être “l’ambiance”.
Je pense que tu as raison quant à l’inefficacité de certains discours, malheureusement, dans la pratique.
Merci pour nous avoir rappelé “Jef”.
C’est vrai qu’on peut voir une ressemblance entre les deux hommes.
Cette chanson me touche encore plus aujourd’hui parce que j’écoute les paroles avec plus d’attention; quel artiste, ce Brel!
Merci Line pour ta volonté de comprendre.
Et pour ce poème-réponse, plaisant écho à ma lettre.
Merci Nima, d’avoir accédé à ma demande. Tu n’y étais nullement tenue : je ne suis pas le maître des horloges. Rires !
Mais… c’est vrai que je préfère le texte comme cela, car je trouvais que cette conclusion le “banalisait” trop. Goût personnel, peut-être.
Et, oui, j’ai moi aussi mieux écouté les paroles de Brel. Un déchirement magistral ! Que des mots si simples…