Se coucher de bonne heure…
– “Longtemps, je me suis couché de bonne heure” !
Mais qu’est-ce qu’on en a à foutre, Marcel, que tu te sois couché de bonne heure !
Tu crois qu’avec une intro pareille, ça va donner au lecteur l’envie de s’en taper 2400 pages ?
Hein ? Je te le demande, Marcel !
C’est comme si moi je commençais en disant qu’enfant, j’avais toujours mon petit pot bleu
au pied du lit pour faire pipi la nuit… Tu vois ?
Et le titre, alors : À la recherche du temps perdu… Gnagnagna gnagnagna.
On va pas aller loin avec ça !
Un mois plus tard.
– Pantois, mon Marcel, j’en suis resté pantois ! Pends-toi et repends-toi me disais-je !
Mais c’est un chef d’œuvre ! Il faut que tu repasses me voir. Comment te dire à quel point
j’ai apprécié cette langue à la fois souple et épaisse, ces longues phrases qui enroulent
avec tellement de talent ces imparfaits du subjonctif tellement kitch et que j’adore.
Oui, À la recherche du temps perdu va traverser les âges, j’en suis sûr ! et je suis prêt,
mon Marcel, à te publier !
Oui, je me permets de t’appeler mon Marcel, mais ne va pas quand même te faire des idées,
ce ne sera pas avec moi…
J’en reviens à ton “Longtemps, je me suis couché de bonne heure…” Finalement, j’adore
cette façon d’évoquer la banalité qui me rappelle les meilleurs Carver ou Brautigan.
C’est comme le coup de la madeleine, une réussite, un coup de maître !
Bon, là, il faut que j’y aille, mais surtout passe me voir dès que possible.
Et… à propos… tu continues à te coucher de bonne heure ?