Giardino all’italiana
Senteurs subtiles sous les paravents de toile,
Pergolas, claustras volubiles
Étranges forêts de lichens
Impénétrables et froides
Septentrion de taïgas
Profusion de fleurs de porcelaine
Enfiévrées aux vibrants colibris
Arbres à pains, gommiers insensés
Sages allées sous l’ombrage
Des tilleuls centenaires
Subtils parfums d’antan
Rangées bien ordonnées de légumes
D’avant Archimboldo
Savoureuses racines, bulbes improbables
Moissons d’or poudrées
De coquelicots si tendres
Au fond de ces étés songes d’enfance
Archétype de l’éphémère
Mon jardin secret change avec les saisons
Toi,
Tu le cultives
Légèreté de zéphyr, assurance de forgeronne
Au creux des vignes chaudes
Tu prodigues des ivresses de lézard
En brassées d’herbes folles
Ton rire de sauterelle me digère doucement
Ou alors morne plaine
Tu joues l’exigeante boudeuse
Recluse en brouillard d’hiver
Dans tes replis d’amour en cage
Plus encore, inaccessible, mystique
Tu te caches parmi les cactus
Aux fleurs improbables
Que tu nourris d’un sein de Marie-Madeleine
Sentinelle enlacée à la liane volubile
Tu gravis mon désir jusqu’à cette canopée
Où tu décroches tous les soirs ces ciels mauves
Pour lancer la nuit sur nos étreintes de colosses
Mon jardin secret
Change avec tes saisons