Texte issu de l’atelier en ligne “Drôle d’endroit pour une rencontre”
Il s’appelait Ange.
Elle s’appelait Aurore.
C’était un matin au Tréport.
Ange rentrait du port.
Il avait pêché toute la nuit.
Aurore rentrait à bon port.
Elle avait dansé toute la nuit.
Ange et Aurore étaient bien fatigués.
Sans rien calculer et dos à dos,
Ils s’assirent sur le même banc.
Ils ne remarquèrent même pas
La présence l’un de l’autre.
Aurore regardait le porche de l’église.
Les dentelles de pierre
Faisaient voleter ses pensées
Sur les ailes des anges sculptés.
Emportée par son imagination,
Elle s’exclama : Oh, bel ange,
Comme tu as l’air mystérieux.
Perdu dans ses pensées,
Ange admirait l’aurore
Et son aube rose de communiante.
C’était un matin calme
Et le soleil caressait sa joue.
Belle aurore, tes caresses sont douces, parole d’Ange !
À ces mots, Aurore sursauta.
Elle devait être bien fatiguée
Pour entendre des voix !
À moins que cette béatitude
Fut le signe qu’elle était en paradis ?
À cette pensée, elle bondit comme un ressort
Et compris que ce n’était pas l’heure de la mort.
Ainsi dégrisée elle se retourna
Et découvrit un marin à la gueule d’ange.
Sa surprise fut sans mélange.
Comment expliquer cet échange ?
Est-ce vous qui m’avez parlé ?
Et comment savez-vous mon nom ?
Ange ahuri ouvrit les yeux
Et se perdit dans un regard violet.
« J’ai parlé ? Ai-je dérangé ?
Je ne vous avais pas vue.
Pardon ! Je m’appelle Ange
Et je rêvais à l’aurore ».
Je suis là ! répondit la belle.
Cela vous paraîtra étrange,
Mais je m’appelle Aurore.
Et vous êtes donc un Ange ?
À ces mots, ils rirent très fort.
Ils se marièrent à la Saint Amour.